Aude, volontaire en service civique, une mission pour soutenir les activités génératrices de revenus au Cameroun
Aude, architecte, souhaitait mettre ses compétences au service d’une mission en lien avec ses valeurs et découvrir un nouveau pays et une nouvelle culture. Elle s'est engagée en service civique au Cameroun auprès d'ANI International, une association qui contribue à l'autonomisation des femmes.
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Peux-tu te présenter en quelques mots ? Quel est ton parcours ?
Originaire de l’Ile de France, j’ai suivi une formation d’architecte à l’ENSA Grenoble, en réalisant une année d’Erasmus à l’Université Technique de Prague. Diplômée il y a quelques années, j’ai d’abord travaillé dans différentes agences, avant d’envisager une mission de volontariat. En dehors du travail, j’aime particulièrement le sport (randonnée, escalade, yoga…), visiter de nouveaux lieux, rencontrer du monde !
Pour quelle(s) raison(s) ce projet d’engagement ?
Je souhaitais m’engager en tant que volontaire à l’international pour différentes raisons : d’une part, pour avoir l’occasion de mettre mes compétences au service d’une mission en lien avec mes valeurs (soutenabilité environnementale et sociale des projets) ; et d’autre part, pour découvrir un nouveau pays, une nouvelle culture, de nouveaux modes de vie et de pensée. J’étais toutefois flexible sur les thématiques de missions. L’idéal, c’était de trouver quelque chose dans mon domaine (l’architecture), mais je restais ouverte aux thématiques des énergies renouvelables, de l’eau et de l’assainissement, ou encore du traitement des déchets, autant de sujets qui m’intéressaient depuis longtemps ! L’annonce d’ANI portait justement sur ces thématiques : l’objectif étant de trouver quelqu’un qui dialoguerait avec des ingénieurs locaux, et participerait au montage d’un projet d’Unité de transformation des produits dérivés du manioc / Centre de formation, autonome en énergie et en eau. Après un premier entretien avec le responsable de mission, il s’est révélé que des compétences en architecture et construction seraient également bienvenues !
Quelle est ta mission en tant que volontaire ?
Pour redonner un peu de contexte, les principales missions d’ANI International au Cameroun sont :
- d’appuyer et de soutenir un réseau de productrices de manioc dans la Lékié : le REPTRAMAL (aide à la production, à la transformation, à la commercialisation), afin de permettre sur le long terme l’autonomisation des femmes
- de mettre en place des projets de forages, d’eau et d’assainissement en zones rurales
Ma principale mission, que j’ai réalisé en binôme avec un autre volontaire de l’association (designer de formation), consiste quant à elle à concevoir un projet d’Unité de transformation des produits dérivés du manioc / centre de formation, qui permettrait d’accueillir les productrices et transformatrices du réseau. Des machines (râpeuse, broyeur, séchoir, presse…) seraient mises à disposition pour transformer les tubercules en produits transformés (bâtons de manioc, farine, tapioca…) et pour former les femmes (techniques de transformation, utilisation et maintenance des machines…). Le projet prévoyant de réutiliser un bâtiment à l’abandon, on a donc participé à la réalisation des plans, la conception du projet architectural et la réalisation de devis auprès d’entreprises de construction. Le lieu se voulant autonome en eau et en énergie, on travaille également à la recherche de financements pour réaliser un champ solaire photovoltaïque ainsi qu’un forage et château d’eau.
Qu’as-tu appris/transmis ?
En parallèle de cette mission, j’ai également eu l’occasion de participer et/ou d’assister aux activités des autres volontaires d’ANI au Cameroun. J’ai donc eu l’opportunité de me rendre régulièrement sur le terrain pour rencontrer les productrices, de rencontrer les autorités locales (maire, sous-préfet, préfet), de participer à des foires (foire transfrontalière à Kyé-Ossi, foire de la fête de la jeunesse à Yaoundé), de réfléchir à la structuration du réseau et des ventes… autant d’activités qui m’étaient jusque-là inconnues ! Pour ce qui est de la transmission… je ne saurais dire ! J’espère avoir pu faire découvrir à mes collègues le domaine de l’architecture, et les sensibiliser à l’économie des ressources constructives, la valorisation des savoir-faire et techniques de construction locales… il faudrait leur demander !
Une anecdote à nous raconter ?
Oui ! Je crois n’avoir jamais autant reçu de demandes en mariage qu’en étant au Cameroun…ni d’en avoir autant décliné ! J’ai même songé à m’acheter une bague, pour crédibiliser le fait que je « sois déjà mariée ». La plupart du temps, ce sont autant d’occasion de plaisanter, d’échanger avec les Camerounais, ou d’entamer des discussions sur leur vision des relations ou du mariage.
Comment as-tu adapté ta mission de volontariat en cette période de crise sanitaire ?
Le télétravail est privilégié.
Comment vis-tu la situation actuelle ?
Le Cameroun est pour le moment bien moins touché par la crise de la COVID 19 que la France : les cas et hospitalisations sont moins nombreux, les mesures sanitaires plus légères (port du masque dans les magasins et services publics, limitations des grands rassemblements, fermeture partielle des frontières ; mais pas de confinement ou de couvre-feu). La crise de la COVID semble donc parfois lointaine, ce qui rend le quotidien agréable !
Quelles ont été tes premières impressions à ton arrivée ?
Une des premières choses que je me suis dit en marchant dans la rue : « on oublie tout, on réapprend tout ! ». N’étant auparavant jamais venue en Afrique, je ne savais pas trop à quoi m’attendre – et n’avais d’ailleurs pas d’attentes particulières, juste l’envie de découvrir une culture et un univers différent de ceux que je pouvais connaître jusqu’ici. Sur cet aspect-là, je n’ai pas été déçue ! Interactions sociales, transports, urbanisme, infrastructures, eau, énergie, gastronomie, mode, architecture, religion… beaucoup de choses sont différentes !
Quelles ont été les plus grandes difficultés rencontrées ?
Je n’ai pas eu l’impression d’avoir rencontré de grandes difficultés, mais plutôt d’avoir dû m’adapter à des situations inconnues. Par exemple, à l’absence d’anonymat lorsque l’on marche dans la rue : on est repéré de loin, et les sollicitations sont nombreuses ! Ou encore négocier les prix des produits, apprendre rapidement les grands points de repères dans la ville (à la place des adresses ou du GPS !), faire attention à ce que l’on boit ou l’on mange, gérer les coupures d’électricité ou d’eau… autant de challenges au démarrage !
Pour toi, qu’est-ce que l’Espace Volontariats ?
Un espace d’accueil en début de mission, d’écoute et de conseils pendant la mission !
Un conseil aux futurs volontaires ?
Accepter la différence et la considérer comme une richesse. Il y aura pour sur des moments de fatigue, d’incompréhension, de doute, d’agacement ! Il me semble que ces moments participent eux-aussi, avec les moments de joie, de découvertes, de rencontres, à l’expérience globale de volontariat à l’étranger. Ce qui m’a également beaucoup aidée pendant le volontariat, c’est de pouvoir échanger avec d’autres volontaires sur leurs expériences : parler de leurs points forts, demander des conseils, mais aussi de pouvoir discuter des obstacles que l’on pouvait respectivement rencontrer dans nos missions. Cela permet de réfléchir et de prendre du recul sur nos propres valeurs, sur notre culture et vision du monde. Une belle expérience !