Aliénor, investie dans la gestion de projets internationaux au Bénin
J’ai écrit des projets, notamment sur l’autonomisation des femmes par l’agriculture.
Aliénor Verlut, 25 ans, est actuellement engagée dans une mission de Service civique d’une durée d’un an dans le domaine de la gestion de projets de solidarité internationale. Titulaire d’une licence en Commerce international et d’un master en Développement durable, cette mission représente sa première expérience longue en dehors de l’Europe. Envoyée par Appuis, Aliénor intervient en tant que chargée de projet auprès de la structure Emmaüs Bénin. Sa mission se déroule principalement à Cotonou et Pahou.
Quelques semaines avant son départ, Aliénor nous a raconté son expérience enrichissante vécue au Bénin !
Pourquoi tu as choisi de t’engager, qu’est ce qui t’as poussée à postuler à un Service civique ?
Suite au covid et en voyant tout ce qui se passait dans le monde je voulais évoluer dans un domaine qui a un impact positif sur le monde. J’en suis venue au Service civique parce que je voulais faire quelque chose qui a du sens et qui a un impact, s’engager me semblait important. Le Service civique me semblait une belle opportunité qui permet d’acquérir des compétences et des connaissances, tout en participant à un projet qui fait sens. J’ai choisi la mission de Service civique avec Emmaüs Bénin car la mission principale était la gestion de projets, et c’est ce que je souhaite faire après le Service civique.
Sur quels projets as-tu travaillé durant ta mission ?
Au cours de ma mission, j’ai travaillé sur divers projets déjà en cours chez Emmaüs Pahou.
Au Bénin, Emmaüs est sur quatre sites, groupes membres : Emmaüs Tohoué, Emmaüs AFA, Emmaüs Pahou, Emmaüs Mobovome, et le centre Sonagnon est en cours d’approbation. J’ai effectué ma mission auprès d’Emmaüs Pahou, qui a une communauté à Pahou et un magasin bric à brac à Cotonou.
Magasin “Bric à brac” d’Emmaüs Bénin
Dans le centre de Pahou, un projet de centre médical, qui pourra servir de dispensaire, est en cours. Le bâtiment est déjà construit, mais j’ai fait des recherches de financement pour des dons financiers et matériels. Afin d’électrifier le bâtiment, j’ai participé à la prise de contact avec l’ONG « Électriciens sans frontières », pour demander la mise en place de panneaux électriques solaires, j’ai rempli les démarches et nous sommes maintenant en recherche de fonds.
J’ai également écrit d’autres projets, notamment sur l’autonomisation des femmes, sur l’agriculture et sur l’autonomisation des femmes par l’agriculture, qui sont les domaines d’actions au cœur des projets d’Emmaüs Pahou.
En dehors de la gestion de projets, j’ai eu comme mission de mettre à jour le site internet d’Emmaüs Bénin. Pour effectuer cette mission, j’ai visité l’ensemble des sites, j’ai discuté avec l’ensemble des équipes de leurs activités et projets, afin de remettre à jour les informations.
As-tu mis en place « un projet » que tu considères comme un accomplissement ?
Sur le site d’Emmaüs Pahou, les membres de l’équipe font de l’élevage et de l’agriculture, mais ils n’étaient pas sensibilisés à la gestion des déchets. En visitant le site, j’ai observé beaucoup de plastique et autres déchets biodégradables dans les champs et autour des animaux.
J’ai alors pris l’initiative de les sensibiliser aux risques environnementaux liés aux déchets. Je leur ai expliqué l’importance de jeter les déchets dans les poubelles, pour éviter qu’ils ne se décomposent dans les sols. En effet, une fois décomposés, ces déchets peuvent se retrouver dans les légumes, dans la nourriture des animaux, et provoquer des problèmes de santé. Des microparticules de plastique passent ainsi dans les légumes, la viande, et donc finissent dans nos assiettes. Cela a des conséquences sur notre corps aussi. Je leur ai expliqué tout ça, et depuis, je trouve qu’ils font plus attention.
