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10 nov. 20

Camille, une volontaire mobilisée et investie en faveur de la gestion des déchets

Emplie de valeurs et de convictions environnementales, et plus particulièrement en faveur de la gestion des déchets, Camille s'est engagée dans une mission de Volontariat de Solidarité Internationale (VSI) d'abord à Madagascar, puis aux Seychelles. En près de 3 ans d'engagement, elle revient sur son parcours, son adaptation et ses différents investissements contribuant au développement des projets sociaux et éducatifs en lien avec la préservation de l’environnement.

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Camille, j’ai 30 ans, je suis originaire du Tampon et je suis titulaire d’un Master 2 en Génie Urbain et de l’Environnement. Actuellement, je suis Volontaire de solidarité internationale (VSI)[1] aux Seychelles en tant qu’assistante technique pour la gestion des déchets auprès de l’agence nationale en charge de la collecte des déchets municipaux et de la gestion du centre d’enfouissement, la LWMA (Landscape and Waste Management Agency). Cette mission est portée par l’association France Volontaires, et s’inscrit dans le cadre d’une coopération décentralisée entre les Villes de Victoria (Les Seychelles) et La Possession (La Réunion).

Quel a été ton parcours ?

Mes 5 années universitaires se sont déroulées au Campus du Tampon où j’y ai étudié les Sciences de l’Homme et de l’Environnement. Emplie de valeurs et de convictions environnementales transmises et acquises lors de mes études, ma recherche de travail sur mon île ne fut malheureusement pas sans difficultés. C’est donc naturellement que je me suis évadée à Madagascar en 2016 au sein de la merveilleuse association AZIMUT, qui permet de s’investir sur des projets sociaux, éducatifs, et environnementaux pour la ville de Diego-Suarez. Ces trois mois m’ont montré le visage d’un autre monde auquel je m’y suis très vite attachée, retrouvée même je dirais. A mon retour, je me suis engagée en tant que VSI au sein de la commune urbaine de l’Ile Sainte-Marie, à Madagascar, avec pour principales missions la sensibilisation sur l’impact des déchets, la valorisation de déchets organiques, et la recherche de solutions pour le tri.

Deux années de volontariat se sont écoulées sur cette authentique île malgache. J’ai également pu appuyer les initiatives du TCO via la création d’une bibliothèque municipale gérée aujourd’hui par une association active et bienveillante, l’Association Des Rêves. Mon implication s’est aussi étendue auprès d’une association locale, la PCADDISM, œuvrant dans beaucoup de domaines dont principalement l’émergence de projets générateurs de revenus, ainsi que la mise en place d’une Nouvelle Aire Protégée. Tellement attachée à cette île, je décide de m’y installer dans l’espoir de monter des projets personnels mais cela s’est avéré plus complexe que prévu. En octobre 2019, je m’envole vers d’autres latitudes india-océaniques pour une nouvelle mission de VSI aux Seychelles.

Parle-nous de ta mission de VSI aux Seychelles.

Ma mission actuelle a pour but d’accompagner la LWMA dans le développement de solutions pour le tri des déchets. Cet appui technique a pu se faire grâce à l’expertise de CYCLEA, gestionnaire du centre de tri pour le territoire du TCO et dont la Ville de la Possession fait partie. Ce début d’année 2020 a été caractérisé par la création d’un projet pilote de gestion des déchets pour un jeune district des Seychelles : Persévérance. Attendant environ 5 500 personnes en 2021, ce district érigé sur un îlot artificiel il y a 10 ans, représente la plus forte densité des Seychelles et est affecté par un manque de dispositifs pour la gestion des déchets. Face à cette situation, la LWMA a dû réfléchir à des solutions bien avant mon arrivée : 1 000 poubelles avaient ainsi été commandées pour démarrer une collecte en porte à porte. Ce mode de collecte des déchets est innovant pour les Seychelles qui, aujourd’hui, collectent l’ensemble des déchets uniquement via des points de regroupements. Mon implication dans ce projet est donc de permettre ce nouveau mode de collecte pour le premier trimestre de l’année 2021. En complément, nous avons réfléchi à des actions de sensibilisation sur le tri et la réduction des déchets. Ce sont donc des matinées de délocalisations des centres de rachat des bouteilles en plastique et des cannettes qui ont été organisées et d’ici peu de temps, nous travaillerons de concert avec une association locale pour sensibiliser sur le recours au compostage individuel mais aussi collectif. 

