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20 août. 24
La Réunion

Eva, une volontaire réunionnaise qui cultive l’avenir à Madagascar

Le projet auquel je coopère vise à renforcer les capacités alimentaires de plusieurs pays de la région.

Depuis mon enfance entre La Réunion et la Nouvelle-Calédonie, une passion m’anime : protéger notre planète et ses ressources vitales.

 

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Eva Karimi, j’ai 28 ans et je viens de l’Hermitage à la Réunion. Mon parcours académique inclut un BTSA en Gestion et maîtrise de l’eau (GEMEAU) que j’ai suivi au lycée agricole Emile-Boyer de la Giroday à Saint-Paul. Ensuite, j’ai décroché un bachelor européen spécialisé dans les techniques de l’environnement à Bordeaux, suivi de mon diplôme d’ingénieur agronome, obtenu en alternance au sein d’une communauté d’agglomération en Auvergne.

Actuellement, je suis engagée dans un volontariat de solidarité internationale (VSI) à Madagascar, avec le soutien de la Région Réunion et le programme INTERREG Océan Indien. Dans le cadre de cette mission, je suis basée au Centre national de la recherche appliquée au développement rural (FOFIFA) et je collabore notamment avec le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) de la Réunion, porteur du projet FOODSEC SEMENCE, qui a pour objectif de relancer les filières de production de semences et de plants pour les cultures vivrières des pays de l’océan Indien.

Décris-nous ton parcours…

Passionnée par la nature depuis mon enfance, mon parcours personnel et professionnel s’est enrichi au fil de mes voyages et des diverses opportunités que j’ai explorées. Ayant grandi entre l’île de la Réunion et la Nouvelle-Calédonie, j’ai développé une sensibilité particulière aux besoins des îles en matière d’autonomie alimentaire et énergétique, tout en découvrant les trésors naturels de nos territoires et en prenant conscience de l’importance cruciale de préserver nos environnements fragiles face à l’empreinte humaine croissante.

Mes expériences dans la gestion de l’eau m’ont profondément convaincue de l’impératif de gérer cette ressource de manière durable, tout en préservant l’équilibre des écosystèmes dont elle est partie intégrante. Par ailleurs, mon service civique au sein de la Ligue pour la Protection des Oiseaux, la première association de France dédiée à la préservation de la biodiversité, a renforcé ma passion pour la faune. Finalement mon cursus d’ingénieur agronome effectué en alternance dans une communauté d’agglomération, m’a ouvert les portes d’une carrière conjuguant développement humain et protection de l’environnement.

Peux-tu nous en dire plus sur le projet FoodSec Semence ? Comment s’effectue la collaboration avec le CIRAD ?

Dans le cadre du projet Food Sec Semence, piloté par le CIRAD et co-financé par l’Union Européenne, j’ai plusieurs responsabilités clés. Parmi celles-ci, je suis chargée de rédiger des fiches variétales pour les variétés utilisées dans le projet, à la fois pour la région de l’océan Indien et dans le but de les inscrire au catalogue national malgache. Je collabore étroitement avec le CIRAD de La Réunion, qui supervise à distance la majorité de mes missions. En parallèle, je maintiens des liens réguliers avec le CIRAD de Madagascar, participant à leurs événements et travaillant sur divers aspects du projet.

Mes missions incluent également la participation à la communication sur les réseaux sociaux, la contribution aux travaux de terrain comme les récoltes et les prélèvements de mesures scientifiques, ainsi que l’organisation et l’animation de groupes de travail régionaux réunissant des partenaires de Madagascar, des Comores, de Maurice, des Seychelles et de La Réunion.

En outre, je suis responsable de faire un bilan du projet sur le territoire et d’organiser un atelier participatif à Madagascar, réunissant de nombreux acteurs de la filière semence pour encourager l’intelligence collective. Pour préparer cet atelier, je réalise également des entretiens avec les acteurs de la filière afin de mieux cerner leurs attentes.

Visite de la station expérimentale de Barkly du National Plant Varieties and Seeds Office NPSO qui multiplie, stocke et diffuse sur Maurice des semences pour certaines certifiées d’une trentaine de variétés de légumineuses.

 

Quels sont les projets phares auxquels tu contribues à travers ton volontariat ?

A mon sens, ma mission de volontariat me permet de contribuer à plusieurs niveaux :

  • L’objectif principal du projet FoodSec Semence est de relancer une filière régionale de semences et de plants sains à des fins alimentaires et nutritionnelles dans quatre pays de l’océan Indien : Madagascar, les Comores, les Seychelles et Maurice. En fin de compte, ce projet vise à renforcer les capacités alimentaires de plusieurs pays de la région, favorisant un approvisionnement local, renforçant les tissus agroéconomiques, créant des emplois et luttant contre l’insécurité alimentaire.
  • Ce projet consolide les liens et les coopérations entre les nations de l’océan Indien, renforçant ainsi nos capacités et favorisant le développement de partenariats commerciaux et diplomatiques. Cela réduit notre dépendance aux importations en provenance de pays éloignés tels que la France ou l’Inde, ce qui diminue l’empreinte carbone liée au transport des denrées alimentaires.
  • Ce projet approfondit la recherche scientifique pour identifier des espèces et des variétés de plantes adaptées à nos îles tropicales et aux défis du réchauffement climatique. Les variétés développées par des institutions telles que le CIRAD, le FOFIFA et d’autres instituts de recherche impliqués dans ce projet, sont sélectionnées en tenant compte des rendements et de l’adaptabilité aux climats spécifiques de nos régions notamment aux risques de sécheresse. Des expérimentations agroécologiques visent également à réduire la dépendance aux intrants chimiques et à identifier des méthodes de lutte biologique naturelles, ayant un impact moindre sur l’environnement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En mission depuis huit mois, qu’apprécies-tu le plus au quotidien à Madagascar ?

Ce que j’apprécie à Madagascar, c’est la similitude de leur régime alimentaire avec celui de La Réunion. On y trouve une consommation importante de riz et de piment, ce qui n’était pas le cas en France métropolitaine. Cette année, j’ai eu l’occasion de manger des leetchis à un prix plus abordable qu’à La Réunion, ce qui a été un réel plaisir. En outre, certains produits sont beaucoup moins chers ici, comme le foie gras de canard, qui est souvent onéreux à la Réunion.

J’apprécie également les moments de découverte ici, notamment les paysages magnifiques composés de vastes rizières à perte de vue. Cependant, les déplacements sont parfois longs à Madagascar, ce qui limite malheureusement le temps que je peux consacrer à explorer la somptueuse biodiversité de cette île.

Enfin, ce sont les liens que j’ai tissés avec mes collègues qui me plaisent particulièrement. Ils sont chaleureux, souriants et toujours prêts à m’aider, ce qui rend mon expérience encore plus agréable.

Qu’attends tu de ce VSI pour ton parcours ?

Je pense que cette expérience de VSI à Madagascar m’ouvrira des portes pour trouver un emploi qui me convient, c’est-à-dire un poste qui me permettra de concilier des projets techniques de développement et la préservation de l’environnement, dans un pays riche en biodiversité et situé en milieu tropical.

Cette expérience m’a également permis de découvrir Madagascar, une île avec laquelle La Réunion partage une histoire commune et qui se trouve à proximité de chez nous.