Le volontariat d’Échanges et de Compétences, un projet de solidarité bénéfique aux salariés autant qu’aux entreprises
C’est à l’Institut National du Service Public que se sont retrouvés, mercredi 31 mai, entreprises, associations et institutions autour de la question du Volontariat d’Échanges et de Compétences (VEC), et des atouts qu’il représente pour les entreprises engagées dans une politique de responsabilité sociale et environnementale. L’objectif ? Faire connaître les dispositifs d’engagement des actifs, et mettre en réseau les acteurs dans une dynamique collective. Retour sur cette rencontre riche d’enseignements.
Organisé par le Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères (MEAE), en partenariat avec France Volontaires et le Fonds de Coopération de la Jeunesse et l’Éducation Populaire (Fonjep), la rencontre a réuni quelque 15 entreprises françaises en quête d’éclairages sur les dispositifs en place, autour d’une table ronde et de moments d’échanges participatifs.
L’événement a été ouvert par Anne-Charlotte Dommartin, Déléguée pour la Société civile, l’engagement citoyen et la jeunesse du MEAE, qui est revenue sur le lancement, en 2021, du premier appel à projets de VEC en partenariat avec France Volontaires et le Fonjep, comme étant « un axe fort de développement international pour le MEAE ». L’occasion de rappeler que ce premier volet de l’appel à projets a permis d’accompagner quelque 608 missions et 514 volontaires entre 2021 et 2022, et que chaque année, entre 500 et 600 volontaires sont envoyés sur des missions dans le domaine de l’éducation, de la formation et de la promotion de la francophonie. Madame Dommartin a exprimé son souhait de « conforter l’engagement de tous les acteurs dans une vision internationale » et a souligné « l’importance de France Volontaires pour répondre aux questions et aux interrogations concrètes ».
Comment encourager l’engagement solidaire ?
Il existe plusieurs dispositifs pour celles et ceux qui souhaitent s’investir dans la solidarité internationale, mais qui disposent d’un temps limité du fait de leur activité professionnelle. Le volontariat d’échanges et de compétences est un volontariat dit d’« expertise » destiné aux actifs, seniors ou (pré-)retraités. Il implique une mobilisation dans des missions de courte durée, dans une démarche de transfert, de partage et/ou renforcement de compétences techniques d’un partenaire local.
Le congé de solidarité internationale permet à un salarié de participer à une mission d’entraide à l’étranger. Des questions très pratiques ont été abordées pendant cette table ronde, notamment le coût du congé de solidarité internationale, entièrement à la charge du salarié, sauf s’il existe dans son entreprise une politique de ressources humaines soutenant l’engagement international. Et c’est tout l’intérêt d’après Corinne Massin, Présidente de l’Alliance pour le mécénat de compétences, pour qui l’enjeu est de taille d’impliquer les services RH « tant le volontariat aide à porter les valeurs de l’entreprise ». Au sein de la fondation Léa Nature, représentée par sa directrice Marina Poiroux, « les RH sont complètement intégrées dans ce processus », ce qui leur permet de « soutenir et valoriser les projets de protection de la nature et la sauvegarde de notre environnement en collaborant avec les acteurs qui œuvrent au quotidien pour la transition écologique ». L’engagement solidaire des collaborateurs du Groupe devient un levier supplémentaire dans le positionnement de cette entreprise engagée, membre depuis 2007 du collectif 1% for the Planet.
À noter que le volontariat en ligne, expérimenté à l’occasion de cet appel à projets, permet un engagement plus court et à distance, sur une mission plus ponctuelle d’expertises dans des domaines techniques ou des champs d’action où l’outil numérique est central. Cette expérimentation réussie pourrait s’élargir à l’avenir à d’autres dispositifs, et s’inscrire dans une première étape d’immersion avant un engagement plus pérenne sur le terrain.
Le Volontariat sénior s’adresse quant à lui plus particulièrement aux pré-retraités ou aux retraités et est mis en œuvre par des organisations comme AGIRabcd ou le GREF.
