Basile, jeune burkinabè en mission de VSI avec le LABIS Dakar au Sénégal
Après avoir effectué un volontariat à Nantes avec France Volontaires, Basile a décidé de se réengager avec Solidarité Laïque, pour une mission de VSI d'un an avec le LABIS de Dakar. Un parcours d'engagement qui promet une belle carrière dans le domaine de la solidarité internationale.
Peux-tu te présenter en quelques mots ? Quel est ton parcours ?
Bonjour, je me nomme Basile OUEDRAOGO, je suis un burkinabè de 28 ans, économiste de formation. J’ai eu l’opportunité d’effectuer un volontariat international en service civique avec France Volontaires d’octobre 2018 à juin 2019 pour une durée de 9 mois, à l’antenne de Nantes. J’étais ambassadeur de réciprocité pour les engagements citoyens en faisant la promotion du volontariat, notamment du principe de réciprocité, dans le Grand-Ouest de la France au sein d’associations et de collectivités. J’ai pu exprimer la plus-value de bénéficier d’un volontariat international dans le cadre de la réciprocité, les conditions d’accès à ce dispositif et faire vivre le jumelage de collectivités à travers l’envoi de volontaires en France. A la suite de ce volontariat, j’ai continué ma mission pendant 6 mois à l’Espace Volontariats du Burkina Faso à Ouagadougou pour appuyer et renforcer France Volontaires Burkina. J’ai pu initier avec le représentant national actuel, M. SOMDA, et d’autres anciens volontaires internationaux burkinabè, la création de l’association Réseau d’Anciens Volontaires Internationaux de Réciprocité, d’Echanges et de Solidarité au Burkina Faso (RAVIRES), qui aujourd’hui mène de nombreuses activités solidaires et appuie également France Volontaires Burkina au besoin. En 2019, j’ai appuyé l’organisation de la préparation au départ du premier plus important groupe de volontaires internationaux burkinabè pour la France (15 volontaires). J’ai également pu faire des animations d’immersion à Koudougou avec des volontaires. En 2020, j’ai reçu une certification de gestion de projets humanitaires avec Humacoop Burkina.
Pour quelle(s) raison(s) ce projet d’engagement ?
J’ai pris connaissance du dispositif de volontariat de solidarité internationale (VSI) lors de ma mission en France. Quand on commence le volontariat on veut continuer. En 2019, j’ai pu participer à un stage préparatoire pour l’envoi de VSI partout dans le monde. Pendant ma mission en France, j’ai construit mon projet d’avenir, celui de repartir en mission de volontariat dans un autre pays du Sud. Ce projet d’engagement me permet de découvrir une culture, de rencontrer de nouvelles personnes, de transmettre mes connaissances à des jeunes et à des associations. Seul le volontariat donne cette liberté, c’est une expérience unique et exceptionnelle que le dispositif de VSI offre.
Quelle est ta mission en tant que volontaire ?
Depuis octobre 2020, j’effectue un VSI avec Solidarité Laïque à Dakar. Ma mission se déroule au sein du Laboratoire d’Innovations Sociales (LABIS) mise en place dans le cadre du programme compétence pour demain (CPD) que Solidarité Laïque a développé, avec le soutien financier de l’AFD. Cet espace se constitue comme un tiers-lieu avec de nombreuses possibilités pour les jeunes. Le projet est présent dans 6 pays en Afrique francophone, qui a donné naissance aux différents LABIS. Le but de ces lieux étant de développer l’engagement citoyen, l’employabilité des jeunes et d’offrir les compétences nécessaires pour impacter positivement son territoire. De plus dans le cadre de ma mission j’ai développé un projet dénommé « Citoyenneté CI SAMA GOKH » en wolof qui veut dire, « citoyenneté dans mon quartier ». L’objectif de ce projet est d’insérer dans l’éducation des jeunes issus des territoires d’interventions du LABIS, les problématiques liées à la bonne gouvernance politique et la protection de leur environnement, en plaçant les jeunes en tant qu’acteur de changement. Il s’agit de mettre en place des « clubs de jeunes engagés » dans plusieurs quartiers. Conçus comme des lieux où les jeunes pourront échanger et débattre directement avec les acteurs politiques et de la société civile, être formés sur les questions de démocratie participative, ils seront des lieux de rassemblement fédérateurs autour de la question du vivre-ensemble et travailleront avec les collectivités et les communautés.
