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02 juil. 24
Sénégal

Dix ans après, Bérénice, ancienne VSI de France Volontaires au Sénégal témoigne

Cette expérience m’a permis, à mon retour en France, de sortir de l’univers de la communication et de me réorienter vers un milieu plus social.

Elle fut la première volontaire de solidarité internationale (VSI) de l’Espace Volontariats (EV) du Sénégal, qu’est-elle devenue ?

 

Dix ans après, nous revenons sur l’expérience de volontariat de Bérénice, première VSI de France Volontaires Sénégal déployée dans le cadre de la création de l’Espace Volontariats (EV) de Dakar en 2010. Une expérience inédite sur laquelle elle revient aujourd’hui.

 

Bérénice, peux-tu nous présenter ta mission ?

J’ai été la première VSI chargée d’appui à la communication et aux partenariats auprès de France Volontaires Sénégal, plus particulièrement à l’occasion de la création de l’Espace Volontariats de Dakar de fin 2010 à 2014. A l’époque il s’agissait déjà d’un des tous premiers EV. En tout j’ai passé trois ans en mission, sur la dernière année la mission était double, j’étais à la fois appui à l’EV du Sénégal mais aussi à celui de Guinée-Conakry.

Le Sénégal étant l’un des premiers EV qui a ouvert, on a  beaucoup tâtonné, il n’y avait pas de schéma simple à suivre. Cependant, il y avait déjà ce binôme chargé du développement du volontariat et chargé de communication sous statut VSI, schéma que l’on retrouve aujourd’hui dans tous les EV.  

Une mission passionnante car il y avait énormément de choses et d’outils à mettre en place, le travail ne manquait pas, notamment lorsqu’il s’agissait de faire de la sensibilisation auprès des structures locales, d’informer sur le volontariat français ou bien d’interagir auprès des autres corps de volontaires. Ce fut une opportunité incroyable pour moi puisque l’organisation de la Journée du volontariat français (JVF) s’est faite durant ma mission, j’ai pu participer à l’inauguration de l’événement en organisant les deux premières éditions au Sénégal.

C’était intéressant d’arriver au démarrage car tout était à créer, une liberté qui nous a permis de tester: le Sénégal est une grande terre d’expérimentation en termes de projets et d’initiatives, notamment du fait de la richesse de sa société civile.

Une mission très riche et très intéressante qui m’a permis de sillonner presque tout le Sénégal, de Kédougou à Saint-Louis, pour aller à la rencontre des autorités, volontaires et structures pour promouvoir le volontariat français.

Pourquoi avoir choisi le Volontariat de solidarité Internationale ?

A l’époque je travaillais depuis déjà quatre ans en agence de communication en France et j’avais envie de voir autre chose. Je souhaitais travailler dans un domaine plus social, un peu plus associatif et en France je ne trouvais pas forcément: c’est à ce moment que j’ai découvert France Volontaires et le volontariat. En fait l’aventure a débuté par une candidature spontanée. J’ai envoyé la mienne juste au moment, où parallèlement, les premières missions VSI d’appui aux EV étaient en train de se créer et mon profil correspondait, ce qui me permettait de faire la jonction entre mes compétences en communication et mes aspirations ; travailler dans le développement local, faire du lien avec les associations, évoluer dans la formation des acteurs, la création des premiers outils…

Cette expérience m’a permis, à mon retour en France, de sortir de l’univers de la communication et de me réorienter vers un milieu plus social. Milieu dans lequel aujourd’hui je suis pleinement épanouie.

Pourquoi avoir choisi le Sénégal en particulier ?

J’avais toujours eu envie de partir en Afrique, le continent africain m’intéressait déjà à l’époque. Il est vrai que j’étais plutôt axée Afrique francophone, donc quand l’opportunité s’est présentée avec une mission au Sénégal j’ai décidé de partir.

J’ai vraiment aimé le Sénégal, il faut dire que j’y suis restée pendant plus de trois ans: j’ai en effet prolongé de quelques mois mon séjour après la fin de ma mission de VSI. Aujourd’hui encore je reviens régulièrement en vacances et j’ai gardé le contact avec France Volontaires et les anciens collègues, qui pour certains, sont encore là.

Quels sont les avantages du volontariat selon toi ?

C’est aussi bien une expérience professionnelle qu’humaine, qui permet de partir à la découverte de l’autre et du monde, tout en bénéficiant d’un accompagnement grâce au statut de volontaire. Ce que je disais souvent aux bénévoles que je rencontrais sur le terrain, c’est qu’on ne fait pas du volontariat pour sauver le monde, on se sauve d’abord soi-même et on grandit, on apporte bien sûr, mais on apprend bien plus.

J’avais 25 ans quand je suis arrivée au Sénégal, j’avais déjà un peu d’expérience en France, mais j’ai réellement pu me former ici. Comme c’était la construction de l’EV et que tout était à faire, j’ai pu acquérir très rapidement de nouvelles compétences en termes d’organisation, de rigueur dans le travail, et puis humainement cela m’a apporté une plus grande ouverture d’esprit, des rencontres que je n’aurais pas faites en France, de nouvelles compétences linguistiques avec l’apprentissage de quelques mots de wolof….

