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Publication Sur le terrain
19 déc. 23
A l’international
Afrique
Cameroun

Gabriella, volontaire auprès du Musée national du Cameroun

Gabriella est actuellement en mission au Cameroun depuis le mois d’août 2023 au sein du Musée national à Yaoundé. Elle participe, entre autres, à la rédaction de propositions d’actions à mener au musée sur les cinq prochaines années.

« Au-delà de l’aspect professionnel, ma mission au Cameroun est une vraie opportunité de sortir de ma coquille. J’apprends aussi beaucoup de choses sur moi-même. »

  • Quel est ton parcours ?

J’ai 26 ans, et mon parcours est marqué par une sensibilité artistique car après mon bac en design, j’ai exploré le domaine de la joaillerie avant de me réorienter vers une licence en histoire de l’art. Aujourd’hui, je suis diplômée de l’Ecole du Louvre en muséologie.

  • Pourquoi as-tu souhaité t’engager dans une mission de volontariat ?

Pour moi, le volontariat est un choix fort de se mettre au service d’autrui, un acte motivé et délibéré qui a un impact sur le terrain. Je pense que c’est de ce mélange d’action et de service que vient ma volonté d’engagement.

De manière générale, cela a été au cœur de ma vie de jeune adulte : j’ai été jeune fille au pair, chef d’unité dans le scoutisme, Jeune du Chemin-Neuf au service des week-ends et activités de cette communauté religieuse, bénévole en restauration du patrimoine et animatrice en service civique dans un patronage.

J’ai donc été ravie de pouvoir allier mon domaine professionnel, les musées, au volontariat.

Étude des registres d’inventaire pendant le chantier des collections

 

  • En quoi consiste ta mission ?

J’ai la chance d’être volontaire du solidarité internationale (VSI) au Musée national du Cameroun, en appui à la redynamisation des parcours de visite. Cette mission consiste à réécrire l’histoire transmise dans et via l’espace du musée : quels objets, œuvres ou dispositifs pour faire passer quel message, transmettre quel récit ?

Je dois intégrer une première version de ce scénario au projet scientifique et culturel du Musée national. C’est un document opérationnel, comme une feuille de route ou un business plan, mais calibré pour une institution culturelle et que le musée est en passe d’adopter. Il m’a été demandé d’étendre ma réflexion sur l’ensemble du document. J’écris donc actuellement des propositions d’actions à mener au musée sur les cinq prochaines années. Il me faut garder en tête la faisabilité de chacune et leurs articulations les unes avec les autres.

  • Concrètement, comment se déroulent tes journées ?

Bien sûr, cet exercice ne peut pas se faire seul : je discute énormément avec les agents de leurs objectifs propres et de leur vision du musée. Je passe aussi une partie de ma semaine à travailler sur les collections. Je participe au chantier des collections en cours, c’est-à-dire à l’étude des collections, au récolement et à l’inventaire des objets. Dans le cadre de mes activités, j’assiste aussi Expertise France dans la réalisation des recommandations visant à assainir et à aménager les réserves et les espaces d’exposition. Enfin, la partie de mon travail que je préfère, avec ma mission de scénarisation, consiste à coordonner la conception d’une exposition qui se tiendra au Musée national en juillet prochain.

J’ai eu la chance de pouvoir rencontrer les acteurs français du projet, avant mon départ pour le Cameroun, en participant à une journée d’étude au musée d’Angoulême, partenaire de l’événement. Mon rôle consiste à faire la liaison entre les nombreux acteurs du projet, plus d’une vingtaine pour la seule phase de conception (les personnes qui réfléchissent au contenu, à l’histoire racontée).

Je veille à ce que les informations soient partagées et les délais respectés. J’organise les réunions, rédige les compte-rendus et les documents du projet (note d’intention, contrats, rétroplanning). La gestion de projet culturel c’est une première pour moi, mais j’aime beaucoup cet aspect de mon quotidien.

Réunion avec l’équipe chargée de la conservation

 

  • Qu’as-tu appris ?

 J’ai récemment pris part à une formation en régie des expositions qui m’a beaucoup apportée. J’ai maintenant une meilleure idée de la manière dont je dois penser et organiser la prise en charge des œuvres pour l’exposition que je coordonne (demande de prêt, préparation au transport, constat d’état, etc.).

J’apprends donc énormément au niveau professionnel : je n’avais jamais travaillé dans des réserves, ni géré un projet de la taille de celui de l’exposition avec le musée d’Angoulême avant !

Au-delà de l’aspect professionnel, ma mission au Cameroun est une vraie opportunité de sortir de ma coquille. J’apprends aussi beaucoup de choses sur moi-même. Certaines de mes convictions se renforcent, d’autres vacillent et changent. Je découvre une facette du monde qui m’était jusqu’à présent inconnue et, même si je n’adhère pas à tout ce que je rencontre, l’expérience en elle-même est incroyable !

En termes de transmission, c’est avant tout mon caractère et mon enthousiasme qui ont un impact. Sur mon lieu de travail, je partage principalement mes idées et mon énergie. Je propose la documentation et les ressources en ma possession tout en gardant à l’esprit que la majorité des textes ont été écrits dans et pour un contexte européen. J’apporte une vision différente, parfois un peu décalée, parfois carrément à côté de la plaque, mais je n’impose rien, sauf un sourire.

Gabriella et ses collègues dans les réserves

 

  • Une anecdote à raconter ?

Les premières semaines au Musée national ont été le théâtre de conversations surréalistes avec mes deux collègues camerounais en service civique : nous avons débattu à bâtons rompus de nos visions du mariage, de la place des hommes et des femmes dans la société, au foyer comme au travail. Cela a été une sacrée entrée en matière ! (rires)

  • Ton meilleur souvenir depuis ton arrivée ?

Mon premier cours de danse : c’était la première fois que je me suis sentie profondément acceptée et bienvenue, sans aucune prise en compte de ma couleur de peau ou de mon sexe. Et ma mémoire reste marquée par les magnifiques couchers de soleil de Kribi lors de la réunion annuelle des Volontaires.

  • Un conseil aux futurs volontaires ?

Prenez votre temps. Pour vous installer, pour connaitre vos collègues, pour commencer à sortir en douceur, pour appréhender vos limites et les nouveautés qui s’offrent à vous.