Bénédicte, un engagement pour la santé communautaire en Haute-Guinée
Elle participe à un programme qui vise à réduire la mortalité materno-infantile en zone rurale
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je suis Bénédicte Fontant, âgée de 30 ans, originaire de la région parisienne. En septembre 2023, je suis partie pour deux ans en volontariat de solidarité internationale (VSI) à Kankan, en Haute-Guinée, avec l’ONG Inter Aide. Depuis neuf mois, je suis responsable d’un programme de santé communautaire.
Peux-tu présenter ta structure d’accueil ?
Inter Aide est une ONG française fondée il y a une quarantaine d’années. Elle se consacre au développement des personnes vulnérables dans des zones rurales isolées de pays très pauvres. Présente dans sept pays, principalement en Afrique (Madagascar, Mozambique, Malawi, Éthiopie, Sierra-Léone et Guinée) ainsi qu’à Haïti, elle se concentre sur quatre grandes thématiques de développement :
- Agriculture et reforestation
- Eau, hygiène et assainissement (EHA)
- Santé communautaire
- Éducation
Les programmes d’Inter Aide peuvent durer plusieurs dizaines d’années, avec une approche centrée sur la compréhension des besoins et la recherche de la durabilité et de l’impact. La Guinée est le dernier pays intégré par Inter Aide, avec deux programmes (EHA et santé communautaire) démarrés début 2022, après une phase de diagnostic rigoureuse commencée en 2017.
Quelles sont les motivations qui t’ont poussée à t’engager dans la solidarité internationale, et plus particulièrement en Guinée ?
Mon engagement dans la solidarité internationale découle de ma formation initiale. Après mon diplôme d’infirmière, j’ai obtenu un master en gestion de projet dans la solidarité internationale et l’action sociale. J’ai ensuite effectué deux premières missions en ONG : à Damas (Syrie) et à Dakar (Sénégal) comme VSI pendant un an. Après une pause de cinq ans en France, l’envie de repartir était forte, bien que mêlée d’hésitations. Finalement, j’ai choisi de faire confiance à Inter Aide qui me proposait un poste passionnant au Mozambique ou en Guinée. La Guinée m’a attirée davantage en raison de ma précédente expérience au Sénégal, et on m’a décrit ce pays méconnu comme magnifique, ce que je confirme !
Quels sont les principaux défis auxquels tu es confrontée dans ton travail quotidien ?
Je fais face à de nombreux défis :
- Établir ma légitimité en tant que jeune professionnelle, étrangère, et femme
- Comprendre et accepter l’environnement où je vis et travaille
- Gérer les relations interculturelles avec mon équipe et mes partenaires
- Manager une équipe d’une dizaine de personnes, une nouveauté pour moi
- Faire face à l’isolement géographique à Kankan, une ville éloignée avec peu d’étrangers
- Lutter contre le découragement face aux nombreux défis en Guinée
- Évaluer l’impact de notre travail dans un contexte où les données sont rarement fiables
Pour m’aider, je peux compter sur une équipe locale compétente et motivée, un bon accompagnement de mes responsables en France, et surtout, une passion pour mon travail qui me permet de m’épanouir professionnellement.
Quels sont les projets spécifiques sur lesquels tu travailles et quelles sont leurs impacts sur les communautés ?
Notre programme vise à réduire la mortalité materno-infantile en zone rurale, où les enfants meurent souvent du paludisme, de la diarrhée et des infections respiratoires, ainsi que de nombreux mort-nés. Nous renforçons un système de santé communautaire de proximité en formant et accompagnant les relais communautaires (agents de santé villageois) et les chefs de postes de santé. Parallèlement, nous menons des activités de sensibilisation auprès des communautés pour prévenir les maladies fréquentes et encourager des comportements de recherche de soins. Nous travaillons en partenariat avec les Centres de Santé ruraux et la Direction Préfectorale de la Santé de Kankan. Actuellement, nous agissons auprès de deux communes rurales et prévoyons d’étendre notre intervention. L’impact de ce travail est la réduction de la mortalité infantile et l’augmentation de la demande de soins, que nous évaluons actuellement avec une enquête de mortalité et de pratiques.
Un accomplissement dont tu es fière durant ta mission ?
Je suis particulièrement fière de la mise en place d’un stage pratique pour les relais communautaires (ReCo) au Centre de Santé. Ce stage avait pour objectif de renforcer leurs compétences, évaluer leur progression, et impliquer le Centre de Santé dans leur accompagnement. Les résultats ont été très satisfaisants, atteignant nos objectifs et apportant une grande satisfaction à toutes les parties prenantes.
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui veut faire du volontariat à l’international ?
Si vous envisagez de partir pour une longue durée (deux ans), commencez peut-être par une expérience plus courte pour voir si vous êtes à l’aise dans ce domaine. Le choix du pays n’est pas primordial ; ce qui compte, c’est de se sentir utile et motivé par le projet, à l’aise avec les responsabilités, et en phase avec l’ONG d’envoi. Cette expérience vous apportera ouverture d’esprit, découverte interculturelle, aventure humaine, joie de rendre service, dépassement de soi, et acquisition de nouvelles compétences professionnelles. Allez-y, foncez !
Quels sont tes projets pour la suite ?
La fin de ma mission n’est pas encore proche, mais je prévois de revenir en France pour travailler dans l’action sociale, où les défis sont nombreux et variés. Je pourrais aussi m’orienter vers l’entrepreneuriat social et solidaire, ou travailler pour une ONG internationale basée en France avec des missions à l’étranger. Ce qui est certain, c’est que cette mission en Guinée ne sera pas ma dernière expérience de solidarité internationale.
Quel est le meilleur moment que tu retiens dans ta mission ?
Personnellement, la traversée en convoi de motos à travers la magnifique Guinée pour assister à un événement en Guinée Forestière a été une aventure mémorable. Professionnellement, la joie partagée avec la communauté lors des animations de masse, avec des percussions, danses et scènes de théâtre, a été un moment fort. Enfin, chaque avancée réalisée en équipe est un moment précieux où nous prenons le temps de nous réjouir et de nous féliciter.