Avec Amaya, volontaire à l’Alliance française de Tunis
Amaya, franco-indienne âgée de 23 ans, a effectué une mission de service civique de dix mois à l’Alliance française de Tunis de mai 2023 à mars 2024. Elle y était envoyée par l’Office Franco-québécois pour la jeunesse. Avant cette expérience, elle a obtenu une licence en Langues, littératures et civilisations étrangères et régionales (LLCER) de Hindi, suivie d’un master en Politiques et gestion de la culture en Europe.
Pourquoi avoir choisi de faire un service civique ?
Je me suis intéressée au service civique comme alternative pour mon stage de fin d’études. J’avais déjà fait un stage de deux mois au Liban, je m’étais découverte là-bas un intérêt pour les cultures du monde arabe. Je voulais partir à nouveau dans un pays arabe avec l’idée de travailler sur les échanges culturels et artistiques entre le pays en question et la France. L’offre de l’Alliance française m’a attiré avec sa programmation culturelle variée et notamment la possibilité de contribuer à l’organisation d’un festival de cinéma (Cinémana).
Peux-tu nous en dire plus Cinémana et ton rôle dans celui-ci ?
C’est un festival de courts-métrages destiné aux jeunes réalisateurs amateurs tunisiens ou résidants en Tunisie, qui s’organise autour de trois volets : une compétition de courts-métrages, des ateliers de formation aux métiers du cinéma, des masterclasses animées par des professionnels du milieu. Nous avons reçu une soixantaine de courts-métrages à travers un appel à films lancé sur les réseaux sociaux et environ une centaine de candidatures pour participer aux ateliers. J’étais chargée de la réception des candidatures et de vérifier l’éligibilité de chaque candidat. J’ai ainsi pu découvrir le travail des réalisateurs tunisiens amateurs et visionner de nombreux films qu’ils avaient, pour la plupart, réalisés dans le cadre de leurs études. Durant le festival, j’ai été chargée des tâches liées à la communication ainsi que de certains aspects logistiques.
Quel autre projet auquel tu as participé a marqué ta mission de volontariat ?
Le projet Ktebus, c’est une caravane du livre avec laquelle nous sommes allés dans plusieurs gouvernorats de la Tunisie, à la fois dans des grandes villes mais aussi des zones rurales. On était associé à d’autres alliances françaises, à des maisons de jeunes et divers partenaires, il y avait des publics très variés. On proposait des ateliers sur le Petit Prince dans le cadre des 80 ans de la parution du livre. C’est un ouvrage qui partage des valeurs universelles comme l’amour et l’amitié et il y a un aviateur qui se perd dans le désert ce qui fait que les images parlaient au public tunisien. C’est aussi un des livres le plus traduit au monde, on pouvait le présenter en français et en tunisien.
Plusieurs ateliers ont été organisés sur diverses thématiques : théâtre, création d’images animées, création de livre audio, lectures musicales etc. Me concernant, j’étais chargée, avec une autre volontaire, d’un atelier de création de marque-pages à destination des enfants.
Sur le terrain dans le cadre des projets Cinémana et Ktebus
Quelles compétences as-tu développées au cours de ta mission ?
Venir en Tunisie ça m’a permis de comprendre que j’ai la capacité de m’adapter sur un plan professionnel comme sur un plan personnel. Désormais je me sens capable d’aller vivre n’importe où. J’étais fière de moi à mon arrivée car c’était la première fois que je quittais le domicile familial, j’étais contente de voir que je pouvais me débrouiller seule et être indépendante financièrement. J’ai pu aussi développer des compétences en communication et un attrait pour ce domaine.
Quelle est ta plus grande fierté ?
Ce qui m’a rendu le plus fière au cours de cette expérience c’est d’apprendre l’arabe. J’aimerais poursuivre cet apprentissage même dans un autre pays.
Quels conseils donnerais-tu à un ami qui hésiterait à partir en mission de volontariat ?
Il faut prendre des risques. Il peut y avoir des difficultés mais on n’est jamais seuls sur place et faire face à celles-ci peut être très enrichissant. Il y a des bonnes choses à tirer des expériences positives comme négatives. Ma propre expérience est passée très vite et j’ai beaucoup appris sur moi.
Quels sont tes projets professionnels pour la suite ?
J’aimerai partir en Inde pour refaire le lien avec mes études. Ma mission m’a permis de m’intéresser au FLE (Français Langue Etrangère) et de développer mon intérêt pour l’enseignement des langues. J’ai intégré une formation en ligne avec le CNED (Centre National d’Enseignement à Distance). J’aimerai partir pour devenir assistante de langue française en Inde ou bien travailler dans le domaine de la coopération et de l’animation culturelle. Je veux surtout contribuer au renforcement des échanges entre l’Inde et la France et pourquoi pas à travers un autre dispositif de volontariat comme le VSI (Volontariat de Solidarité International).
Tu as une anecdote à nous raconter ?
En Tunisie, si le voyant d’un taxi est vert, cela signifie que celui-ci est occupé et s’il est rouge, qu’il est libre. Quand je suis arrivée, je ne connaissais pas cette règle. Le premier jour où je devais me rendre à mon lieu de mission, aucun des taxis avec un voyant vert que j’appelais ne s’arrêtaient, car évidemment, ils étaient tous occupés ! Une jeune fille a vu que je rencontrais des difficultés à trouver un taxi et m’a proposé d’en partager un avec elle. En montant à l’intérieur, j’ai refermé brutalement la porte sans le vouloir et le chauffeur s’est mis à me crier dessus en arabe. Avec la pression de mon départ et face à une langue que je ne comprenais pas je me suis mise à pleurer. Le chauffeur s’est alors calmé et a essayé de me consoler bien que d’une façon un peu maladroite. Maintenant, cette anecdote me fait bien rire !
Quels sont tes recommandations aux futurs volontaires en Tunisie ?
En Tunisie on peut voir tout type de paysages et c’est facile de voyager même en tant que femme seule. Parmi les expériences à ne pas rater, je recommande de goûter la mloukhya, d’aller se baigner à Kelibia et de profiter de la programmation culturelle très riche du pays. Il y a beaucoup de festivals notamment ceux qui ont lieu dans des sites antiques (Carthage, Dougga, El Jem etc.). Je recommande aussi de profiter de la vie nocturne à Gammarth.
Sur le terrain avec Rosalie, une collègue volontaire, et pendant un atelier ludique avec des enfants.