Annabel, volontaire en service civique à Puerto Lopez sur la côte équatorienne
Annabel Wiest est volontaire en service civique à Puerto Lopez (petite ville située sur la Côte équatorienne) pour une durée de sept mois au sein de la Fondation Clara Luna dans laquelle elle organise des activités ludiques pour des enfants notamment en lien avec la lecture. Sa structure d’envoi est la Guilde.
Quelques mots sur toi et sur tes motivations à venir en Equateur pour faire un volontariat ?
Je suis Annabel, j’ai 25 ans. J’ai passé ces cinq dernières années à l’université et suis aujourd’hui diplômée d’un master en études cinématographiques. Je suis tombée amoureuse de l’Amérique latine d’abord à travers de nombreux films qui m’avaient profondément marqués. Et c’est à la suite d’un voyage en Colombie, puis au Costa Rica que je me suis découvert une véritable passion et un souhait de passer une partie de ma vie dans cette partie du monde, et y faire quelque chose de bien.
Que signifie pour toi faire un volontariat ?
Pour moi, faire quelque chose de bien, c’est d’abord savoir ce que l’on veut. L’opportunité du service civique et du volontariat s’est présentée comme une suite logique après la fin de mes études. J’avais gagné en maturité et souhaitais vivre une expérience inédite qui ferait sens et qui aiderait les gens. Le volontariat c’est se consacrer à cette expérience, être dévoué, c’est créer du sens et de la cohésion entre les personnes. J’ai eu la chance de pouvoir faire un volontariat en Equateur, une mission dont les objectifs m’ont immédiatement frappés, auprès d’une communauté qui m’a intégrée comme dans une grande famille.
Quelles sont tes missions et ton quotidien en tant que volontaire ?
C’est à Puerto Lopez (Manabi) que je travaille tous les jours. Ici, l’accès à la culture, à l’art, et aux livres, se fait difficile et est trop coûteux. L’association Clara Luna accueille chaque mercredi et chaque vendredi, un groupe d’enfants dans notre « club de niños ». Les enfants viennent lire, puis écouter un conte à voix-haute, pour finir sur une activité ludique artistique ou plus sportive, préparée à l’avance. Les enfants prennent goût à la lecture et nous lisons le conte de la manière la plus théâtrale et divertissante possible. Le mardi, c’est le club des tout petits que nous accueillons avec le même système, version miniature. Toute la semaine, 3 groupes d’enfants viennent en cours d’anglais pour faire du soutien scolaire. Nous avons également un groupe adulte qui vient pour des cours d’anglais et un échange interculturel : les hispanophones parlent anglais, pour le reste, ce sera en espagnol ! Nous travaillons également avec un groupe de personnes / enfants avec handicap physique ou mental. Avec eux, c’est activité artistique, culinaire, et surf ! J’ai aussi la chance de travailler avec un groupe d’ados très motivés à ouvrir une bibliothèque à Clara Luna, l’unique bibliothèque communautaire de la ville, qui offrira un accès gratuit aux livres, pour tous. Mes journées sont donc rythmées à la préparation de cours d’anglais et des différentes activités, entraînement à la lecture du conte (surtout pour mon accent …), préparation des espaces, et plage, évidemment !
Qu’est-ce qui t’a le plus surprise en arrivant en Equateur ?
L’Equateur regorge de lieux secrets, de légendes, de nourriture variée et délicieuse, et les Equatoriens sont très accueillants. J’ai été agréablement surprise par leur patience et leur calme, et très amusée de l’ambiance musicale à chaque coin de rue. Je suis arrivée à la période « froide » de la région, mais la chaleur humaine prenait le pas sur le climat.
Quel est ton regard sur ton pays d’accueil, sur la région dans laquelle tu vis et sur ses habitants ?
Puerto Lopez est une ville côtière, un paradis sur terre, que l’on reconnaît tout de suite par ses bateaux de pêcheurs bleus. Il y a une ambiance très tranquille, familiale, et où chaque samedi transforme la ville en fête, où la salsa est toujours au rendez-vous. C’est une ville où les gens vous connaissent, je suis très vite devenue « la niña de Clara Luna » et où vous prenez vite vos habitudes. L’unique inconvénient sont les mots et gestes très déplacés d’une partie des hommes de la ville. Ce n’est pas ce que je retiens de Puerto Lopez en premier lieu. Ma première expérience a été très chaleureuse avec des personnes très compréhensives.
Quels conseils donnerais-tu aux jeunes qui souhaitent vivre une expérience de volontariat ?
Le volontariat m’a fait énormément grandir et a véritablement donné du sens à ma vie. Je me sens impliquée et pense mon expérience non comme une mission mais comme un mode de vie. En ces temps de crise sanitaire et de quarantaine, je me sens très frustrée de ne pas pouvoir continuer à travailler quotidiennement auprès des enfants. Et je suis particulièrement inquiète pour certaines familles dont les parents ne peuvent plus exercer leur métier, et qui n’ont plus aucune source de revenus. Je ne peux pas rester les bras croisés, nous organisons donc des activités à distance, nous distribuons des livres aux enfants, et je sauve une partie de mes indemnités pour acheter des vivres à certaines familles très vulnérables. Faire un volontariat c’est s’ouvrir aux autres et apprendre de ces personnes. Certains pensent que le volontariat devrait être fait à 18 ans, pour aller gagner en maturité et en responsabilité. À 25 ans, je découvre tant de choses et en apprends davantage chaque jour. Je me sentais déjà mature, et je me sens ressortir plus grande. Il n’y a pas d’âge, seulement et surtout de la volonté.