Passer au contenu principal
Actualités
28 mar. 23
Cambodge

A Phnom Penh, deux volontaires engagées pour la réussite des étudiants francophones

Julie et Morgane sont toutes les deux volontaires engagées en service civique, respectivement à l’Institut de Technologie du Cambodge et à l’Université Royale de Droit et des Sciences Economiques de Phnom Penh, pour soutenir les étudiants de leurs filières francophones. Entre langue française, rencontres interculturelles et découverte du pays, elles reviennent sur leurs missions pour France Volontaires à l’occasion de la Semaine de la Francophonie.

Pouvez-vous vous présenter et présenter vos missions ?

Julie : Je m’appelle Julie, j’ai 23 ans et je suis actuellement en service civique pour l’ECAM LaSalle au Cambodge pour 10 mois. L’ECAM LaSalle est une école d’ingénieur française qui a ouvert un diplôme au Cambodge au sein de l’Institut de Technologie du Cambodge (ITC). Cela permet à des étudiants cambodgiens de suivre un double diplôme en anglais et de faire un semestre en France, à Lyon dans les locaux de l’école.

Durant cette année, j’appuie l’équipe sur les activités d’enseignement du français, d’organisation d’activités culturelles mais aussi de développement du réseau de partenariat de l’ECAM Phnom Penh avec les institutions sur place afin de promouvoir la francophonie.

Morgane : Je m’appelle Morgane, j’ai 25 ans, je suis d’origine franco-marocaine et je viens de région parisienne. J’y ai effectué une licence de gestion, puis un premier master en stratégie internationale et enfin un second en management de la RSE. Après l’obtention de mon diplôme, je souhaitais changer d’air et d’horizons. Je me suis intéressée au dispositif du Service Civique et finalement, mon choix s’est porté sur une mission au Cambodge : animer et dynamiser le pôle francophone d’une université. Je suis donc actuellement en soutien à l’Espace francophone de l’Université royale de droit et des sciences économiques (URDSE) de Phnom Penh pendant 9 mois.

Dans le cadre de cette mission, j’organise notamment des évènements autour de la culture francophone et khmère : visites de musées, visite de l’Institut français du Cambodge, projections de films en langues françaises, etc. Je soutiens aussi les étudiants dans leur orientation, notamment pour effectuer des masters en France (préparation aux examens du DELF, candidatures pour les bourses du gouvernement français, pour des masters en France). Enfin, je travaille à faire venir les étudiants dans l’espace francophone de l’URDSE afin de le dynamiser, d’y organiser des activités, de donner envie aux étudiants de discuter en français.

Avec qui travaillez-vous au quotidien ?

M : Au sein de l’URDSE, je travaille avec les étudiants des deux licences francophones d’économie et de droit. Au total, cela concerne près d’une centaine d’étudiants. Les économistes étudient majoritairement en anglais avec néanmoins plusieurs matières en français, tandis que les juristes étudient presque exclusivement en français. Ils ont tous 6h de cours de français par semaine. La plupart d’entre eux entrent en 1ère année de licence avec un niveau débutant. Certains viennent de lycées français, mais cela ne représente qu’une petite minorité. Ainsi, sur la centaine d’étudiants dont je m’occupe, la plupart ont un niveau A1 et A2 en français, une vingtaine ont un niveau B1-B2 et une dizaine d’étudiants sont déjà bilingues français-khmer.

Les étudiants viennent à l’Espace francophone où se trouve mon bureau pour plusieurs raisons : poser leurs affaires, siroter une boisson, faire leurs devoirs, lire un livre, discuter entre eux et/ou avec moi également. Cet espace est en quelque sorte une salle de permanence réservée en priorité aux élèves des filières spéciales d’économie et de droit. Quand les élèves viennent me voir, c’est souvent pour discuter en français de tout et de rien, me poser des questions sur ma journée ou mon week-end, me dire les nouveaux mots qu’ils ont appris.

Je pense que ma présence leur permet d’avoir un rapport moins “scolaire” et plus familier français. Je leur demande de m’appeler par mon prénom (et non “madame”) et j’essaie de créer des liens cordiaux voire amicaux avec eux. En faisant cela, j’espère leur donner envie de venir me parler, de pratiquer et améliorer leur français, de participer aux activités que j’organise et de les motiver à postuler pour les bourses et masters français.

Morgane avec des étudiants à la rentrée des classes à l’Université Royale de Droit et des Sciences Economiques

J : Je travaille principalement avec l’équipe auprès de nos étudiants. Chaque semestre, nous accueillons aussi des Français venus de Lyon en échange à Phnom Penh. Cela favorise les échanges interculturels et renforce indéniablement les liens entre étudiants.