Au Bénin, la gestion des déchets est différente qu’en France, mais, suite à mon intervention, ils ont mis en place de bonnes mesures.
Champs sur le site d’Emmaüs Pahou
À quelles difficultés/défis tu as dû faire face durant ta mission ? Comment tu as réussi à t’adapter ?
La principale difficulté à laquelle j’ai été confrontée, c’est la recherche de financements. Pour une institution béninoise, c’est très compliqué d’obtenir des financements. Les bailleurs de fonds demandent souvent à ce que la structure ait une entité en France, en Europe, ou dans leur propre pays. Bien qu’Emmaüs Bénin travaille en collaboration avec Emmaüs International, ce n’est pas toujours possible de faire appel à eux pour les dossiers de demande de financement.
Pour une structure béninoise qui souhaite développer ses propres projets, sans forcément nouer de partenariat, c’est vraiment difficile de trouver des financements. Il y a très peu d’appels à projets ouverts, et ceux qui existent sont très sollicités, donc la concurrence est très forte.
Avec le contexte géopolitique actuel, ça risque de devenir encore plus compliqué. Et je ne pense pas qu’Emmaüs Bénin soit la seule structure à rencontrer ce genre de difficultés.
Je n’ai pas reçu de réponses positives aux appels à projets que j’ai envoyés. Par contre, en mobilisant mes contacts, j’ai pu trouver quelques mécènes qui ont accepté de financer certaines parties des projets, ou de faire des dons de matériel.
Qu’as-tu appris durant ton expérience ?
Ce que cette expérience m’a confirmé, c’est que les besoins réels des personnes sur place ne sont pas forcément ceux que nous, en tant qu’occidentaux, pensons être les plus nécessaires pour eux.
De mon point de vue, pour mettre en place des projets dans des pays en développement comme le Bénin, il est essentiel d’être en lien direct avec la population locale et de prendre le temps d’échanger avec elle pour comprendre ses besoins concrets. Il faut aussi parler de la manière dont le projet sera mis en œuvre, afin de ne pas imposer une façon de faire. Nos mécanismes ne sont pas toujours les bons, ni forcément adaptés au contexte du pays concerné.
C’est donc vraiment primordial de prendre en compte la population bénéficiaire pour les projets.
Et dans le cas des installations, comme les puits ou les panneaux solaires, il est aussi important d’apprendre aux bénéficiaires à les entretenir. Dès la définition du projet, il faut intégrer une dimension de transmission de savoir, pour que les bénéficiaires soient en mesure de faire vivre le projet sur le long terme.
Visite du site Mobovome avec l’équipe locale d’Emmaüs Bénin
Qu’as-tu appris sur toi-même pendant cette mission ?
Cette mission m’a montré que j’avais une certaine capacité d’adaptation, ainsi qu’une forme de résilience.
Elle m’a aussi confortée dans mon envie de m’engager professionnellement dans un métier porteur de sens. À travers mon parcours, j’ai toujours été attirée par les questions liées à l’humanitaire, au développement et à la solidarité internationale. Cette expérience au Bénin m’a vraiment aidée à confirmer cette orientation pour la suite.
Qu’est-ce que tu as retenu de l’état d’esprit béninois pendant ton séjour ?
Qu’il y a toujours une solution ! même quand on n’en a pas l’impression : il pleut, t’as pas de kaway, tu prends un sac poubelle, t’as pas de tournevis, tu prends un couteau… Dans le cadre de la mission, les collègues me fascinent par le fait qu’ils trouvent toujours un moyen de faire ce dont ils ont besoin même sans le matériel adéquat.
Comment as-tu vécu le changement entre ta vie à Paris et ton installation à Cotonou ?
