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Actualités
29 oct. 24

Le V.I.E.S, un formidable levier au profit des actions de développement des fondations

Le 21 octobre dernier, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a invité des fondations à explorer et à renforcer leurs liens avec le V.I.E.S. L’objectif ? Susciter l’intérêt et faire découvrir aux fondations tout le potentiel qu’ouvre la mobilisation des différents dispositifs de volontariat dans la mise en œuvre de leurs projets à l’international ou auprès de leurs partenaires. Retour sur un temps d’échanges constructifs autour des enjeux de ces dispositifs.

Pourquoi et comment mobiliser le volontariat international d’échange et de solidarité dans le cadre des actions de développement solidaire menées par les fondations  ? C’est la question à laquelle ont répondu les participants de la rencontre consacrée aux fondations reconnues d’utilité publique (FRUP) et aux fondations d’entreprises, membres du Centre français des fondations et du collège « fondations » du Conseil national pour le développement et la solidarité internationale (CNDSI).

Dans le cadre d’une table ronde destinée à illustrer et incarner le sujet, les représentants de la fondation Sadev et du Fonds de dotation Servier ont pu développer les plus-values du recours au volontariat. Tous deux ont partagé leurs retours d’expérience en qualité de structures mobilisant des volontaires sur des programmes terrain et d’employeurs de collaborateurs engagés dans des missions de volontariat international.

Pour compléter leurs témoignages, les ONG Planète Urgence et La Guilde ont apporté un éclairage utile grâce à leur connaissance des dispositifs en tant que structure d’envoi de volontaires agréées par l’Etat.

Enfin, impossible de parler de volontariat sans donner la parole aux volontaires eux-mêmes, qu’ils soient français ou internationaux ! Sola Yazbeck, Demba Mané et Louis Rosas ont chacun présenté leur mission de volontariat, et ont permis de mieux comprendre les dispositifs évoqués lors de cette rencontre : le volontariat de solidarité internationale (VSI), le congé de solidarité internationale et le mécénat de compétences, intégrés à la famille du Volontariat d’Échange et de Compétence (VEC).

Créer du lien entre les fondations et les acteurs du V.I.E.S
Dans la dynamique des rencontres « Innover Ensemble » portées par la sous-direction du développement et dans le cadre des stratégies « Fondations » et « Société civile et engagement citoyen » du MEAE, la conférence – visant à promouvoir les volontariats internationaux d’échange et de solidarité (V.I.E.S) et les programmes de France Volontaires, s’adressait exclusivement aux fondations partenaires du MEAE.

L’enjeu est de taille : atteindre collectivement les Objectifs de Développement Durable (ODD), en lien avec les priorités de la politique de développement et d’investissement solidaire de la France. Pour cela, « l’action des fondations est essentielle pour faire face aux défis qui sont les nôtres aujourd’hui » comme l’a rappelé Frédéric Cholé, délégué pour les collectivités territoriales et la société civile auprès du MEAE en introduction de la séquence.

Parmi les intervenants, Vincent Rattez, directeur de La Guilde (structure membre de la plateforme France Volontaires), se dit convaincu que « quelle que soit la forme de la fondation, il y a des choses à faire en termes de volontariat international pour accompagner des projets porteurs de sens et d’impact ». À grand renfort d’exemples de projets de terrain, dans des champs d’actions aussi variés que la culture, la santé ou l’environnement, ce dernier est revenu sur la possibilité qu’ont les fondations et leurs partenaires d’agir sur l’ensemble des ODD. Une intervention qui a permis de créer du lien entre les fondations présentes et les acteurs du volontariat pour que naissent les perspectives de nouvelles actions partenariales autour d’un vaste sujet commun : la mise en place d’actions de développement dans la solidarité à l’internationale. L’occasion également de valoriser le rôle de France Volontaires, et sa mission de plateforme multi-acteurs de promotion et développement du V.I.E.S.

Des expériences de volontariat international valorisables pour les fondations…
Tous les échanges ont permis d’illustrer l’utilité et la richesse du volontariat, aussi bien pour les volontaires que pour les fondations. Antoine Huart, Délégué général de la Fondation Sadev, a pu témoigner de l’évolution des profils au fil des années grâce au succès du dispositif ! Si les profils mobilisés étaient plutôt techniques au début, notamment sur les questions d’assainissement, la fondation Sadev a rapidement élargi les missions à d’autres profils plus généralistes, en lien avec le développement ou la gestion de projets grâce à « des dispositifs encadrés et des missions en toute sécurité ». À noter que la sécurité et la solidité du cadre qualité proposée par les organisations d’envoi ou d’accueil de volontaires, points abordés pendant la séquence, sont au cœur des préoccupations des fondations, comme le précise Antoine Huart qui se félicite aujourd’hui d’envoyer des volontaires « bien outillés pour démarrer leur mission grâce à la richesse de la préparation ».

Autre témoignage positif de Corinne Massin, directrice du Mécénat et déléguée générale du Fonds de dotation Servier, qui a pu constater l’intérêt des salariés dès 2017 avec plus de 30 candidats au volontariat ayant répondu à l’appel à projet ! Cette dernière assure que « les salariés pensent partir pour aider mais reviennent toujours en ayant beaucoup reçu ». Aujourd’hui, ce sont 40 salariés qui bénéficient chaque année d’une expérience de volontariat à l’international, et qui reviennent avec de nouvelles compétences valorisées en interne lors de l’entretien annuel. Le plus pour la fondation ? Créer tous les ans une nouvelle dynamique en interne grâce à la sélection des projets par les collaborateurs. En outre, cette dernière rappelle que le soutien financier est bien sûr un aspect réel dans l’approche mécénat globale, mais que le vrai bénéfice est « d’embarquer les collaborateurs pour être en adéquation avec les valeurs du groupe ».

