Claire, volontaire de solidarité internationale en Haïti
Claire, est volontaire de solidarité internationale (VSI) en Haïti. Responsable administratif et financier à l’Institution Notre Dame de la Médaille Miraculeuse, elle nous raconte son expérience de volontariat.
« Je m’appelle Claire, 26 ans, volontaire mobilisée par la Délégation Catholique pour la Coopération (DCC). Je suis arrivée en Haiti en février 2019. Ce fut une arrivée un peu mouvementée, mais j’ai bien été suivie et très bien accueillie par mon partenaire local et les Haïtiens en général.
J’étais loin du domaine de l’action humanitaire et du développement. Diplômée en 2016 d’un master en management des ressources humaines, j’ai travaillé pendant près de 2 ans dans un cabinet de conseil en RH avant de partir en volontariat. Toutefois, cette expérience professionnelle m’a préparée à avoir plus confiance en moi et à me lancer vers l’inconnu.
En Haïti, je suis responsable administratif et financier au sein de l’Institution Notre Dame de la Médaille Miraculeuse au Cap-Haïtien. Créée en 2001, l’institution agit pour le développement et l’éducation des enfants les plus défavorisés au travers d’une école et d’un orphelinat. Près de 350 enfants y sont scolarisés, 70 accueillis et une dizaine d’autres soutenus. L’institution permet de scolariser des enfants qui n’auraient jamais eu accès à l’éducation autrement et propose un cadre bienveillant pour que l’enfant puisse aussi s’épanouir et se développer humainement.
J’interviens à la suite de nombreux volontaires. En effet, l’institution accueille toute l’année des volontaires pour des durées plus ou moins longues. J’interviens sur la gestion administrative et financière de l’institut. Je forme une jeune haïtienne pour assurer la continuité de l’activité et je suis aussi chargée de la recherche de fonds et de la communication.
Depuis des années au travers du scoutisme, j’ai appris les valeurs de service et d’engagement auprès des populations les plus démunies.
Avide de découvrir un pays et une autre culture, j’ai choisi de vivre une rencontre interculturelle en vivant et travaillant sur place.
C’est aussi une expérience humaine et spirituelle que je souhaite vivre. Se poser la question du sens de notre action, discerner où est l’essentiel, ou encore oser agir et aller de l’avant. J’oserai dire aussi que je souhaite me laisser heurter par les aléas de mon expérience pour mieux évoluer et me dépasser.
L’aspect que je préfère dans ma mission est le sens du concret. Je travaille et vis au sein même de l’orphelinat. Je vois les fruits de l’action de l’Institution au quotidien et tisse des liens avec les enfants. Cela donne vraiment envie de donner le meilleur de soi-même pour eux.
Je travaille avec une jeune haïtienne. L’objectif est de la former et de faire en sorte que nous soyons complémentaires pour rendre peu à peu l’établissement autonome. C’est intéressant de confronter les points de vue. Je me réjouis de la voir progresser en autonomie et prendre confiance pour être force de proposition et pour qu’elle exprime son avis plus facilement. Ce n’est pas forcément une évidence en Haïti, la méthode d’apprentissage de base est très souvent le « par-cœur ».
Cette mission me permet de développer des compétences en termes de qualités humaines et relationnelles. La plus importante pour moi est la patience. J’ai un tempérament actif et ce n’est pas tous les jours facile de composer avec les contraintes matérielles et mes habitudes culturelles. Il y a toujours un imprévu qui surgit. Cela change de notre société française où nous avons tendance à tout planifier.
Avec ces qualités que je développe pendant ma mission, il y a aussi la confiance, je pense que c’est vraiment une leçon que peut m’apporter Haïti. Malgré toute la misère et les difficultés que traversent les Haïtiens, ils conservent une joie de vivre et ne désespèrent pas. Certains sont eux-mêmes porteurs d’espérance en agissant pour le bien du pays. Je pense notamment à une jeune femme élevée dans un orphelinat venue témoigner auprès des enfants. Elle portait un message fort pour leur faire prendre conscience qu’ils ont de la chance d’être où ils en sont aujourd’hui et qu’ils doivent avoir confiance en eux et être acteur de leur avenir sans se laisser assister.
Il y a aussi l’affirmation de soi. J’ai appris à mes dépends que quand on a besoin que quelqu’un fasse quelque chose il faut être plus directif que ce que j’ai l’habitude d’être. Quand on est une femme, il est d’autant plus important d’être capable de s’affirmer pour asseoir sa légitimité.
Pour parler de ce que j’aime en Haïti, je dirai en premier la nature ! C’est un pays magnifique. Les paysages allient mer et montagnes. J’aime ce contraste entre la stature des montagnes et le vaste océan. Il y a aussi une belle variété de fruits et légumes tropicaux. Je me régale ! Les plages aussi sont très belles.
Ce que je regrette c’est la difficulté à se déplacer. Ce qui m’attriste également c’est le manque de protection de cet environnement naturel à cause de la déforestation et des déchets.
J’aime la gaité des gens. J’aime aussi leur surprenante créativité alors qu’ils n’ont rien.
Pour les projets après ma mission je vais le faire à l’Haïtienne, on verra demain « si dye vle ». Pour le moment, j’ai encore au moins 7 mois à vivre ici, alors je veux vivre à fond cette expérience, mieux découvrir ce pays et faire de belles rencontres. Le retour, j’ai encore un peu de temps pour y penser. Ce que je peux dire c’est que je suis plutôt confiante.
Si j’ai un message à faire passer aux futurs volontaires ou expatriés c’est : « Oubliez les idées préconçues ». Je pense à certaines pratiques éducatives à l’orphelinat qui ont pu me déstabiliser. Il ne faut pas juger trop vite car nous n’avons pas toutes les clefs en main (culture, historique, etc.) pour agir tout seul. »