Une partie de ma mission concerne l’enseignement du français car nos étudiants doivent acquérir le niveau B1 durant leur cursus. Je les aide donc en ce sens, avec des exercices et des activités hebdomadaires afin de les préparer du mieux possible. Certains l’ont d’ailleurs déjà atteint !  Nous travaillons aussi sur la communication orale afin de faciliter leur future arrivée en France.

Au-delà de l’aspect « scolaire », j’essaie aussi de leur faire découvrir la francophonie lors d’activités culturelles. Nous nous sommes par exemple rendu plusieurs fois à l’IFC pour découvrir les expositions ou pour se rendre à la médiathèque. Nous avons aussi participé au concours de chanson française organisé par l’IFC, visiter plusieurs musées, ou encore organiser des week-ends ou des repas partagés avec les étudiants français, afin de favoriser les échanges interculturels.

L’ECAM a aussi à cœur l’engagement associatif de ses élèves. C’est pour cela que chaque élève doit réaliser 25h de volontariat durant ses études. Ainsi, nous nous sommes rendus à PSE ou encore à l’ONG Taramana afin d’inciter nos élèves à s’engager. La plupart d’entre eux ont réalisé des missions d’enseignements de l’anglais, ou d’encadrement au sein de ces ONG.

Finalement, ma mission ne se cantonne pas à la salle de classe, mais à une multitude d’activités permettant la découverte de la francophonie.

Les étudiants de Julie visitant une exposition de l’Institut français du Cambodge

Pourquoi avez-vous choisi de vous engager pour la francophonie au Cambodge ?

J : A la fin de mes études, je souhaite devenir professeur, je cherchais donc à découvrir plus concrètement ce milieu lors de mon année de césure. De plus, l’Asie du Sud-Est, et plus particulièrement le Cambodge était une destination qui attisait ma curiosité. J’avais à cœur de découvrir un pays où la culture est très différente de ce que je connaissais jusqu’à présent. Ainsi, cette offre proposée par l’ECAM était une formidable opportunité et m’a permis de m’engager dans la francophonie au Cambodge.

M : J’ai choisi cette mission au Cambodge pour 3 raisons. Premièrement, je souhaitais quitter l’Europe sur une longue durée. Cette mission en Asie du Sud-Est, continent sur lequel je n’avais jamais posé les pieds, me semblait être l’occasion rêvée de sortir de ma zone de confort et découvrir de nouvelles cultures : celle du Cambodge et celles de l’Asie du Sud-Est plus généralement.

Deuxièmement, j’ai choisi cette mission au sein de l’URDSE spécifiquement car j’ai moi-même effectué 5 ans à l’université, dans un cursus de gestion-économie-droit. Je souhaitais donc pouvoir partager mon expérience avec les élèves et les aider dans leur orientation, dans leurs candidatures et dans leurs choix de masters en France.

Enfin, j’avais très envie de partager mes connaissances sur la culture française aux élèves, leur donner envie de s’y intéresser à travers diverses activités (art, cuisine, cinéma, discussions…), les motiver à persévérer en français et à potentiellement étudier en France.

Enfin, qu’espérez-vous retirer de ces expériences ?

M : Je n’avais pas d’attentes spécifiques avant d’arriver au Cambodge, outre l’envie de partir loin de France. Cependant, cette expérience m’a énormément apporté depuis 6 mois. Elle m’a prouvé que j’étais capable de partir seule “à l’autre bout du monde” et que je pouvais me débrouiller seule. Par ailleurs, elle m’a confirmé mon envie de continuer à parcourir le monde et découvrir d’autres continents, pays et cultures, en y restant et en y travaillant sur du long-terme notamment.

J : Cette expérience, est je pense un des plus gros défis que j’ai eu à relever jusqu’à maintenant. Lors de ma mission, je me suis retrouvée pour la première fois face à une vraie classe. Devoir participer à la construction des cours et d’un programme m’a beaucoup appris. Cela n’a fait que renforcer mon désir d’enseigner dans ma vie professionnelle future.

J’ai aussi pu découvrir un pays magnifique, où l’accueil et la gentillesse des Cambodgiens ne cesse de me surprendre. Il est sûr que je retirerai de cette expérience une plus grande ouverture d’esprit, plus de maturité et surtout une réelle capacité d’adaptation. Je pense sincèrement que ces quelques mois au Cambodge m’auront beaucoup plus appris sur moi-même que ces dernières années en France. S’il m’était donné la chance de réitérer une telle expérience, je signerais sans hésiter !