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03 avr. 19

PORTRAIT – Mélanie et Tiphaine reviennent sur leur engagement en Service Civique au sein de la municipalité de Gubat (Bicol)

Nous avons souhaité recueillir le témoignage de Mélanie et Tiphaine pour comprendre et découvrir leurs missions au sein de la municipalité de Gubat.

Nous avons rencontré les deux volontaires à Gubat, elles ont gentiment accepté de répondre à nos questions.

 

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Présenter-nous brièvement votre parcours ?

Tiphaine : Je m’appelle Tiphaine, je viens du département des Pyrénées Atlantique. Après mon bac, j’ai suivi 2 ans de DUT Génie Civile puis 5 ans d’étude d’architecture que j’ai terminées en 2017. Par la suite, j’ai travaillé pendant un an en tant qu’architecte.

J’avais vraiment envie de faire un volontariat à l’international et je cherchais le meilleur moyen de le faire. Je cherchais une mission où j’aurai la possibilité d’exercer mon métier d’architecte sauf que ça s’est révélé assez difficile d’en trouver quand on n’a pas vraiment beaucoup d’expérience de terrain.

En discutant avec des personnes autour de moi, on me parlait souvent de la possibilité de réaliser un service civique donc j’ai commencé à chercher des missions qui pouvaient correspondre à mes envies. J’ai trouvé cette mission aux Philippines et j’ai été rapidement acceptée.

Avec du recul maintenant, je ne pensais pas trouver autant de points communs dans cette mission avec mes compétences que je pouvais apporter donc j’en suis vraiment ravie. Je ne pensais pas que le musée allait être encore en réhabilitation donc c’est vraiment une chance énorme pour moi.

Mélanie : J’ai fini mes études il y a deux ans et j’ai fait un Service Volontaire Européen (SVE) en Angleterre, dans une association pour promouvoir la culture francophone, l’échange, le patrimoine français. Ensuite, je voulais reprendre mes études mais je n’ai pas été prise dans le master que je voulais intégrer et du coup j’ai trouvé cette mission et ça correspondait à mes attentes vis-à-vis de ma reprise d’études.

C’est vraiment le thème de la mission qui m’a intéressé car je souhaite travailler dans la culture, le patrimoine culturel et matériel, comment promouvoir les cultures locales qui peuvent être amené à disparaître etc.

Je suis tombé sur l’annonce de Pistes Solidaires et comme j’avais déjà été envoyé par cette structure lors de mon SVE, ça m’a semblait naturel et cohérent de postuler pour cette mission.

 

Pouvez-vous présenter votre structure d’accueil ?

T. : On est accueilli par la municipalité de Gubat. La mairie est répartie en plusieurs pôles. Il y a un peu plus de 300 employés au total, nous faisons parties du pôle administration.

M. : On partage notre bureau avec des pôles avec lesquels nous ne collaborons pas forcément. Certains s’occupent du recensement, de l’agriculture, certains pôles organisent souvent des préventions liées aux catastrophes naturelles, au changement climatique.

 

Quelles sont vos missions ?

M. : Le projet de la municipalité est de créer un musée. Le bâtiment est une vieille maison de style coloniale qui a été donné par la famille Escurel, originaire de Gubat. La réhabilitation avait commencé avec le budget qui avait été établi en amont. Et nous nous sommes  là pour donner des idées, Tiphaine est architecte donc ça s’est mis en place rapidement.

T. : Oui, c’était d’ailleurs étonnant, quand nous sommes arrivées le premier jour, ils nous ont présenté le projet, nous ont demandé notre plan d’action, qu’est-ce que nous souhaitions faire ? On a pris connaissance de ce que la municipalité avait déjà réalisé puis nous avons mis en place un planning afin de déterminer quels objectifs nous pourrions accomplir pendant nos 5 mois de mission.

Le musée, ça nous prend le plus gros du temps mais on travaille également sur la culture et le patrimoine de la ville. Du coup, on a commencé un recensement de toutes les anciennes maisons présentes dans la ville pour établir des fiches descriptives de chaque maison et par la suite créer un support pour une policy.

Il y a un énorme potentiel dans cette ville, les maisons ne sont pas toutes bien conservées mais il y a des éléments (toits, portes, murs) qui pourraient être conservés.

Patrick, notre tuteur, nous a expliqué que les touristes qui se rendent à GUBAT viennent principalement pour surfer donc notre objectif c’est de pouvoir créer des activités que la municipalité pourrait offrir en plus.

 

Concrètement, quelle est la répartition de votre semaine ?

T. : On a un planning que nous mettons en place tous les lundis matins. Parfois, nous nous occupons davantage du musée ou alors du patrimoine de la ville. Cela varie souvent.

M. : On travaille tout le temps ensemble et on doit s’organiser, nous sommes vraiment autonomes donc nous devons nous-mêmes gérer notre temps de travail. On est vraiment impliqués dans ce projet.

T. : Nous sommes seulement toutes les deux à travailler sur ce projet à 100% car il n’y a plus de personne chargé du tourisme au sein de la municipalité.

 

Quel bilan tirez-vous de votre expérience à mi-parcours ?

