Caroline, volontaire en service civique et “ambassadrice de l’eau” au Togo
De retour en France après une mission de service civique au Togo, Caroline partage sa riche expérience.
Peux tu te présenter en quelques mots et nous raconter ton parcours ?
Je m’appelle Caroline Cleuziou, j’ai 26 ans et je suis ingénieure en énergie et spécialisée dans le domaine de l’éolien en France.
Pourquoi avoir choisi de t’engager comme volontaire ?
Depuis plusieurs années je suis intéressée par les énergies renouvelables, le continent africain, la solidarité et les questions autour du développement des énergies renouvelables sur ce territoire attirent aussi ma curiosité.
J’ai réalisé plusieurs missions associatives ou professionnelles en France dans ces différents domaines mais j’ai toujours eu l’envie de réaliser une mission d’aide au développement à l’étranger.
De plus, les pays africains m’ont attiré à travers les différents témoignages de mon entourage.
En 2019, j’ai donc décidé de quitter mon travail en France afin de rejoindre l’association Note d’Espoir Pour Tous et de réaliser une mission de service civique intitulée: “Ambassadrice de l’eau”, pendant un an au Togo. Sur place, j’ai rejoint six autres volontaires françaises et togolais affectés à des missions dans d’autres projets de l’association.
Peux-tu citer les compétences acquises au cours de ta mission de volontariat ?
Grâce à cette mission de volontariat, j’ai acquis différentes compétences comme l’organisation et l’animation de réunion de projets avec toutes les parties prenantes ainsi que la logistique autour des projets de développement. J’ai également pu apprendre le fonctionnement des structures et services publics togolais. Enfin j’ai eu l’opportunité de développer mes compétences dans les relations humaines.
Je me suis également beaucoup plu dans l’animation auprès du jeune public ainsi que des adolescents.
Peux-tu nous parler de ta mission ?
Afin de mieux comprendre la mission, je souhaite vous présenter d’abord l’association grâce à laquelle je suis partie. En effet, j’ai effectué ma mission au sein de l’association franco-togolaise Note d’Espoir Pour Tous (NET). Cette association est connue et reconnue dans le village de Tado pour ses nombreuses actions sociales qui ont débuté en 2014. Ce village se situe à environ 150 kilomètres de la capitale togolaise. L’association y a mené divers projets comme la construction d’une bibliothèque à Tado; la construction d’une école dans le village de Halimé (village situé à 3km de Tado) mais également l’électrification du dispensaire (centre de santé) et de la bibliothèque de Tado. L’association fait appel à des partenaires spécialisés dans les domaines d’actions de ses projets afin qu’ils apportent leur expertise et alors la pérennité des projets est assurée.
Ma mission principale avec NET était de participer à un projet visant l’amélioration de l’accès à l’eau potable et l’assainissement pour la population de Tado. Ce projet d’envergure est mené en partenariat avec La Fondation EDF et l’association Aquassistance. Ma mission était de coordonner les tâches à accomplir préalablement aux travaux qui seront réalisés. Pendant ces quelques mois, j’ai accompagné un groupe de personnes responsable de la gestion de l’eau, participé à plusieurs réunions de suivi du projet, rencontré le Maire de la commune ainsi que les autorités responsables de la distribution de l’eau au Togo. J’ai aussi organisé avec les autres volontaires des actions de sensibilisation de la population autour de l’hygiène et de l’eau potable.
En parallèle de la mission principale, j’ai eu l’opportunité de m’investir dans d’autres missions telles que l’animation de club pour enfants le mercredi après-midi.
Avec une autre membre de l’association, nous avons organisé des ateliers de création, de chansons et aussi proposé des restitutions à la radio locale pendant un créneau qui nous était destiné. De plus, j’ai participé à animer un club de théâtre au collège et apporter mon soutien aux professeurs de mathématiques en accompagnant les troisièmes pour des travaux dirigés en prévision des examens.
Quels sont tes meilleurs souvenirs ?
Mes meilleurs souvenirs de mission sont nombreux mais les moments que j’ai appréciés le plus ont été les moments d’échanges et de discussions avec la population locale autour de leurs besoins et des projets de l’association. J’ai également de très bons souvenirs des animations que nous avons organisées avec les autres volontaires dans les écoles pour sensibiliser aux gestes simples du quotidien autour de l’hygiène et de la santé.
Les moments de création et de partage avec les collégiens au club théâtre ou les enfants le mercredi après midi sont très marquants dans mon esprit.
Plus généralement, je dirais qu’un ensemble d’événements du quotidien constitue mes meilleurs souvenirs de cette incroyable expérience. Il s’agit entre autres des trajets entre Lomé et Tado en taxi brousse avec les autres passagers; les après midi passés à faire de la lecture aux enfants. Je garde aussi en tête la fois où nous sommes allées visiter une fabrication de vin de palme ou encore la cueillette des mangues avec les enfants.
Quelles sont tes plus grandes difficultés ?
Je n’ai pas le souvenir d’avoir rencontré de grandes difficultés pendant cette mission; c’est vrai que le rythme de la vie au village est complètement différent de celui que je pouvais avoir en France, mais je m’y suis adaptée assez rapidement.
