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21 août. 18

Faïta, jeune togolaise volontaire en mission de service civique réciprocité en France

Faïta, 26 ans, est arrivée en France depuis le mois d'octobre 2017. Envoyée par l'Agence nationale du volontariat au Togo (ANVT), cette jeune Togolaise réalise une mission de service civique dans le cadre du programme de réciprocité de la Déléguation Catholique pour la Coopération (DCC) auprès de l'Arche en Anjou - La Rebellerie pour une durée de 9 mois.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis Faïta Rita, une activiste des Droits Humains qui a servi des communautés au travers des structures comme l’ALG (Alternative Leadership Group) inclut dans le Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo (CACIT), l’ONG ALAFIA, l’American Corner Fan Club à l’Université de Lomé. J’ai une formation en Anglais et en Marketing. En 2014, j’ai eu le privilège de représenter le Togo au Programme International de Formation en Droits Humains (PIFDH) à Montréal au Canada. Puis de retour au Togo, j’ai fondé deux structures entrepreneuriales sociales nommées ECO 228 (cocréée avec un ami) et IADA (Investment And Development Agency : One to one Agency). En 2016, j’ai fait partie des 12 togolais qui ont représenté le Togo au Mandela Washington Fellowship auprès du Président Barack Obama, un programme mis en place pour les jeunes africains traitant des questions d’entreprenariat, d’administration publique, d’engagement civique. Depuis octobre 2017, j’ai rejoins la cohorte des Volontaires Internationaux de Réciprocité pour neuf mois de Service Civique en France.

Comment as-tu connu le programme de réciprocité ? Qu’est ce qui t’a motivé à y participer ?

À mon retour des États-Unis, j’avais besoin d’un partenariat différent. J’avais la volonté de découvrir ce qui se passe ailleurs. C’est une amie qui m’a envoyé le lien de l’annonce via Facebook car selon elle ça me correspondait. J’y ai répondu car cela a attiré ma curiosité. Je connaissais le handicap visuel mais pas le handicap mental. Et je désirais vivre de nouvelles choses. Je voulais également apprendre plus là-dessus, car en Afrique la question du handicap mental relève de la spiritualité (malédiction) je voulais donc savoir comment la question était traitée en France.

Peux-tu nous parler de l’association dans laquelle tu as effectué ton volontariat de réciprocité ?

L’Arche en Anjou – La Rebellerie est une communauté de l’Arche Jean Vanier, au cœur des vignes du pays de l’Anjou. Cet établissement médico-social accueille chaque jour une quarantaine de personne en situation de handicap mental. 28 d’entre elles partagent leur quotidien avec des assistants volontaires, des assistants salariés et des responsables de foyers. L’Arche possède également un ESAT producteur de vin d’Anjou.

En quoi consistaient tes missions au sein de cette association ?

En tant qu’assistante de vie, j’assistais l’équipe dans un accompagnement pendant les activités que je faisais en collaboration avec un autre assistant du sport adapté aux personnes. Chaque lundi et mardi après-midi, je faisais des séances d’esthétique aux personnes, avec des activités de massage, de tresses durant une session appelée TEMPO par exemple. J’échangeais également sur ma culture togolaise et eux sur la culture française.

Avais-tu des compétences liées à ta mission de volontariat ?

Ce n’était que des compétences indirectes. J’ai connu le handicap visuel mais je n’avais jamais eu d’expérience dans ce genre de handicap qu’est le handicap mental.

Qu’as-tu acquis, tant professionnellement que personnellement, pendant ta mission ?

Personnellement, cela m’a permis de prendre beaucoup plus de recul sur les choses dues aux critiques, aux jugements. Il fallait que je garde confiance malgré tout, que je ne perde pas mon estime face à ce que je considérais comme de l’injustice.
Professionnellement, cela m’a permis de beaucoup plus anticiper, mieux m’organiser et revenir à des choses plus technico-pratiques. Mais surtout, l’accompagnement spécifique des personnes en situation de handicap mental.

Quelles ont été tes principales motivations à partir en tant que volontaire de réciprocité ?

Découvrir les choses par moi-même vivre ma propre expérience et tirer mes propres conclusions. Au Togo il y a beaucoup de stéréotypes par rapport à la France comme le dominant-dominé, le colonisant-colonisé…
Je voulais également découvrir les contours du handicap mental, un mode de vie différent de celui du Togo, des USA et du Canada que j’avais déjà expérimenté par le passé.

Est-ce que la France correspond à l’image que tu t’y faisais avant de venir ?

Tout d’abord, je ne voulais pas avoir d’attente afin d’éviter toute déception. Je me suis fixée des buts et non des attentes, c’était une sorte de protection pour moi. Je voulais me baser sur ma propre expérience et non sur celle des autres.
Il y a quand même ce stéréotype que le français est quelqu’un de râleur, ce qui semble un peu se vérifier (rires), et que les difficultés d’adaptation qu’on puisse avoir, serait plus liées au jugement et aux stéréotypes. Mais avec assez d’efforts on arrive à prendre l’habitude des choses et de la vie sur place.

Que souhaites-tu faire à présent que ta mission est terminée ?

À mon retour au Togo, j’aimerais créer des camps de vacances pour les personnes vulnérables, en situation de handicap avec des activités artisanales, conviviales… Mais aussi les ouvrir à l’entreprenariat et leur permettre de vivre et survivre.
Mais après quelques mois passés au Togo, je compte revenir en France afin de poursuivre mes études. Je souhaite passer une licence en assurance pour pouvoir accéder au master droit des relations internationales car le droit est une discipline que je souhaite exercer depuis toujours.