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30 mai. 16

Constance, volontaire architecte aux Philippines

Découvrez le témoignage de Constance, qui vient de terminer son volontariat en tant que Shelter Project Manager au Secours Islamique France (SIF). Elle revient sur ses expériences volontaires, les évolutions de ses missions et comment elle a vécu le passage du typhon Ruby en décembre 2014.

Bonjour Constance. Peux-tu te présenter en quelques mots ? Quel est ton parcours ?

Je viens de Picardie, j’ai 27 ans et je suis diplômée d’architecture depuis 2012.

Mon parcours volontaire a commencé lorsque je suis parti en VSI avec la Fondation des Architectes de l’Urgence, en 2013 pendant 8 mois. Il s’agissait de participer à la construction d’une maternité en Haïti. Ce fut une expérience enrichissante malgré quelques difficultés. Satisfaite de cette première aventure humanitaire, j’ai souhaité continuer. Mais comme je ne parlais pas anglais, je suis d’abord allée en Angleterre pour faire des petits boulots.

En juin, j’ai rencontré le Secours Islamique France au Salon des Solidarités 2014. Ils cherchaient un candidat pour les Philippines et j’ai déposé ma candidature. En juillet 2014, je partais pour 6 mois de VSI en tant que Shelter Project Manager à Borongan (Samar Oriental). Puis j’ai renouvelé mon volontariat pour 6 mois, début 2015. Le contrat s’est terminé en juillet, mais j’ai continué sur une nouvelle période de 6 mois en CDD.

Quelles étaient tes motivations pour partir en volontariat ?

Durant mon enfance, j’accompagnais mon père lors de ses missions de bénévolat en tant que ophtalmologue au Burkina Faso. Cela m’a donné le goût de l’humanitaire. Puis il y a aussi l’envie de voyager.

Quelle est ta mission en tant que volontaire ? Quelles compétences as-tu développées ?

En tant que Shelter Project Manager, j’ai mis en pratique mes compétences d’architecte pour planifier et suivre des projets de construction d’abris et de sanitaires pour les victimes du typhon Yolanda. J’ai travaillé avec un ingénieur local sur ces projets, ce fut très enrichissant.

Je devais terminer ma mission en début 2015. Mais suite au passage du typhon Ruby, j’ai prolongé mon contrat pour 6 mois. Mon poste a alors évolué et j’ai pris le rôle de Chef de Mission en intérim. Il m’a fallu apprendre et pratiquer de nouvelles compétences : le management, la logistique, la gestion financière. J’ai géré une équipe de 15 à 20 employés locaux.

J’ai eu pour tâche importante de définir les lieux d’implantations des abris. Il a fallu également définir les bénéficiaires possibles, selon des critères de vulnérabilité et de pauvreté, en donnant la priorité aux femmes, aux enfants, aux personnes âgées et aux familles nombreuses. Des kits de constructions ont été distribués aux autres personnes.

Concrètement, le Secours Islamique France a réalisé 100 abris et sanitaires et distribué 100 kits abris en réponse au Typhon Yolanda en 2014. Il a répondu à l’urgence du Typhon Ruby en distribuant 500 kits abris d’urgence et 700 kits eau et dans un second temps, réalisé 100 abris et sanitaires en 2015. Les 200 abris construits par le SIF mesurent 18m2 et les sanitaires 1,4m2, idéalement pour une famille de 5 personnes. Des certificats d’occupations garantissent un droit de propriété des abris pendant 5 à 10 ans.

La construction d’un abri.
(Crédits photos : Constance Colliot)

La population apprend également à construire elle-même des abris grâce à la formation donnée aux charpentiers locaux et aux volontaires « bayanihan » (l’état d’esprit d’entraide et solidarité des communautés Philippines).

Les shelters construits par l’équipe du S.I.F. et le personnal local.
(Crédits photos : Constance Colliot)

Que t’a apporté ta mission sur le plan personnel et professionnel ?

Je ne me rends pas vraiment compte maintenant, mais j’ai surtout appris à gérer le stress et les conflits. A être diplomate.

Durant le passage du typhon Ruby, nous avons dû évacuer et rejoindre un centre d’urgence. L’équipe a été très affectée par le typhon. Pendant et après, j’ai dû soutenir mon équipe tout en devant moi-même faire face à cette situation difficile. Ce fut très éprouvant moralement, mais ça m’a appris à gérer une crise.

Je suis sure qu’avec le temps je vais me rendre compte que cela m’a apporté de nombreuses nouvelles qualité humaines.

Quels ont été les points forts de ta mission ? Les principales difficultés ?

Tout d’abord j’ai vraiment apprécié d’être à la campagne. Ensuite, les Philippins sont extraordinaires, toujours souriants, ils savent dire merci.

La grosse difficulté fut le typhon et l’évacuation pendant 2 jours et ce sans électricité. Je regardais les dessins animés sur mon ordinateur avec les enfants. L’attente fut longue. Il était impossible de communiquer avec l’extérieur. Nous avions heureusement pu signaler notre situation au consulat.

Brièvement, les “plus” et les “moins” de ton volontariat ?

Le SIF est une bonne ONG, assez jeune, mais portant de bonnes valeurs. C’était agréable d’être dans une ONG musulmane dans un pays catholique pour montrer d’autres aspects des religions et favoriser l’échange culturel.

J’ai eu très rapidement beaucoup de responsabilités auxquelles je n’étais pas préparée. Ce fut difficile de tout maîtriser en peu de temps.

Quels sont tes projets post-volontariat ?

Tout d’abord, du repos ! Puis je pense continuer dans le secteur l’humanitaire ou de la solidarité en tant qu’architecte ou dans une mission de management.

Quels conseils donnerais-tu à un futur volontaire ?

De prendre du recul, de ne pas idéaliser l’humanitaire. C’est parfois difficile, mais très enrichissant. On apprend sur soi-même, on enrichit ses capacités professionnelles.

Plus d’informations :

Visitez le site de l’Espace volontariats Philippines