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31 oct. 23
Afrique
Ghana

Au Ghana, Fanny enseigne le français par le sport et les jeux

Au Ghana, Fanny enseigne le français par le sport et les jeux

Fanny, 26 ans, achève six mois de volontariat dans une école communautaire à Ashaiman, une zone défavorisée de la région du Grand Accra, pour une mission d’enseignement formel et informel du français, autour du sport et des jeux. Elle s’était engagée dans le cadre d’un Service Civique international

 

Ma mission de Service Civique m’a permis de partir en mission sur une période longue à l’étranger et de découvrir que je voulais continuer !

 

Tu fais ton volontariat au sein d’une école communautaire : peux-tu nous expliquer de quoi il s’agit ?

Floating Crystals Academy est une école communautaire fondée il y a une dizaine d’année par la fondation Hope and Service, dans le but de permettre aux enfants les plus défavorisés de la communauté de pourvoir avoir accès à l’enseignement à moindre frais. Elle scolarise 150 enfants de la crèche jusqu’à la fin du cycle primaire.

Quelle est ta mission en tant que volontaire ?

J’interviens pour l’enseignement formel et informel du français, autour du sport et de jeux. Par exemple, pour apprendre les nombres : je donne le nombre en français, et les élèves doivent courir toucher sur le mur les nombres qui forment ce chiffre. Le plus rapide a gagné ! Cela stimule les élèves de sortir du cadre strictement scolaire, et d’apprendre dans la bonne humeur. Pour les couleurs, je donne une couleur et les élèves doivent être les plus rapides à toucher un objet de cette couleur présent dans la cour de récréation. Je partage avec eux des éléments sur la culture française et, lors des récréations, je mène des discussions de pratique orale en français avec les élèves.

Qu’est-ce que ta mission t’a apportée sur le plan personnel et professionnel ?

J’espérais acquérir une meilleure maîtrise de l’anglais et je voulais m’inscrire dans une plus longue période à l’étranger.

J’étais déjà allée au Burkina Faso avant, mais je voulais pouvoir mettre en avant le fait que j’ai passé six mois dans le cadre de ce type de missions. C’était aussi un test pour savoir si je réussirais à rester aussi longtemps loin de chez moi, de mes amis,de  ma famille et de ma ville. Je me suis rendue compte qu’effectivement je me sens bien en voyage et ça me donne envie de continuer !

Du point de vue de la langue, au niveau de l’anglais, je ne suis pas bilingue, mais j’ai un peu progressé.

Qu’as-tu transmis ?

Je ne sais pas si c’est quelque chose que j’ai transmis, mais je pense avoir pu contribuer à déconstruire l’image des personnes du Nord qu’ont les membres de la communauté dans laquelle je suis. Je pense avoir pu discuter de nombreux clichés sur l’Afrique et l’Europe que chacun véhicule de part et d’autre.

Par exemple, tout le monde était étonné que je cuisine, que je fasse mes lessives ou que je me déplace sans chauffeur. J’ai eu beaucoup de discussions intéressantes à ce sujet. Les membres de la communauté avaient pour seule représentation des européens, les expatriés qui bénéficient de personnel de maison. Elles étaient étonnées de savoir que ce n’est pas du tout la norme dans mon pays !

A l’inverse, je peux partager sur mon expérience ici et le pays avec les personnes que je connais en France et déconstruire certains clichés qu’eux peuvent avoir de leur côté.

Quel est ton meilleur souvenir au moment de ta mission ?

J’en ai deux. D’abord j’ai un très beau souvenir de ma mission à l’école. Pendant une pause, j’écoutais des musiques avec les élèves et à ce moment-là, un d’eux, qui est d’habitude toujours dissipé, s’est mis à chanter: il était heureux, et chantait terriblement bien ! C’est la première fois que je le voyais motivé par quelque chose. Ce moment m’a beaucoup touchée, on s’est tous mis à chanter avec lui, c’était un très beau moment.

J’ai aussi apprécié de pouvoir passer la soirée du 14 juillet à la réception à l’Ambassade de France, avec les autres volontaires de ma mission à Ashaiman.

Est-ce que ta mission correspond à tes attentes ?

Je n’avais pas d’attente particulière. En revanche, je savais ce que je ne voulais pas : je ne voulais pas me sentir infantilisée, je ne voulais pas être sous l’autorité constante de quelqu’un sans liberté: ça n’a pas été le cas. J’ai fait face à d’autres problèmes, puisqu’au contraire j’ai été plutôt très libre, ce qui est bien mais parfois compliqué. Je me suis rendue compte que seule, sans organisation, c’est difficile de mener des actions cohérentes, mais j’ai la chance de mener les activités que je souhaite sans être cloisonnée.

Quelles ont été les difficultés rencontrées ?

Ce serait plus l’absence de liberté sur le plan personnel. Là où je suis, c’est plutôt loin de tout, la semaine je suis plutôt concentrée sur l’école uniquement. Ma famille d’accueil ne me recommande pas de sortir la nuit non plus dans la communauté. Ce qui me manque, c’est d’avoir la possibilité de sortir le soir ou courir si j’en ai envie. C’est parfois aussi difficile de vivre chez l’habitant, avec une figure parentale, à mon âge.

Quelles ont été tes premières impressions sur le pays à ton arrivée ?

Peut-être l’inverse que les personnes qui mettent pour la première fois les pieds dans la région! Ayant voyagé au Burkina Faso avant, quand je suis arrivée j’ai trouvé le Ghana plutôt développé.

Quels sont tes projets post-volontariat ?

Repartir en volontariat ! Ou alors trouver un travail dans le développement, en France ou à l’étranger. J’aimerais m’inscrire dans une association dans la gestion de projet, ou dans le secteur le social.

Un conseil pour une personne qui envisage de s’engager dans une mission de volontariat à l’international ?

Il faut être capable de s’adapter facilement, être indépendant, et être ouvert à découvrir une autre culture. Accepter de se détacher de ce que tu connais et de la manière que tu as de vivre, pour intégrer et comprendre une autre culture sans la juger ni être ébranlé par ce que tu connais. Il ne faut pas être dans la comparaison permanente. Être curieux, être prêt à s’intéresser aux personnes de ton pays d’accueil également.

Un mot de la fin ?

Si tu es perdu dans ta vie et que tu ne sais pas trop quoi faire, n’attends pas et fais un Service Civique à l’international parce que ça peut être cool ! C’est un moyen simple de pouvoir bouger à l’étranger. Surtout entre deux années d’études où tu as besoin d’y voir plus clair, ou si tu n’es pas accepté dans le parcours que tu voulais… Je te conseille de faire ça car ça peut t’apporter quelque chose sur le plan personnel mais ça peut aussi être mis en avant après pour te démarquer dans la suite de tes études ou ta recherche d’emploi.