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01 sep. 21
Burkina Faso
France

Ange-Alfred, volontaire burkinabè à Brest dans le cadre de la Saison Africa2020

Ange-Alfred est un jeune artiste comédien qui vient du Burkina Faso. Dans le cadre de la Saison Africa2020, il réalise une mission de service civique au sein du Quartz, une salle de spectacles et centre culturel à Brest. Il nous raconte son expérience.

Ta présentation

Peux-tu te présenter et présenter ton parcours ?

Je me nomme B. Ange Alfred Ilboudo, burkinabé. Je suis artiste comédien, j’ai fait mes études scolaires jusqu’en terminale quand le théâtre m’a appelé. J’ai été formé au jeu d’acteur de théâtre, à la danse et en dramaturgie. Je fais partie d’une compagnie de théâtre, Le Quartier, créée par Aristide Tarnagda qui est lui-même artiste comédien, auteur, metteur en scène et dramaturge.

Connaissais-tu le volontariat avant cette mission de service civique ?

J’ai commencé à faire du bénévolat et du volontariat tout jeune. Mais j’avais peu entendu parler du volontariat international dont j’ai découvert l’existence grâce à France volontaires au Burkina Faso.

Ta mission

Peux-tu présenter ta structure d’envoi ?

Ma structure d’envoi est les Récréatrales. C’est une structure artistique créé en 2000 qui organise des festivals pluridisciplinaires tous les deux ans. Elle reçoit, créé et forme des artistes et des spectacles de tous genres et de toutes nationalités. Elle est présidée actuellement par  Odile Sankara et son directeur artistique est Aristide Tarnagda.

Quel est ton lien avec les Récréatrales ?

J’ai commencé à faire du bénévolat avec les Récréatrales en 2005. Je les appuyais pour l’accueil des publics, les campagnes d’affichage, la sécurité. Plus tard, les Récréatrales ont créé une compagnie de théâtre dont je fais partie pour la création et la représentation de nos spectacles. Depuis 2014 environ, j’accompagne la structure dans l’organisation de ses festivités et de différents ateliers de formation.

Peux-tu nous parler de ta structure d’accueil ?

Ma structure d’accueil est Le Quartz, Scène Nationale de Brest. C’est une structure qui organise des représentations de spectacle en danse, théâtre et performance. Le Quartz accueille également des artistes – de la région et de l’international – en résidence de création et travaille en proximité avec les autres structures de la Région. La Quartz organise un festival qui s’appelle « DansFabrik » et un autre qui s’appelle « NoBorder ». La structure fait partie d’une société anonyme, Brest’aim, qui gère ne nombreux espaces dans la ville de Brest.

La crise sanitaire impacte-t-elle la programmation et les projets généraux de ta structure d’accueil ?

En effet le covid impacte fortement la programmation de ma structure qui a dû annuler ses projets. Le Quartz a quand même pu accueillir des compagnies de performance et de danse, pour des résidences de création.

Dans ce contexte, quelles sont tes missions au sein de ta structure d’accueil ?

Dans ce contexte, je suis les créations et accompagne les compagnies en résidence. Je participe en donnant mon point de vue global sur les spectacles. J’assiste également aux représentations, avec les étudiants. Je participe aux différentes réunions de production et de scénographie avec l’équipe technique. Aussi, j’accompagne l’équipe chargée des relations publiques dans la recherche de potentiels publics.

En parallèle, j’ai décidé de faire un reportage sur l’immigration, constitué de quelques recueils de témoignages.

Pour finir, je lis un roman monologue de Sony Labou Tanzi que je compte jouer un jour.

Qu’est-ce que selon toi ta présence apporte à ta structure ?

Selon moi, ma présence aide ma structure d’accueil à sensibiliser plus de monde à s’intéresser au théâtre – surtout dans cette période de covid. Aussi, je crois que ma présence et mes points de vue influencent les créations artistiques. D’un point de vue opérationnel, j’ai aidé pour le déménagement du Quartz, avec les différentes équipes.

Ce temps passé dans ta structure d’accueil te permet-il de mieux connaître certaines facettes du métier ?

En effet, depuis mon arrivée, j’interagis avec ma tutrice sur les impacts du covid. Nous avons pensé de nouvelles missions qui m’ont permis d’être avec l’équipe de production, de relations publiques, de technique. Cela me plonge dans les différents métiers qui sont présents dans une structure et de comprendre les responsabilités de ces domaines. Aussi, j’acquiers des connaissances en bibliographie des spectacles. Par ailleurs, j’ai découvert de nombreux espaces comme le conservatoire où j’ai suivi une master class sur le jeu d’acteur. J’ai été avec les membres du Quartz à Quimper, au théâtre du Cornouaille. J’ai été aussi été à Rennes au Théâtre national de Bretagne, où Sambassa, un autre volontaire est en mission, pour voir deux pièces de théâtre : _JEANNEDARK_ et une seconde avec des étudiants sortants, Les nouvelles du plateau S. Enfin, j’ai été voir les étudiants de l’ENIB qui présentaient un spectacle.