Composés de 10 à 20 jeunes, à parité femmes et hommes, chaque club est accompagné par deux encadreurs formés à cet effet. Un.e des membres est élu.e par ses pair.e.s comme président.e et forme avec l’appui des encadreurs un bureau exécutif avec au plus 5 membres.
Je dispense également des formations et travaille sur l’aspect reporting du projet. Nous avons organisé plusieurs actions citoyennes dans différents endroits.
Enfin, nous avons un projet en cours, qui est de faire du LABIS, un espace international, un lieu dédié à la solidarité internationale et à l’interculturalité, pour promouvoir à la base le volontariat au Sénégal.
Quelles ont été tes premières impressions à ton arrivée ?
Tout d’abord, je suis parti en pleine pandémie de la Covid-19. La gestion de la crise est totalement différente au Sénégal par rapport au Burkina Faso. Les espaces publics étaient fermés mais les bus bondés par exemple. La promotion du wolof est très impressionnante, il est fondamental de parler wolof pour s’intégrer pleinement.
En banlieue, beaucoup de jeunes travaillent dans l’informel. Leur mobilisation est complexe en raison de leurs activités, des perdiems doivent être prévus pour les capter.
Enfin, Dakar est une belle ville, les infrastructures y sont beaucoup plus développées qu’à Ouagadougou.
Qu’as-tu appris et transmis ?
Au LABIS, j’ai beaucoup appris sur les techniques d’animation et d’accompagnement des jeunes. J’ai pu développer ma capacité d’écoute, ma manière de travailler, la confiance en moi et une bonne communication avec l’équipe.
J’ai pu appuyer et accompagner des jeunes en matière de citoyenneté. En effet, les actions de plaidoyer que j’ai pu réaliser sur l’importance de la jeunesse, du vivre ensemble, des communautés de quartiers, des activités d’intérêt général, ont permis aux jeunes des différents quartiers de gagner en prise de conscience. Grâce à mon expérience en France et ma nationalité burkinabè, j’apporte un regard neuf sur le territoire sénégalais, et je peux partager mon expérience de vie aux jeunes.
Quelles ont été les plus grandes difficultés rencontrées ?
La première difficulté a été la barrière de la langue, peu de jeunes sénégalais parle français sur ma zone d’intervention. L’accent des sénégalais est très fort lorsqu’ils parlent français, cela rend difficile la compréhension. C’est également toute une organisation pour réussir à mobiliser des jeunes qui travaillent dans l’informel. Les jeunes qui n’ont pas cette fibre associative sont peu sensibles à la citoyenneté, et les notions de bénévolat peu connues. Mais des solutions ont pu être trouvées grâce à la persévérance, et 6 jeunes qui étaient déjà dans des associations de jeunes de la commune ont pu fédérer les autres jeunes.
La deuxième difficulté est la mobilité sur le territoire, le bus est toujours bondé et il y a des pickpockets. La formule du taxi à 4 semble être la meilleure solution que j’ai trouvée.
Quels sont tes projets post-volontariat ?
Je souhaite voir mon contrat de VSI à Dakar renouvelé pour me perfectionner dans ce programme, en matière de gestion de projet et des risques, avec des acteurs de la société civile. D’après moi, deux ans sont nécessaires pour acquérir de solides compétences. De plus, je souhaite finaliser les projets développés avec les jeunes pour en assurer la pérennité une fois mon départ.
Après cette mission, je me verrais bien partir en VSI en France si j’en ai l’opportunité ou sinon continuer avec Solidarité Laïque.
Une anecdote à nous raconter ?
Chaque vendredi, les services publics ne fonctionnent plus après la prière Jumu’ah. Ils reprennent le lundi matin.
Un conseil aux futurs volontaires ?
Les dispositifs de volontariat permettent d’acquérir des savoir-faire et savoir-être. J’encourage tout jeune ou moins jeune qui souhaite s’engager, car on apprend et on apporte beaucoup également. On contribue à un monde sans frontière, ouvert à tous, où on peut partir vivre au sein d’une nouvelle culture et apprendre aux locaux et des locaux.
Je souhaite que chacun dans son parcours, puisse vivre une expérience de volontariat dans sa vie !