Quels ont été les projets dont tu es particulièrement fière d’avoir contribué ?

Le premier projet qui m’a tenu à cœur a été la création d’une station pilote de compostage au niveau du marché de la Commune Urbaine de Sainte-Marie, à Madagascar. Compost qui a été utilisé dans le cadre du projet « Prenons soins de notre Terre » co-imaginé avec Stéphanie, colocataire et chère acolyte de vie, aujourd’hui également Volontaire de solidarité internationale au sein de la Circonscription scolaire (CISCO) de l’île. Un autre projet, celui de sensibilisation sur le recyclage des déchets porté avec l’Alliance Française de Sainte-Marie et son ancienne directrice, également VSI et aujourd’hui amie, Valérie, avec la participation de l’école d’Ambodifotatra. Deux structures de La Réunion ont participé à ce projet : l’association RduTemps où des masques ont été fabriqués à partir de déchets collectés sur une plage, ainsi qu’un artiste musicien, Loïc Simon, passionné et adepte de la création d’instruments à partir d’objets recyclés. 

Comment s’est passé ton adaptation sur les deux îles ?

M’adapter aux Seychelles fut quelque chose de facile dans le sens où le mode de vie n’est pas grandement différent celui de La Réunion : une maison confortable et équipée, un réseau routier efficace, de bonnes conditions de travail. À Madagascar, ce fut quelque peu différent : bien qu’ayant habité en ville, ma rue devenait un fleuve à chaque pluie, les coupures d’électricité étaient récurrentes, les routes chaotiques, et quand on s’écarte des zones urbanisées, on vit dans des maisons on ne peut plus “au naturel”. Mais ce n’est pas pour autant que mon adaptation fut difficile, car je pense que c’est tout un processus d’intégration qui s’enclenche. En fait, je n’ai pas cherché vraiment à m’adapter mais plus à m’intégrer. Et c’est ce qui a fait que tout s’est passé naturellement. Du moment où l’on se positionne d’égal à égal, et que l’on tente de comprendre et de contextualiser les choses qui nous semblent différentes de nos habitudes et de nos croyances, notre adaptation se passe de la meilleure des façons. Et pour ma part, mon adaptation s’est tellement bien passée que je me sens souvent plus proche de ce mode de vie malgache aujourd’hui, où la place de l’humain et de son rapport à son environnement et ce qui l’entoure sont essentiels.

Après 3 années de VSI, quel bilan tires-tu ?

Cette acceptation de l’autre, cette intégration à une nouvelle culture, à des nouveaux modes de vie différents ont été riches d’enseignements. Autant d’un point de vue personnel que professionnel, j’ai appris à mieux me connaitre.  Sortir de ma vie réunionnaise, et de mes habitudes quotidiennes m’ont permis de voir, comprendre ce qui est le plus important pour moi et d’y mettre des mots. Une fois définies, ces valeurs que je défends aujourd’hui m’apportent tous les jours un peu plus d’affirmation de ce que je suis et donc de confiance en moi. 

Ces différentes missions de volontariat à Madagascar et aux Seychelles m’ont aussi appris que chaque territoire possède ses forces et ses faiblesses et que la solidarité est donc quelque chose de primordial dans nos sociétés actuelles. Cette solidarité doit se retrouver dans notre quotidien, en arrêtant de creuser des fossés entre des personnes, des cultures, des catégories sociales, ou encore des compétences. Le volontariat de solidarité à l’international est un véritable levier pour développer des compétences professionnelles, mais aussi pour enrichir des parcours de vie à tout un chacun tout en permettant à des structures d’obtenir un appui et un nouveau regard sur de nouveaux savoir-faire. Enfin, je dirai que mon parcours dans l’océan Indien m’a permis de mieux comprendre notre histoire commune, notre connexion et nos différences. J’ai pu mieux cerner les enjeux auxquels nos îles font face et ceci renforce mon idée que nous devons tous être solidaires, et encore plus dans le domaine de la gestion des déchets. 

[1] Mission de volontariat cofinancée par France Volontaires, la Commune de la Possession et l’Union Européenne (Fonds INTERREG V Océan Indien)

A voir ou à revoir : l’engagement de Camille à Madagascar