Le Volontariat d’Échanges et de Compétences, une mission d’engagement solidaire
Au cœur des dispositifs de VEC, « c’est avant tout une démarche de solidarité » comme l’a souligné Guillaume Légaut, Président de France Volontaires. Il rappelle d’ailleurs qu’à travers une démarche de volontariat, « on se tourne vers l’autre, on se met à sa disposition et on répond à des besoins très concrets. Il faut aider à identifier les compétences […] et la démarche projet dans laquelle cela va s’inscrire ».
Ayant vocation à attirer des profils qui ne peuvent s’engager sur une longue durée, le VEC peut prendre plusieurs formes, pour un engagement sur des courtes durées. Congé de solidarité internationale, Volontariat sénior ou Volontariat en ligne, quel que soit le dispositif choisi, il est l’occasion, pour l’entreprise, d’illustrer concrètement ses engagements, et pour le collaborateur, « d’exprimer ses softs skills tout au long de l’année », comme l’a expliqué Corinne Massin. « L’intérêt, dès le départ, est d’envisager une vision Groupe dans le mécénat, pour faire rayonner sa propre politique de mécénat et l’engagement des collaborateurs ». Une démarche qui s’inscrit comme un atout pour les entreprises, qui ainsi « mettent en application les valeurs sur lesquelles elles communiquent ».
À ce titre, quelque 150 entreprises sont déjà engagées auprès de Planète Urgence pour mettre en valeur leurs salariés sur des missions au service d’un projet. Pour Pauline Rethore, directrice du Pôle Volontariat à Planète Urgence, « avoir des salariés et des compétences qui sont disponibles pour appuyer la pérennité d’associations locales […] permet d’amener notre pierre sur la contribution aux ODD ». À noter qu’à travers sa marque déposée Le Congé Solidaire©, Planète Urgence permet à un volontaire d’effectuer une mission de solidarité internationale, dans le cadre de ses congés (de 2 à 4 semaines), en partenariat avec des entreprises. Pour Julien Zeller, volontaire avec Experts Solidaires, « ce sont des misions intenses et concrètes dont on voit le résultat sur le terrain ». Rappelons que le volontariat est un engagement tout au long de la vie, qui permet à chacun, quels que soient son âge, ses compétences, son parcours, de trouver une mission de solidarité qui lui correspond.
Quelques exemples de missions et de structures développant du Volontariat d’Échanges et de compétence
Parmi les lauréats des appels à projets MEAE/Fonjep/France Volontaires, des membres de France Volontaires tels que AGIRabcd, le GREF ou la Délégation catholique pour la coopération (DCC) proposent des missions autour de la santé, du développement territorial, de l’éducation et de l’insertion professionnelle.
L’Institut de formation et d’appui aux initiatives de développement (IFAID) a développé des projets en partenariat avec Pôle emploi et So Coopération autour d’actions de communication pour des actifs et des demandeurs d’emploi, tandis que l’Adice s’est tournée vers l’e-volontariat pour des missions axées autour des nouvelles technologies, du montage de projets ou du soutien psycho-social.
Bourgogne France Comté International, CentrAider ou Lianes Coopération ont développé, à travers le projet EXPLOR accompagné par France Volontaires, des VEC axés sur l’alimentation, l’énergie solaire et le développement rural dans des villages africains.
Planète Urgence propose de son côté, à travers le Congé solidaire, dans le cadre d’un programme Forêts, des missions orientées sur la formation en ressources humaines ou les techniques en agroforesterie. CartONG forme des volontaires aux techniques de cartographie interactive.
L’engagement solidaire, un atout pour les entreprises
À l’heure où les salariés, et notamment les plus jeunes d’entre eux, affichent ouvertement leur quête de sens, il importe pour les entreprises de mettre en lumière leur politique de solidarité afin d’être attractives pour leurs futurs collaborateurs. Pour Corinne Masson, « l’enjeu est de répondre aux exigences des jeunes candidats qui attendent de l’entreprise qu’elle propose des formes d’engagement ». Les retours d’expérience sont positifs pour tous, comme témoigne Sylvain, au retour de sa mission auprès de l’association Cameroon Environmental Watch. « C’est une chance d’avoir un employeur sensible à ces questions. Cette possibilité offerte aux agents contribue à une ouverture personnelle, au bien-être au travail, c’est valorisant ». Une démarche gagnant-gagnant au service de la solidarité internationale.