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09 mar. 21
Inde

Inde – Paroles de volontaires pour la journée internationale des droits des femmes : Joséphane

La journée internationale des droits des femmes est une journée d’unité, de célébration, et de réflexion. C’est aussi l’occasion de se mobiliser en faveur des droits des femmes, de leur autonomisation et de leur participation au volontariat de demain afin d’assurer l’égalité des chances.

Pour cette journée particulière, France Volontaires Inde a donc sollicité des volontaires femmes pour qu’elles racontent, en deux questions, leur expérience :

  • Que signifie être une femme volontaire en Inde ?  
  • En général, quelles actions proposeriez-vous pour promouvoir l’égalité des genres ?

Joséphane, volontaire de solidarité internationale de la Guilde, engagée en tant que coach chez Life Project 4 Youth (LP4Y) en Inde

Que signifie être une femme volontaire en Inde ?

L’expérience du volontariat en Inde en tant que femme commence bien souvent avant même d’avoir foulé le sol du pays. Entre la démographie, les rickshaws et les vaches sacrées, l’inégalité des genres occupe une place de choix parmi les poncifs répétés sur l’Inde d’un air mi-protecteur mi-alarmiste, à une jeune femme qui s’apprête à y passer 1 année de sa vie. La plupart du temps, elle y a même déjà pensé sans l’aide de ses proches. Ces appréhensions ont évidemment également été miennes avant mon départ. Elles ont l’avantage de nous faire redouter le pire (regards insistants partout où l’on va, harcèlement, sentiment d’insécurité, viol…) et de nous rendre plus tolérante à ce qui l’est moins. Être volontaire en Inde, c’est surtout le sentiment d’être très privilégiée d’être née dans un pays où les combats pour l’égalité des genres ont commencé quelques décennies plus tôt. C’est aussi l’espoir de se dire que la situation n’est pas aussi figée qu’elle le semble pour les femmes indiennes. Voir se dessiner une forme d’émancipation au détour d’une rue de Mumbai en apercevant une femme en saree au volant d’un scooter, son mari sur le siège passager, la tenant par la taille.

En général, quelles actions proposez-vous pour promouvoir l’égalité des genres ?

L’hétérogénéité de la condition des femmes en Inde est frappante. En vivant dans une ville comme Mumbai où se côtoient élites économiques, sociales et intellectuelles du pays et des millions de foyers extrêmement pauvres. Bien que l’égalité des genres ne soit absolue dans aucun des deux cas, les conditions économiques défavorables, la place prépondérante de la tradition dans les familles rend les femmes issues des foyers les plus pauvres beaucoup plus vulnérables et plus affectées par ces problématiques d’(in)égalité des genres.

J’ai la chance, dans mon travail avec Life Project 4 Youth, d’accompagner durant 6 mois des jeunes femmes issues des milieux les plus défavorisés dans la recherche d’un emploi décent et leur permettre ainsi de sortir de l’enceinte close du foyer, de pouvoir s’émanciper économiquement et d’acquérir une marge de liberté qui jusque-là ne leur était pas octroyée.

Le projet pédagogique proposé par Life Project 4 Youth implique le développement d’une micro-initiative à impact. À Mumbai, le projet retenu est le développement de training de sensibilisation autour des thématiques de santé et plus précisément, de la santé féminine en ce qui concerne mon groupe. Le premier thème retenu a été celui des règles. J’ai eu l’immense joie de voir ces 10 jeunes femmes de 18 à 23 ans s’approprier un sujet qui les concerne, arrêter de rougir à la simple évocation de ce mot, transformer leur honte initiale en fierté grâce au partage de leurs connaissances et de leurs expériences avec des femmes de tout âge, rencontrer des femmes inspirantes qui croient en elles et leur font confiance. Elles, qui quelques semaines plus tôt découvraient l’existence des ovaires, du vagin et du métier de gynécologue.

Si la promotion de l’égalité des genres ne peut se passer d’une dimension politique (dans n’importe quel pays), je suis convaincue que les initiatives locales qui tendent à favoriser l’émancipation tant économique que sociale ou psychologique des femmes issues des milieux les plus pauvres ont un sens pour accélérer la lente déconstruction de certaines traditions. Je suis extrêmement chanceuse, de pouvoir assister à l’affranchissement de ces quelques jeunes femmes autour de moi, qui, j’en suis sûre, en inspireront de nombreuses autres.