M. : Hyper positif, c’est une opportunité de dingue. On réalise plein de choses que nous ne pourrions pas faire en France. En France, on te demande un minimum d’expériences et ici c’est vraiment intéressant que l’on puisse être aussi autonome sur un tel projet.

T. : Je parle pour moi et mes compétences en tant qu’architecte, c’est juste dingue d’être responsable du suivi du chantier. Après oui, ce n’est pas moi qui prend la décision finale mais j’oriente et j’en parle avec Patrick, notre tuteur, « l’admnistrative mayor », qui tranche.

On travaille également avec Kevin, ingénieur, qui s’occupe des plans de la maison et qui est notre intermédiaire avec le chef de chantier.

 

Après votre première semaine ici, auriez-vous imaginé avoir accompli ce que vous avez déjà réalisé pour l’instant ?

M. : Oui on était assez confiante. Bien sûr on était assez assommée par toutes les informations que nous avons dû digérer, faire le tri etc…

En fait, on a directement anticipé que notre temps de mission serait court pour tous les objectifs de départ donc on a vraiment décidé de créer un planning rigide et structuré pour réaliser le plus d’objectifs possibles.

T. : On est la première étape d’un gros projet au final. L’objectif final qu’on s’est fixé avec Mélanie c’est d’avoir une bible pour le musée. C’est-à-dire, le concept de ce dernier, les objectifs à atteindre, toute la scénographie intérieure du musée (plans intérieurs).

On a fait l’inventaire de tout ce qu’il y avait déjà dans la maison et nous sommes en train de choisir ce que nous allons présenter ou non, à quels endroits etc…

M. : Le concept était là mais pour le reste c’est vraiment nous qui avons été au premier plan du projet.

T. : Au début, on a mené une campagne avec les locaux pour leur demander qu’est-ce qu’ils attendaient de la création d’un musée à GUBAT.

M. : Avec Tiphaine, on avait clairement la même vision des choses, c’est-à-dire, qu’il était important que ce musée soit pour eux et fait par eux.

T. : On a été dans un lycée pour leur présenter une boîte à idées pour que les étudiants puissent nous donner des conseils etc…

 

Et à la fin de votre mission ?

M. : Par la suite, je vais postuler pour le Master à Bordeaux. Avec cette expérience, j’ai de bonnes chances d’être acceptée.

T. : Je veux continuer ce principe de volontariat à l’international, c’est-à-dire, continuer à exercer mon métier toujours dans un principe d’aide à la population locale. J’ai déjà une piste avec une association française d’architecture, basée au Népal, qui aide à reconstruire des bâtiments. Je pense les recontacter à la fin de ma mission avec l’expérience engrangée.

 

Quels sont les aspects interculturels à prendre en compte ?

T. : Tout prend du temps ici, il faut être patient. J’étais déjà patiente mais je l’ai développée encore plus je pense.

M. : Il ne faut pas vraiment tout prendre au sérieux et montré que nous sommes stressées par des échéances ou dans l’attente d’une réponse.

Ce n’est pas vraiment dérangeant mais y a aussi pas forcément de limite entre la vie privée et professionnelle parfois. Nos collègues sont très curieux et posent énormément de questions

 

Avez-vous rencontré des situations conflictuelles au travail ?

T. : Non pas vraiment, mais je suis une femme, architecte, volontaire donc ils ne connaissent pas vraiment mon statut. Et face à un ingénieur local qui a la cinquantaine et qui a déjà dessiné le projet des mois à l’avance, ça a pu être difficile pour lui parfois d’entendre que je n’étais pas d’accord sur tout ce qu’il avait entrepris en amont.

C’est surtout d’un point de vu visuel et non en termes de ses compétences que je ne remettrais jamais en question. Il souhaitait rajouter un toit qui n’existait pas, qui..

M. : Y a un manque de communication par rapport à ce qu’on fait aussi parfois je pense. On devrait peut-être faire une présentation à toute la municipalité à la fin de notre mission pour montrer à tous les employés ce qu’on a réalisé.

T : Tout va toujours bien, comme s’il fallait que toujours aille bien. Quand certains nous posaient la question et qu’on avait posé une journée moyenne, on le disait et ils étaient un peu surpris, choqués. Donc on a décidé d’arrêter de se plaindre et de perpétuer le stéréotype du français raleur (rires).

 

Quel est votre meilleur souvenir ?

T. : Ils nous offrent tout le temps à manger (rires). Plus sérieusement, je pense que c’est lorsqu’on a défilé pendant la « Christmas Parade » et voir tous les sourires sur tous les visages, tous les petits mots gentils qu’ils ont eu pour nous. J’en ai encore en souvenir.

C’était le début pour nous donc ça nous a vraiment marqué je pense.

 

Votre vision des Philippines…

T. : C’est génial, c’est le paradis parfait. Il manque juste la bonne nourriture en soit.

M. : On a déjà pas mal voyagé et dans cette région peu touristique y a tellement de choses à découvrir. On prend notre moto, on conduit une heure ou plus et on découvre des endroits fantastiques où il n’y a personne.

C’est vraiment ce qu’on voulait je pense, on est pleinement immergé ici. On est vraiment contente.

 

Des conseils pour les futurs volontaires pour cette mission ?

T. : Etre autonome

M. : Etre force de propositions