Au début, je reconnais que la chaleur est un paramètre auquel j’ai mis environ un mois à m’acclimater.
Quelles sont, selon toi, les trois qualités essentielles pour devenir volontaire ?
Pour partir un an en mission, les trois qualités suivantes sont nécessaires : l‘ouverture d’esprit, pour comprendre les autres et se sentir à l’aise; l’adaptation afin de faire face aux difficultés et aux imprévus et aussi la curiosité pour comprendre son nouvel environnement et s’y épanouir pleinement.
De plus, il faut surtout être motivée, avoir un attrait important pour une mission, un pays ou l’envie de découvrir quelque chose de complètement différent.
Qu’as tu appris durant ton expérience ?
Pendant cette expérience, j’ai appris sur la vie en groupe et l’interculturalité. J’ai compris l’importance de se mettre à la place de l’autre et d’essayer de le comprendre même si nous n’avons pas les mêmes codes. J’ai été surprise de voir à quel point on peut se comprendre très facilement même si on est de cultures éloignées.
Je crois aussi que j’ai appris sur l’adaptation dans un milieu privé du confort européen. Les personnes rencontrées sont une belle source d’inspiration : leur manière de vivre simplement, l’espoir qui les anime malgré la rudesse de la vie, leur joie de vivre et surtout les valeurs qu’elles incarnent comme celle du partage.
Sur place, le fait de relativiser et de rester optimiste même si les projets ne respectent pas le planning initial ou qu’il n’est pas possible de réaliser les tâches comme prévues font partie des choses qu’on apprend.
Après le volontariat
Comment s’est passé ton retour en France ?
Je suis rentrée en France dans un contexte particulier. En effet, j’ai été rapatriée le 30 mars de Lomé vers Paris à cause de la crise sanitaire du coronavirus. Tous les volontaires en service civique ont été rapatriés et les missions ont été suspendues.
Pendant le confinement, j’ai eu l’occasion de “digérer” l’expérience vécue et ensuite d’essayer de réfléchir sur mon avenir. Le retour a été difficile car je ne m’y attendais pas du tout et mon retour en France me paraissait encore très loin. Je n’y étais pas du tout préparée.
Je me suis mise à la recherche d’un emploi, et je viens d’un secteur qui continuait de recruter pendant cette crise. C’est ainsi que j’ai retrouvé un poste relativement rapidement dans le domaine qui me passionne toujours, celui des énergies renouvelables.
En parallèle, de cette reprise d’activité et des retrouvailles avec les proches, je reste en contact très régulièrement avec l’association NET ainsi que mes amis au Togo.
Aujourd’hui que fais-tu, quelles sont tes missions ?
A mon retour en France, j’ai décidé de rejoindre l’association Aquassistance, dans le but de suivre de près les avancées du projet sur lequel je me suis investie et de répondre éventuellement aux questions des bénévoles de l’association. J’ai également rejoint cette association dans l’espoir de peut-être accompagner le projet directement sur place.
Ensuite, j’ai d’autres projets en tête pour le développement du village de Tado au Togo. J’ai l’idée d’un projet de bibliothèque connectée avec un accès Wifi et des ordinateurs à disposition pour la population.
Enfin, j’ai l’intention de m’investir également dans ma nouvelle ville, dans des associations de solidarité en France.
Avec le recul, quelle expérience tires-tu de ton année de Service Civique ?
Avec le recul, je retiens une expérience extrêmement riche humainement. Même si elle a dû prendre fin subitement à cause de la crise du coronavirus, je ne regrette pas un seul instant d’être partie pour réaliser ce service civique de six mois au Togo avec l’association Note d’Espoir Pour Tous.
Cette expérience m’a permis d’apprendre énormément sur la culture togolaise, les projets de développement, les conditions de vie en Afrique. J’ai compris que la mise en place de projet comme celui de l’amélioration de l’accès à l’eau potable est complexe et peut prendre beaucoup de temps avant d’être opérationnel.
J’ai eu également la chance de faire de très belles rencontres tout au long de ces six mois, des volontaires français, togolais, des personnes rencontrées dans le cadre des projets mais également de belles amitiés tissées avec des habitants. D’ailleurs je tiens à cœur de garder un contact avec mes amis rencontrés au Togo, ces échanges réguliers me nourrissent et et me sont nécessaires.
Aujourd’hui, je réalise à quel point ce séjour m’a permis de mettre de nouvelles priorités dans ma vie, comme celle d’accorder plus d’importance et de temps à l’humain dans mon quotidien. J’ai besoin de connexion sociale mais également de me rendre utile pour me sentir entièrement accomplie. D’ailleurs, j’aime beaucoup cette phrase de Jean-Paul II qui me fait écho: “ La vie ne sert à rien si on ne sert pas”.
J’ai également pris du recul sur les conditions de vie, de travail et le confort dans lequel on se trouve en France et pour lesquelles je suis très reconnaissante.
Pour finir, ce qui a pu changé aussi chez moi est le fait que j’apprécie encore plus la musique dans mon quotidien.