Emmanuel, engagé auprès des jeunes mères et des familles vulnérables
Pour ceux qui hésitent de faire le pas du volontariat… il faut y aller, c’est une expérience bouleversante, qui change une vie, positivement !
Emmanuel vient de terminer une mission d’un an de Volontariat de Solidarité Internationale (VSI) en République Démocratique du Congo. Profondément marqué par son expérience, il nous raconte ses moments de bonheur, ses difficultés, ses apprentissages. Avant de repartir sur un autre VSI, au Sénégal cette fois.
Peux-tu te présenter ? Quel est ton parcours ?
Je m’appelle Emmanuel Passard, j’ai 27 ans. En fin de parcours dans l’enseignement supérieur, j’ai obtenu en master en gestion hospitalière de la Faculté de Médecine de Toulouse. Je viens d’achever une mission d’un an de Volontariat de Solidarité Internationale (VSI) en République Démocratique du Congo avec la Délégation Catholique pour la Coopération (DCC), au service de l’Association Solidarité Batoto Congo.
Solidarité Batoto Congo, c’est quoi ?
Le cœur de métier de cette association, c’est d’accompagner les jeunes filles mères en situation de rue, et plus généralement, les familles en situation de vulnérabilité sociale et matérielle. L’association existe depuis 2011 en France et depuis 2017 au Congo. À ce jour, il y a 4 structures en activité à Kinshasa : un centre d’hébergement pour 8 jeunes filles mères et leurs enfants, une
« Maison des Familles » qui accompagne 150 familles à l’année, un centre de formation professionnelle et une école maternelle.
En quoi consistait ta mission sur place ?
J’accompagnais le directeur de l’association dans la gestion des affaires courantes : budgets annuels, recrutement du personnel, courriers aux institutions… Ma mission était très administrative ; des tâches un peu rébarbatives mais essentielles à la vie du projet. Au-delà, ma présence était aussi un soutien moral pour ce directeur débordé par de multiples projets qui grandissent à une vitesse assez impressionnante… Et sinon, au quotidien, j’étais présent chaque jour dans la « Maison des Familles ». Un projet porté par la Fondation Apprentis d’Auteuil et l’Agence française de Développement. Des cours d’anglais aux plus jeunes ; des visites de courtoisie ; il y a eu une situation de deuil, aussi…
Quels moments t’ont particulièrement marqué ?
Ceux que j’ai vécus dans la maison d’hébergement des jeunes filles mères. Elles ont été victimes d’abus graves. Quand elles arrivent, elles sont cassées, diminuées, atteintes dans leur dignité… Après quelques mois, elles relèvent la tête et deviennent de belles jeunes filles, pleines de joie, leur enfant entre les bras, après avoir mis au monde. C’est extraordinaire de voir ce chemin de vie ! J’ai joué tant de fois avec une petite de 4 ans que sa mère avait eu à 12 ans… La situation d’abus pourrait sembler effroyable, et elle l’est. Mais quand je vois sa merveilleuse petite fille jouer avec moi et me considérer comme son grand frère, je fais l’expérience que la vie est toujours plus forte que toute forme d’inhumanité.
De Kinshasa, cette grande capitale, que peux-tu dire ?
C’est une ville incroyable, bouillonnante, qui n’arrête pas de s’étendre… On estime la population entre 12 et 20 millions d’habitants ! C’est assez tentaculaire comme mégalopole, mais on voit des marges qui ne sont pas ou peu urbanisées… L’ambiance est incroyable, avec une vie nocturne comme nulle part ailleurs, avec des terrasses aux musiques fortes et aux danses spectaculaires. Comme dans toute grande ville, tout se côtoie à Kinshasa : le meilleur et le pire. Ceci dit, pour moi comme pour d’autres, Congolais, le soulagement venait quand nous pouvions aller au bord du fleuve Congo, qui délimite une partie de la capitale. Le calme de l’eau et sa puissance ont un effet apaisant face à la frénésie de cette ville qui ne s’arrête jamais, avec de multiples contradictions.
Qu’est-ce que cette expérience t’a apporté ?
Je crois que ce volontariat a aiguisé en moi le sens du réel. La vie quotidienne avec des constats très simples et très durs aussi sont venus beaucoup me travailler… Quand on ne travaille pas, on ne peut pas manger… et on meurt. Alors, quelle que soit la situation, il faut lever la tête, être fort, se battre, et croire en la vie, puis rire, beaucoup rire, pour oublier et pour espérer. C’est ce que font les Congolais au quotidien, c’est ce qu’ils m’ont appris, et c’est ce que je trouve admirable.
Un mot de la fin ?
Pour ceux qui hésitent de faire le pas du volontariat… il faut y aller, c’est une expérience bouleversante, qui change une vie, positivement ! Et pour ceux qui le peuvent, une aide matérielle est toujours extrêmement bienvenue… Seulement 10 € suffisent pour faire manger 8 jeunes filles, leurs enfants, et tous les éducateurs de la structure de l’association pour deux jours… Il n’y a pas de petit don !
Pour aller plus loin
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Site internet Solidarité Batoto Congo
Page Facebook Solidarité Batoto Congo
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