Sans cette expérience de volontariat je pense qu’il m’aurait été difficile de me réorienter vers une profession qui me plaît et travailler aujourd’hui dans le domaine du social.

Qu’est-ce qui t’a le plus marqué de ton expérience au Sénégal ?

Ce sont toutes les rencontres que j’ai pu faire, je travaillais aussi bien avec les volontaires, les autres corps de volontariats comme le Corps de la Paix, la JICA ou encore la KOIKA, les Institutions sénégalaises et françaises et puis bien sûr les associations qu’elles soient grandes ou petites. C’est cette pluralité d’acteurs et de rencontres, dans le cadre professionnel mais aussi en dehors de la mission qui m’a beaucoup marquée et apporté.

Aujourd’hui, de cette expérience, il me reste beaucoup de contacts et d’amis. Pour l’instant je suis en vacances au Sénégal pour deux semaines, et c’est un peu la course pour réussir à voir tout le monde, et malheureusement je n’arriverais pas à voir tout le monde. [rires]

Puis bien sûr je ne peux pas parler de mon expérience au Sénégal sans parler de la fameuse Teranga, l’hospitalité sénégalaise, que j’ai eue la chance de vivre. Je suis encore en contact avec mes anciens voisins, par exemple quand je reviens il m’arrive de retrouver le boutiquier qui habitait dans mon quartier il y dix ans et qui se souvient encore de moi. Lorsque j’allais au travail à pied, j’avais mon petit chemin et si je partais en mission ou en vacances il fallait que je prévienne tout le monde sinon ils allaient s’inquiéter de ne plus me voir. La simplicité des rencontres, même si en tant que femme on peut souvent se faire draguer, il y avait une certaine sincérité dans les rencontres qu’on pouvait faire.

 

Comment s’est passée ta fin de mission ? Que fais-tu aujourd’hui ?

A la fin de la mission s’est posée la question de prolonger mon expérience au Sénégal ou bien de revenir en France. Au début, je me suis renseignée pour rester un peu plus longtemps à Dakar puis finalement j’ai fait le choix de me rapprocher de ma famille pour ne plus manquer des moments de vie importants.

Aujourd’hui je travaille dans un centre social à Montreuil, dans le 93, où je suis coordinatrice insertion vie sociale. Je m’occupe de toutes les questions d’accès aux droits, insertion professionnelle, mise en place des cours de français pour les migrants, beaucoup de choses, en fait.

 

Dix ans après, as-tu encore des liens avec le monde du volontariat ?

Il m’arrive de recroiser de temps en temps le monde du volontariat, notamment dans le cadre de mon travail auprès de la ville de Montreuil. La mairie a accueilli des volontaires de réciprocité venant du Mali avec France Volontaires, et aujourd’hui cette dernière est en train de monter des missions de VSI et service civique au Sénégal, toujours en lien avec France Volontaires.

On accueille aussi beaucoup de bénévoles puisqu’on est un centre social, j’ai aussi eu l’opportunité de recevoir des volontaires sous statut service civique. On en a d’ailleurs accueilli une sur la thématique de la fracture numérique, même si ce n’est pas toujours évident auprès de la municipalité de faire comprendre les missions et tâches d’un service civique. Il y a encore beaucoup de travail à faire pour faire connaître le volontariat auprès de tous ! [rires]

 

Volontaire un jour, volontaire toujours ?

[Rires] C’était déjà le mantra de France Volontaires à l’époque et je pense que cela le sera pour encore longtemps. Regarde, je suis partie en 2014 et me revoila 10 ans après à repasser à France Volontaires. Pour moi c’est un passage obligé lorsque je viens à Dakar, puis même France Volontaires m’a déjà contactée pour faire un témoignage lors d’un stage au départ en 2014. Je continuerai à le faire parce que pour moi ça été plus qu’un passage dans ma vie.

J’ai travaillé dans le domaine de la jeunesse en rentrant en France et j’ai toujours conseillé et orienté des jeunes qui justement se cherchaient un peu, qui ne savaient pas trop quoi faire vers des missions de volontariat. Quand on est loin de sa zone de confort ça permet de travailler sur soi et je le conseille à tout le monde.

 

Selon toi, y a-t-il un profil « volontaire » ?

Même une personne sans qualification ou diplôme peut avoir quelque chose à apporter dans le cadre du volontariat. Toute compétence et notamment les savoirs être et savoirs faire peuvent être valorisés pour une mission de volontariat.

Les savoirs être restent le plus important, notamment l’ouverture d’esprit pour réussir à se laisser porter par le pays qui va nous accueillir. J’ai pu voir des volontaires un peu bridés dans leur mission parce qu’ils avaient trop de préjugés et qu’ils avaient du mal à s’ouvrir au monde qui les entourait. De même il faut éviter de trop imaginer et idéaliser la mission pour éviter les déceptions et désillusions.

Donc non il n’y a pas vraiment de profil du parfait volontaire car le principal reste votre motivation et votre engagement.

Comme je le disais déjà à l’époque, engagez-vous, vous en ressortirez forcément grandi !