Carole s’implique dans la protection d’une forêt primaire en Côte d’Ivoire
Arriver dans un autre pays, c’est laisser son cerveau d’européen à l’aéroport, pour arriver sans jugement et s’imprégner de l’environnement local.
De décembre 2018 à novembre 2023, Carole s’est engagée en tant que volontaire à la Wild Chimpanzee Foundation (WCF). Envoyée par le Service de coopération au développement (SCD), Carole était coordinatrice des activités et responsable du programme d’écotourisme à Taï, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. Elle revient sur ses cinq années de volontariat pour la protection de la nature et notamment de la forêt primaire de Taï.
- Que fait la WCF pour la conservation des forêts et le développement économique local en Côte d’Ivoire ?
La WCF est une ONG de protection de la nature, présente en Côte d’Ivoire, et particulièrement à Taï depuis les années 2000. Parmi les actions menées, la WCF travaille main dans la main avec le gestionnaire (l’Office Ivoirien des parcs et réserves – OIPR) du Parc National de Taï pour une meilleure compréhension, et donc une meilleure conservation de cette forêt primaire.
En plus du suivi écologique (comptage d’animaux, expérimentation de nouvelles méthodes de suivi, de collecte de données), la WCF a développé, en partenariat avec l’OIPR et la mairie de Taï, un projet d’écotourisme. Ces projets permettent un développement économique dans la zone : une trentaine de personnes issues des communautés riveraines au Parc travaillent à la WCF, notamment les femmes et les jeunes qui sont le plus impactés par le chômage en Côte d’Ivoire, mais aussi les projets communautaires environnants (permaculture, cacao responsable, couture, village écotouristique) qui représentent à nouveau une vingtaine de personnes bénéficiaires.
- Peux-tu nous expliquer en quoi consiste le programme d’écotourisme à Taï et quelles étaient tes activités dans ce cadre ?
Le projet d’écotourisme a été créé pour que les communautés riveraines au Parc National de Taï, puissent bénéficier économiquement de la bonne conservation de cette aire protégée. Le projet Ecotourisme Taï permet d’accueillir des visiteurs au cœur de la forêt ainsi qu’en immersion dans un village traditionnel. Ma mission consistait à répondre aux touristes, puis organiser leur séjour au parc, faire en sorte que tout se passe bien ! Cela implique une grande organisation sur place, qui, grâce à une équipe d’éco-guides et d’agents motivés et passionnés, nous a permis d’atteindre plus de 90% de satisfaction touristique pendant les 5 ans où j’étais à la coordination !
- Pourquoi as-tu eu envie de prendre part à cette mission de VSI ?
Je suis arrivée en Côte d’Ivoire pour faire un service civique d’un an en décembre 2017. Ma mission était de superviser une équipe de suivi écologique, concrètement, on marchait en forêt et on comptait les singes. Je suis tombée amoureuse de cette forêt primaire aux milles trésors, je ne voulais plus repartir ! La WCF m’a alors proposé de coordonner les projets, depuis Taï, pour rester ancrée dans ce paysage que j’aimais tant.
- Un accomplissement dont tu es fière durant ta mission ?
J’espère avoir réussi à améliorer ce projet, que ce soit au village de Taï, au projet communautaire de Daobly ou encore dans le Parc, je me suis impliquée très fortement pour offrir de meilleures conditions de travail, de nouveaux emplois, ou juste parfois, une écoute attentive. Ce dont je suis le plus fière, c’est d’avoir rencontré des personnes formidables, engagées, qui m’ont appris énormément : de la faune du Parc, sa flore, mais aussi les traditions locales, la cuisine, le langage.
- Quelles difficultés peut-on rencontrer dans ce genre de mission ?
C’était une mission à 200% pendant cinq ans, et je crois que le plus dur, c’est de prendre de la distance par rapport à tout ce qui peut arriver. Des imprévus, il y en a toujours, mais à Taï, il faut apprendre à faire preuve de résilience, et parfois d’imagination pour solutionner une situation. L’isolement peut être aussi parfois difficile, car Abidjan est à une journée de route, et il n’y a pas de pizza à Taï ! (rires).
- Quel bilan retire-tu de cette mission ?
Partir à l’étranger pour une mission d’une ou plusieurs années et être réellement immergée dans une culture différente, est une expérience que tout jeune devrait tenter. On apprend sur soi (la patience, la résilience, la communication), sur les autres (une autre manière de vivre, plus simple sans les artifices que l’on croit si nécessaires à notre bien-être) et bien sûr, c’est une superbe expérience professionnelle. J’ai eu la chance que la WCF me laisse beaucoup de libertés, j’ai ainsi pu tester de nombreux projets et à différents niveaux, techniques comme administratifs.
- Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui veut faire du volontariat à l’international ?
Il ne faut pas hésiter : une année, ce n’est pas si long, et parfois on décide de rester cinq ans de plus !
Aussi, arriver dans un autre pays, c’est laisser son cerveau d’européen à l’aéroport, pour arriver sans jugement et s’imprégner de l’environnement local !