Annabelle, volontaire de solidarité internationale à Fès
Annabelle est volontaire de solidarité internationale au Maroc et participe à la coopération décentralisée entre la région Centre-Val de Loire et la région Fès-Meknès. Elle raconte l'impact du covid-19 sur son quotidien et sur sa mission.
Mon parcours
Je m’appelle Annabelle, j’ai 25 ans. Originaire de Limoges, j’ai effectué mes études à Grenoble et obtenu un Master en relations internationales. Mes origines et mon histoire familiale font que très jeune, j’ai saisi la multiplicité des cultures. Cette ouverture au monde a jalonné tout mon parcours par la suite. Après mes études, j’ai effectué un service civique à Marseille au sein de Touiza Solidarité, une association de solidarité internationale qui coopère avec les pays d’Afrique du Nord. Suite à cela, j’ai décidé de partir vivre à l’étranger afin de compléter mon parcours professionnel et de m’immerger dans l’inconnu, au-delà de ma zone de confort. En étudiant les différentes possibilités, le VSI m’a semblé être une bonne opportunité, en adéquation avec mes valeurs d’engagement et allant dans la continuité de mes expériences.
C’est comme cela que je me suis engagée comme VSI pour la Région Centre-Val de Loire dans le cadre de sa coopération décentralisée avec la Région Fès-Meknès au Maroc. En étant basée à Fès, ma mission consiste à animer ce partenariat, assurer le suivi des projets menés par les deux Régions et mettre en lien les réseaux d’acteurs des deux territoires. L’un des attraits de cette mission est la diversité des thématiques traitées : développement local, politiques régionales et échanges de pratiques, tourisme durable et équestre, jeunesse, échanges scolaires et universitaires, culture.
Le covid-19 et le confinement au Maroc
Le Maroc a détecté les premiers cas de contamination au covid-19 au début du mois de mars chez des touristes étrangers. Rapidement, l’état d’urgence sanitaire a été décrété le 20 mars, accompagné d’un plan de mesures similaires à celles adoptées en France : fermeture des frontières, des établissements scolaires, universités, commerces et lieux publics, arrêt des transports, confinement et déplacements limités sur autorisation exceptionnelle, port obligatoire du masque, etc. La population marocaine a vu d’un bon œil ces premières mesures sanitaires, saisissant la gravité de la pandémie, et malgré des difficultés économiques s’annonçant pour grand nombre d’entre eux.
L’état d’urgence a été prolongé jusqu’au 10 juillet, avec une première phase de déconfinement progressif selon les régions. Les entreprises, commerces et services sont autorisés à reprendre leur activité au niveau national. Fès est encore en zone de restriction, où le confinement est maintenu (excepté pour les travailleurs sur attestation des employeurs). Malgré cela, un air de déconfinement anticipé plane dans les rues qui sont réinvesties par les habitants. Les contrôles policiers se sont relâchés, les chauffeurs de taxi, parfois connus pour leur rudesse, chantonnent, et les sourires s’affichent sur les visages des passants. Tous semblent avoir retrouvé une once de légèreté, malgré les impacts socio-économiques de la pandémie.
Impact sur ma mission
Les agents de la Région Fès-Meknès et moi-même avons été mis en télétravail dès le mois de mars, avec des moyens parfois limités pour les partenaires marocains d’assurer une continuité. Nous essayons tout de même de maintenir le contact. Nous nous familiarisons avec les plateformes d’échange à distance et réalisons le rôle des nouvelles technologies dans un tel contexte. La pandémie a ralenti les projets de la coopération et la plupart des actions sont reportées à septembre en attendant une meilleure visibilité. Toutefois, une baisse d’activité est anticipée chaque année durant le mois de Ramadan qui a eu lieu cette année en mai. Ce mois sacré dans l’Islam, dédié au jeûne, au recueillement spirituel et aux rassemblements avec les proches, a été particulièrement chamboulé par les mesures de restriction. Mais les formes d’entraide et de solidarité, bien présentes au Maroc, ont perduré durant la crise.
Malgré les contraintes liées au confinement et une baisse d’activité dans ma mission, j’ai vécu plutôt positivement cette période. La pandémie, arrivée à mi-parcours de mon contrat, m’a donné le temps de faire le bilan de ma première année de volontariat au Maroc, de poser des objectifs pour l’année restante et de réfléchir à d’autres formes possibles d’engagement. Ces trois mois d’accalmie, parfois ponctués d’ennui, ont aussi été propices à d’autres occupations créatives et à un certain ressourcement. Ainsi, c’est imprégnée de nouvelles énergies que je reprends doucement ma mission à Fès.