Inde – Paroles de volontaires pour la journée internationale des droits des femmes : Alice
La journée internationale des droits des femmes est une journée d’unité, de célébration, et de réflexion. C’est aussi l’occasion de se mobiliser en faveur des droits des femmes, de leur autonomisation et de leur participation au volontariat de demain afin d’assurer l’égalité des chances.
Pour cette journée particulière, France Volontaires Inde a donc sollicité des volontaires femmes pour qu’elles racontent, en deux questions, leur expérience :
- Que signifie être une femme volontaire en Inde ?
- En général, quelles actions proposeriez-vous pour promouvoir l’égalité des genres ?
Alice, coordinatrice de coopération décentralisée entre Bordeaux Métropole et l’Etat du Telangana, basée à Hyderabad
“Arrivée à Hyderabad il y a deux semaines à peine, je fais mes premiers pas dans la « ville des perles ». Ayant vécu en Inde par le passé, je suis néanmoins habituée à ce pays, qui me fait toujours si forte impression.
En tant que femme, je ne peux me soustraire à la réalité de la condition féminine en Inde, modelée par le poids de la religion et des traditions. C’est à travers mes propres transgressions que je comprends les règles qui régissent la façon dont les femmes évoluent dans l’espace public.
Mais en tant que femme blanche, ayant grandi en France dans une famille française, mon expérience « d’étrangère » à Hyderabad est tout à fait différente du vécu des femmes indiennes. Je me trouve dans la position de privilège indéniable et si particulière de « l’occidentale ». Ma présence suscite souvent une curiosité mêlée de fascination. L’hospitalité est incontournable, et les échanges enthousiastes et conviviaux.
Si la plupart du temps ces attentions n’ont rien de malveillantes, les regards insistants font toutefois partie du quotidien et me renvoient à ma différence, entre idéalisation et dévalorisation. Certains préjugés prévalent parfois, menant à des situations inconfortables : la femme blanche aurait des mœurs supposées débridées.
Si la situation des femmes en Inde est critiquable à bien des égards, la volonté d’un changement existe. L’Inde a une longue et plurielle histoire de mouvements féministes, dans la lignée d’un militantisme qui voit le jour dès le 19ème siècle. Leurs actions ont de plus en plus de retentissements, notamment grâce aux réseaux sociaux. En 2018, le mouvement #metooindia a par exemple dévoilé nombre d’histoires de violences sexuelles, et frappé le cœur de Bollywood.
Pour finir, je recommanderais le puissant essai de Shilpa Phadke, Shilpa Ranade et Sameera Khan,
« Why loiter? Women and Risk on Mumbai Streets », qui invoque la flânerie comme une action féministe pour reconquérir l’espace public. Comme démontré avec éloquence, le sensationnalisme dont font preuve les médias qui traitent des violences faites aux femmes ne fait que renforcer leurs craintes d’évoluer dans l’espace public et justifie de nouvelles restrictions à leur liberté. Pour les autrices, la flânerie sera un moyen pour les femmes de se réapproprier l’espace public, d’aller à l’encontre de rôles genrés et de défier la division entre les sphères privée et publique.”