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12 fév. 19

Eléonore et Pauline, jeunes professionnelles de santé en mission au Congo

Eléonore et Pauline sont deux amies d’enfance. Respectivement psychomotricienne et infirmière, elles ont décidé de partir cinq mois au Congo et de prêter main forte au couvent des Sœurs Martins Dominicaines qui accueille des volontaires depuis plusieurs années. A l’aube de la fin de leur mission, elles témoignent de leur expérience.

Qu’avez-vous fait avant vos missions de volontariat ? Racontez-nous votre parcours.

Eléonore : J’ai 22 ans. Après un bac scientifique, j’ai commencé une prépa psychomotricité à Angers afin de préparer les concours pour devenir psychomotricienne. J’ai été reçue à Rouen et y ai passé trois ans. J’ai effectué différents stages en crèche, en maternelle, dans des instituts avec des enfants handicapés, dans des maisons de retraite et enfin dans le milieu libéral. J’ai beaucoup travaillé avec des enfants autistes. Au cours de mes deux dernières années d’études a mûri l’idée de partir comme volontaire pour mettre à profit mes compétences dans un autre environnement, de pouvoir pratiquer la psychomotricité, avant de trouver un emploi en France. Je voulais faire un break entre mes études et le monde professionnel.

Pauline : J’ai 22 ans. Après un bac STMG (sciences et technologies du management et de la gestion) à Versailles, je souhaitais devenir infirmière. Après une prépa de 8 mois, j’ai intégré une école à Boulogne. Après trois ans d’étude et beaucoup de stages, j’avais également envie de partir à l’étranger, en tant qu’infirmière, afin de me confronter à d’autres méthodes et environnements de travail.

Pourquoi avoir choisi de faire un volontariat ?

Eléonore et Pauline  : C’était un projet commun. Nous nous connaissons depuis petites. Dans nos familles, certains nos frères et sœurs et / ou cousin(e)s sont parti(e)s à l’étranger. Quand ils revenaient en France, nous les trouvions changés. Ce changement nous intriguait. Nous avons choisi communément un volontariat bénévole, nous n’attendions rien en retour. Nous avions des attentes d’ordre culturel et non financier. Nous cherchions aussi un enrichissement professionnel. Difficile de se mettre d’accord sur la destination, nous étions au départ partagées entre l’Amérique Latine et l’Asie… Nous voilà en Afrique Centrale ! Nous avons découvert Dom & Go (Service de volontariat dominicain pour les jeunes de 20 à 30 ans) qui a accepté que nous partions en duo, de concert avec notre structure d’accueil actuelle.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur vos missions ?

Eléonore : Je suis psychomotricienne au sein de la case Dominique, une école adaptée pour les enfants en situation de handicap de 3 ans à 25 ans, les enfants autistes, les enfants victimes de traumatisme à la suite de violences, les enfants abusés sexuellement mais aussi les jeunes dépendants de l’alcool ou de la drogue. J’organise des séances de psychomotricité avec des enfants après un diagnostic de leurs pathologies. Ma mission était davantage focalisée vers les enfants autistes, une maladie très mal connue au Congo. Mon rôle était aussi de sensibiliser les enseignants et les parents sur ces pathologies.

Pauline : Je suis actuellement infirmière dans les dispensaires Œuvres de Santé Catholiques des Sœurs Martins. Eu égard au besoin, mes activités dépassent le cadre initial de ma mission, d’infirmière, je deviens apprenti-médecin ! Je me rends disponible dans les différents services des centres de santé : pharmacie, pansements, vaccination, laboratoire… Il m’a fallu du temps pour gagner la confiance des sœurs, j’ai passé beaucoup de temps l’accueil des dispensaires puis à la pharmacie avant de pouvoir soigner.

Quelles étaient vos conditions de vie ?

Eléonore : Nous sommes accueillies par les Sœurs Dominicaines. Le but est de participer à la vie communautaire. Nous sommes toutes les deux catholiques pratiquantes mais sommes libres de nos pratiques religieuses. J’appréhendais avant mon arrivée la vie religieuse mais tout se passe bien aujourd’hui. Nous nous devons d’être présentes et participer aux tâches de la vie quotidienne.

Pauline : En tant que catholique, c’était important pour moi de m’engager au sein d’une institution avec une cadre et des principes que je connais, dans lesquels je pouvais me retrouver.

Quels sont vos meilleurs souvenirs ?

Eléonore : Indéniablement la rencontre avec les jeunes de la Maison Eva à Brazzaville, centre de réinsertion pour les jeunes en difficulté, également géré également par les Sœurs Martins. Nous avons pris le temps de nous connaitre, d’évoquer nos parcours de vie très différents. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble. J’ai appris beaucoup du Congo grâce à eux.