J’habite à Paris depuis plusieurs années, mais je viens d’Auvergne. Ça m’a fait du bien de quitter la ville parisienne en venant ici. Même si Cotonou ça reste la ville, le climat est beaucoup plus apaisant et les gens sont plus souriants et accueillants et ça, ça change beaucoup de la vie à Paris en général.
Comment ta mission a-t-elle influencé ta vision du volontariat ou du travail en général ?
Cette mission m’a confirmé que travailler dans un contexte interculturel comporte de nombreux défis.
Il est important d’exprimer ses besoins, sa vision des choses et d’échanger avec les autres membres de l’équipe car chacun a une vision différente. La discussion permet de trouver la meilleure manière d’atteindre le résultat attendu tous ensemble.
Suite à cette mission, quels sont tes projets pour la suite ?
En rentrant en France, je vais faire une deuxième année de master spécialisé dans le management de programmes internationaux – humanitaire et développement.
Je souhaite faire cette année d’études afin d’approfondir mes connaissances et de renforcer mes compétences dans ce domaine. Mon objectif est ensuite de travailler à l’international, au sein d’ONG, et surtout sur le terrain pour être au contact des bénéficiaires direct.
Quel est ton meilleur souvenir du Bénin ?
J’ai pleins de bons souvenirs au Bénin que ce soit avec mes ami.e.s ou mes collègues. Mais je pense que le meilleur souvenir de mon service civique c’est d’avoir effectué un chantier solidaire avec mon association d’envoi APPUIS en partenariat avec l’association EKE DEKA. Ce chantier s’est déroulé au Togo, dans les montagnes de Kpalimé, avec des lycéens et des jeunes togolais. Nous avons travaillé tous ensemble pendant 2 semaines, pour construire des toilettes sèches.
Vivre l’interculturalité, échanger avec tout le monde m’a beaucoup plu. Voir des jeunes engagés ça m’a aussi redonné foi en la jeunesse, comme quoi les clichés ne sont pas toujours vrais, il y en a qui sont vraiment impliqués dans l’avenir, dans la solidarité, dans l’environnement…
Photo de groupe durant le chantier solidaire à Kpalimé (Togo)
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui envisage de faire du volontariat international en France/au Bénin ou dans un autre pays étranger ?
Il ne faut pas hésiter ! C’est une expérience qui peut faire peur, mais qui ne tente rien n’a rien. Ç’a été une expérience très enrichissante pour moi.
Il faut aussi prendre conscience qu’en faisant un Service civique à l’international on quitte son pays et que ça peut être très diffèrent que ce qu’on imaginait, espérait, et que ça peut être difficile.
Si on rencontre un problème dans sa mission ou dans le pays, il ne faut pas hésiter à en parler, que ça soit à sa structure ou à France Volontaires pour essayer de trouver une solution. Mais si vraiment ça se passe trop mal, il faut aussi prendre conscience que si tu ne réussis pas ce n’est pas grave, c’est OK de stopper une mission qui ne te convient pas.
Et dernier conseil, il ne faut pas partir avec trop préjugés ou d’appréhensions. Il faut se laisser surprendre et surtout être ouvert d’esprit, ouvert à l’échange.
On repart toujours plus riche d’un séjour à l’étranger !
Structure d’accueil : Emmaüs Bénin
Fondée en 1988, Emmaüs Bénin est une ONG qui a pour principale mission de coordonner les activités des différents groupes Emmaüs au Bénin. Il existe actuellement quatre groupes membres : Emmaüs Tohoué, Emmaüs Pahou, Emmaüs AFA et Emmaüs Mobovome ; ainsi qu’un groupe en probation : Sonagnon.
Dans le cadre de leurs actions, les associations d’Emmaüs Bénin agissent pour améliorer les conditions de vie des personnes en situation difficile et vulnérable, notamment des femmes, en leur proposant un soutien financier et des formations socioprofessionnelles. Les associations d’Emmaüs Bénin œuvrent également pour la protection de l’environnement et l’amélioration du cadre de vie.