Et les parcours des volontaires !
Ceux qui parlent le mieux de leur engagement solidaire sont les volontaires eux-mêmes ! Trois étaient présents pour participer aux échanges. Demba, Sola et Louis ont ainsi pu témoigner de la richesse de leur volontariat, et de l’importance d’une bonne préparation avant le départ, ainsi que d’un suivi pendant et après la mission.

Pour Sola Yazbeck, partie quinze jours au Cambodge avec Planète Urgence, aucun doute : « le congé solidaire® permet de créer de la valeur autrement ! ». Elle est longuement revenue sur son stage de préparation au départ, qui fut l’occasion de rencontres fructueuses avec d’autres volontaires d’entreprises très différentes et sur l’importance du suivi dans le cadre de sa mission. « Discuter avec quelqu’un sur place sur les attentes et les points d’attention sont des éléments importants pour l’adaptation une fois en mission ». Elle a ainsi pu « partir tranquille, lâcher prise sur les côtés pratiques pour se consacrer à la mission sur place ».

Demba Mané, volontaire sénégalais en mission de VSI en France dans le cadre du FEF-R, est quant à lui mobilisé pour la création et l’animation d’un réseau de volontaires Sénégalais en France. Il valorise leurs missions et leurs expériences dans l’hexagone pour améliorer l’accueil des volontaires internationaux en France. Ces volontaires sont mobilisés sur des questions liées à l’environnement, à la culture ou au sport. Plusieurs d’entre eux ont participé au programme Volontaires Terre de Jeux, qui permet de mobiliser 80 jeunes de 10 pays sur des missions sport et développement, dans lesquelles un temps de bénévolat Paris2024 a pu être inséré.  Ce programme a reçu un soutien de la fondation EDF. Lui aussi a dû s’adapter à un autre mode de vie, une autre culture et s’approprier de nombreuses thématiques qu’il réinvestira une fois rentré au Sénégal. Il ajoute que « sur le plan personnel, c’est l’une des plus grandes chances pour [pour lui] de l’avoir fait à Paris. C’est une expérience exceptionnelle ».

Louis Rosas, ancien volontaire déployé pendant 18 mois aux Comores par la Guilde auprès de la fondation Sadev, a pu partager avec les participants son « incroyable expérience aussi bien personnelle que professionnelle », lui qui voulait trouver du sens et « partir pour une bonne cause ». Sa mission de VSI le motive aujourd’hui à poursuivre son parcours d’engagement. Ainsi, il « essaie de porter le sujet de l’engagement auprès des jeunes pour créer du lien entre les générations ».

 

Garantir la qualité des missions autour de projets coconstruits avec les acteurs locaux
Pour Guillaume Tauveron, directeur du développement chez Planète Urgence, aucun doute sur l’utilité du volontariat pour les fondations. Ce dernier rappelle que son organisation a permis l’envoi de quelque 10.000 volontaires. Mais pour cette ONG membre de France Volontaires et qui porte le congé solidaire®, l’important est de garantir l’impact positif sur le terrain. Il confirme ainsi qu’« une mission de volontariat réussie l’est à deux conditions : si elle est coconstruite avec les acteurs locaux pour garantir un impact positif et durable sur le terrain et si les volontaires sont bien préparés avant le départ ». C’est la raison pour laquelle Planète Urgence accompagne le projet du salarié volontaire, et l’aide à travailler en amont sur sa posture, quitte à réorienter le projet si nécessaire.

 

Un véritable atout pour les fondations
D’un point de vue plus stratégique, il apparaît intéressant pour les fondations qui ne le font pas déjà de s’approprier les dispositifs de volontariat.  Vincent Rattez rappelle d’ailleurs que le volontariat international peut avoir un impact assez décisif à plusieurs points de vue, notamment pour renforcer la visibilité et la communication des partenaires et des programmes. Pour lui, « la notion de réseau est très importante, puisqu’il permet de promouvoir la cause dans des cercles nouveaux ». Il ajoute que c’est un « vrai atout pour la communication des fondations » qui concrétisent leurs valeurs en soutenant l’engagement de leurs collaborateurs.

C’est aussi un vrai atout pour la gestion des ressources humaines des fondations, grâce à la valorisation des salariés qui reviennent avec une meilleure compréhension des enjeux en étant sur le terrain. Guillaume Tauveron précise que « le volontariat renforce le regard interculturel des salariés, apporte une réponse à leur quête de sens, et consolide le sentiment d’appartenance à l’entreprise ». Un dispositif gagnant-gagnant qui permet de rendre tangible les engagements et les valeurs de la fondation !

 •  Cette rencontre fait suite aux recommandations du groupe de travail « Fondations » du Conseil national pour le développement et la solidarité internationale (CNDSI), dont le rapport sera présenté au 4ème trimestre 2024, et s’inscrit dans la dynamique de croissance du volontariat de solidarité internationale (VSI) annoncée par le Président de la République lors du Conseil présidentiel du développement qui prévoit la mobilisation de plus de 2 600 volontaires par an, en 2027. L’occasion de mobiliser les fondations sur le co-financement des programmes de volontariats s’inscrivant dans les priorités de la diplomatie.

En savoir +

Le congé de solidarité internationale est un volontariat d’échange et de compétences (VEC) qui repose sur l’expertise du volontaire. Il existe trois termes très proches : le congé de solidarité Internationale, le congé solidaire® et le congé de solidarité.