Pauline : Nous nous connaissons depuis petites. D’ordinaire quand nous passons nos vacances ensemble, nous nous disputons assez régulièrement. Et là, en 5 mois, pas l’ombre d’une dispute ! C’est cela que je retiendrai : nos fous-rires.

Quelles ont été vos plus grandes difficultés ?

Eléonore : Le plus difficile a été de comprendre la hiérarchie qui régit les rapports entre les personnes au Congo. Le plus jeune doit obéir à son ainé, parfois même sans comprendre. J’ai aussi assisté à certaines formes de maltraitance de certains adultes envers les enfants, légitimées comme une manière d’assoir leur autorité.

Pauline : La barrière de la langue a été difficile pour moi. Certaines personnes âgées ne parlent que Lingala ou Lari. Pour les consultations, c’était parfois difficile de comprendre le mal des patients. Le système de santé est aussi une difficulté en soi. Les patients doivent payer toutes les consultations et les ordonnances et n’ont pas toujours les moyens de suivre le traitement prescrit en entier. Parfois même, les médicaments nécessaires ne sont pas disponibles.

Qu’avez-vous appris et transmis ?

Eléonore : Je suis davantage polyvalente, ma mission m’a appris à être capable de gérer plusieurs enfants avec des pathologies différentes en même temps. J’ai gagné en patience et suis désormais moins nerveuse. J’ai transmis mes connaissances en psychomotricité aux enseignants et aux parents, réticents au début mais qui, en voyant les progrès effectués par les enfants en quelques mois, ont compris l’efficience des séances que je menais avec les enfants. J’ai appris à vivre dans la simplicité et à accorder moins d’importance à l’apparence.

Pauline : J’ai beaucoup appris professionnellement, par exemple je mène moi-même des consultations. J’ai transmis mes compétences acquises en France avec le personnel médical telles que les mesures d’hygiène… J’ai aussi appris à me contenter de peu. Les douches froides au seau et à la torche à cause des délestages récurrents en sont un exemple.

Qu’allez-vous retenir du Congo ?

Eléonore et Pauline : La chaleur de l’accueil et beaucoup de bienveillance. Prendre le temps de vivre. Je retiendrai la façon de faire la fête au Congo, de danser dès que l’occasion se présente.

Quels sont vos projets pour la suite ?

Eléonore : Je vais prendre le temps de retrouver mes amis et ma famille avant de chercher un emploi dans le public. J’appréhende le retour en France.

Pauline : Dom & Go nous avait conseillé de se laisser le temps de revenir en France, de retrouver ses repères. Je vais suivre ce conseil avant de chercher un logement et un emploi en France.

Un conseil aux futurs volontaires ?

Eléonore et Pauline : Ne pas hésiter à aller au-devant des gens et ne surtout pas négliger le temps d’adaptation et d’observation. Se jeter tête baissée dans la mission est contre-productif. Pour les volontaires qui nous remplaceront, nous leur conseillons de communiquer avec les sœurs, d’exprimer leurs joies et leurs peines, ne pas s’enfermer dans leur incompréhension et chercher des réponses auprès d’elles. Il est important aussi de garder des liens avec ses proches en France. Et surtout, profiter de chaque instant.

[ELEONORE] PORTRAIT CHINOIS : SI LE CONGO ETAIT…

• Un personnage célèbre : Fallu Ipupa

• Un animal : Un coq

• Un objet : Les claquettes chaussettes Gucci

• Un plat : Poulet manioc, saka-saka… et les larves de palmier

• Une couleur : Violet, jaune et vert sur un pagne

• Une chanson : Olingi Nini de Gaz Mawete

• Un livre : la Bible

• Un sport : boire le maximum de bière en un minimum de temps !

• Un mois de l’année : Décembre

• Un métier : Vendeuse ambulante d’avocat

[PAULINE] PORTRAIT CHINOIS : SI LE CONGO ETAIT…

• Un personnage célèbre : Gaz Mawete

• Un animal : Le margouillat

• Un objet : Une assiette retournée

• Un plat : Poulet doux manioc avec des bananes plantains

• Une couleur : Rouge

• Une chanson : Paulina de Gaz Mawete

• Un livre : la Bible

• Un sport : Football

• Un mois de l’année : Août

• Un métier : La coiffure « tendeuse magique » du nom d’un salon à Brazzaville

Pour plus de renseignements, contactez l’Espace Volontariats Congo : par mail [email protected]