Quelles sont les compétences que tu acquiers en ce moment dans ta mission, et qui te semblent importantes pour tes projets futurs ou pour la vie en général ?

Grâce à ce temps au Quartz, j’ai évolué en scénographie des lumières et sonore. J’ai compris les responsabilités des chargés des relations publiques. Aussi, j’ai participé à des ateliers de formations artistiques et je dois figurer dans un spectacle d’Anouch Paré. J’ai également été figurant pour un projet d’artistes en résidence au Fourneau, un centre d’art de rue, et j’ai eu des relations avec de nombreuses compagnies théâtrales et de musique. Je pense que tous ces éléments m’aideront beaucoup dans l’avenir.

Est-ce qu’à travers cette expérience de service civique dans le cadre d’Africa2020, tu apprends des choses nouvelles sur des contextes africains ?

Oui, notamment pendant nos rencontres via Teams et physiques entre volontaires d’Africa2020 qui viennent tous de pays différents. En échangeant des idées avec mes collègues volontaires, j’ai appris à redéfinir mon point de vue sur le panafricanisme et sur nos cultures – qui ne sont pas si différentes. J’ai appris leurs cultures à ma façon.

 

 

Ton expérience en France

Et sinon, parle-nous de la ville dans laquelle tu habites.

J’habite à Brest, dans le département du Finistère. C’est une ville bretonne où la routine est synonyme de mode de vie, mais c’est plutôt cool. Les Bretons et Brestois sont chaleureux comparé à certaines autres villes de France. Brest est entourée par la mer, on y trouve des plages partout et le temps change très vite entre la pluie, la brume et le soleil.

Comment s’est passée ton installation en France ? Quelles ont été tes premières impressions ? Qu’est-ce qui t’a surpris ?

Mon installation s’est très bien passée. C’était ma première fois en France et j’ai trouvé Paris et Brest très différentes. Ce qui m’a le plus surpris c’est le froid : je ne m’y attendais pas. Enfin, j’ai été choqué de vivre le racisme ici avec mes frères africains plus qu’avec les européens.

En parallèle, qu’est-ce que tu avais projeté et que tu as réellement trouvé ?

Ma projection était de me faire une place dans le monde du théâtre et de la culture internationale mais faute au covid19, ça ne s’est pas passé comme prévu. J’ai découvert aussi que l’Europe n’est pas le paradis même si, comparé à l’Afrique, les conditions démocratiques et d’émancipations sont bien définies.

Qu’est-ce qui te plait dans ta vie en France, ou au contraire, qu’est-ce que tu trouves difficile ?

Ce qui me plaît dans ma vie ici, c’est d’être venu dans un contexte de service civique. Je suis dans le milieu du théâtre, j’ai des activités et des moyens de subsistance. Le plus difficile par contre, c’est le manque de considération et de chaleur humaine, la méfiance constante chez tout le monde. Ce qui est étrange c’est que tout le monde vit de son côté et que c’est à autrui de s’y habituer. Je trouve qu’il y a un manque d’amour et de considération de son prochain.

Ce qui est difficile aussi, c’est qu’il faut des diplômes pour pouvoir se faire une place – ce qui n’est pas toujours preuve de connaissances ou d’intelligence.

Qu’est-ce que tu as amené dans ta valise et qu’aujourd’hui tu es particulièrement heureux d’avoir avec toi ?

Mon faso dan fani, un tissu de cotonnades tissé de la main de nos grands-mères. Et mes colliers burkinabés.

Et après ?

Et enfin, est-ce que tu as une idée de ce que tu aimerais faire après ton volontariat ?

J’aimerais pouvoir être assez sage et étudier le droit, dénoncer les inégalités sociales, être artiste comédien, être dans l’événementiel et écrire pour l’Afrique. J’aimerais jouer un rôle de sensibilisateur et de garant des droits africains…

Je pourrais m’intégrer et étudier dans le droit public français ? Mais je ne crois pas que ce soit possible.

En savoir plus :

Le programme de volontariat de la Saison Africa2020 :

Dans le cadre de la Saison Africa2020 et grâce à une coopération inédite entre France Volontaires, l’Institut français, l’Agence française de développement (AFD) et l’Agence du service civique, onze jeunes venus de différents pays d’Afrique réalisent une mission de service civique auprès d’établissements culturels, acteurs de la Saison Africa2020, aux quatre coins de la France.