Flore, volontaire dans un hôpital en Côte d’Ivoire
Depuis mon retour en France, je fais du bénévolat au sein d’une association qui lutte contre le VIH
Envoyée par la Délégation catholique pour la coopération (DCC) de juin 2022 à novembre 2023, Flore, 27 ans s’est engagée dans une mission de Volontariat de solidarité internationale (VSI). Elle était assistante de direction pour l’hôpital Saint-Jean-Baptiste de Bodo – Ordre de Malte, en Côte d’Ivoire.
- Pourquoi as-tu eu envie de t’engager dans cette mission de volontariat ?
Suite au Master en gestion de projets humanitaires que j’ai fait, ainsi qu’à mon stage de fin d’études en France, je souhaitais partir sur le terrain à l’international. En tant que jeune diplômée, ce n’était vraiment pas facile de trouver un poste. Cette mission de volontariat était l’opportunité d’avoir ma première expérience au sein d’une ONG.
- Que fait l’hôpital de Bodo et sur quelles activités et projets travaillais-tu ?
L’hôpital de Bodo est un hôpital confessionnel humanitaire de brousse qui essaye de proposer une offre de soins qu’on ne trouve généralement qu’à Abidjan, la capitale. Il est surtout spécialisé dans la prise en charge des accidents de la voie publique et la santé mère-enfant.
Quand je suis arrivée à l’hôpital, au début de ma mission, j’ai travaillé sur des projets de santé en stratégie avancée, où nous allions dans des structures extérieures pour faire des consultations gratuites dans différentes spécialités médicales (ophtalmologiques, bucco-dentaires, ORL). Puis ma mission a évolué, et j’ai davantage travaillé sur la communication interne et externe de l’hôpital, avec par exemple un projet d’émission hebdomadaire de sensibilisation et d’éducation à la santé avec la radio locale.
- Quel est le meilleur moment que tu retiens dans ta mission ?
C’est difficile de n’en donner qu’un seul ! Je vivais dans l’hôpital au sein de l’internat, où logeaient aussi certains collègues, des stagiaires et le personnel de garde. Pour le 15 août (fête de l’Assomption), on a décidé d’organiser un grand repas pour tout l’internat, on est parti faire le marché puis on a préparé des plats ivoiriens et français, qu’on a partagé tous ensembles par la suite. C’était une journée en famille hyper touchante.
- Un accomplissement dont tu es fière durant ta mission ?
Avec l’infirmier responsable du don du sang au sein de l’hôpital, nous avons organisé une journée de collecte multisites, dans et autour de l’hôpital, qui nous a permis de récolter presque 400 poches de sang. En Côte d’Ivoire, le don du sang est assez peu répandu: les populations ne connaissent pas, sont parfois méfiantes ou bien ne comprennent pas l’utilité. Les structures de santé se retrouvent donc très fréquemment en pénurie, ce qui met directement en danger la santé des patients qui auraient besoin de sang.
- Est-ce que tu as connu des difficultés ?
Je vivais au sein de l’hôpital localisé en pleine brousse, c’est surtout le sentiment d’isolement qui a été difficile à vivre. Les villes les plus proches étaient assez éloignées et les possibilités de déplacement limitées. La semaine, j’étais principalement à l’hôpital, avec parfois le sentiment d’être enfermée et de ne pas pouvoir déconnecter.
J’étais aussi l’une des rares françaises de la zone et, parfois, on a besoin d’échanger sur ce que l’on vit avec nos pairs, ça pouvait renforcer le sentiment d’isolement. Heureusement, j’ai pu compter sur des supers amis dans l’hôpital et à Abidjan pour me ressourcer quand la solitude devenait un peu lourde à porter !
- Quel bilan retires-tu de cette mission ? (personnellement et professionnellement)
Professionnellement, j’ai appris énormément de choses des domaines de la santé et de la gestion hospitalière, auxquels je ne connaissais pas grand-chose avant de partir. Cela m’a donné envie de continuer à travailler avec des ONG médicales ou sur des projets portant sur la santé.
Personnellement, j’ai rencontré et noué des liens avec des personnes incroyables, qui m’ont appris tellement de choses sur la vie en Côte d’Ivoire, qui m’ont accueilli dans leurs familles au quotidien et qui m’ont donné le sentiment d’en faire partie : ce qui fait que ça a été très dur de partir.
- Quels sont tes projets après cette expérience ?
Depuis mon retour en France, je fais du bénévolat au sein d’une association qui lutte contre le VIH et les hépatites virales : j’accompagne des personnes vivant avec ces maladies en travaillant notamment sur des activités de réduction de risques pour les personnes qui y sont exposées (personnes usagères de drogues, travailleurs et travailleuses du sexe, personnes exilées, etc.). Je pars bientôt pour deux mois de volontariat dans les camps de réfugiés à Calais dans le nord de la France à la frontière avec le Royaume-Uni, dans une association qui aide les femmes et les familles via de la distribution de matériels et un accompagnement dans toute démarche qu’elles souhaiteraient entreprendre (légal, médical, etc.).
Je pense me spécialiser dans la gestion de projets visant les problématiques d’accès aux droits en santé sexuelle et reproductive, ainsi que sur les violences basées sur le genre.
Mais si la vie en Côte d’Ivoire m’a donné une leçon à retenir, c’est de ne pas être pressée donc pour le moment, je prends la vie un mois à la fois et je verrais ce qui se présente à moi !
- Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui veut faire du volontariat à l’international ?
Je pense que le VSI est d’abord un excellent moyen d’entrer dans le domaine de la solidarité internationale quand on ne sait pas par où commencer, ou qu’on se questionne sur nos projets professionnels.
C’est vraiment une expérience personnelle enrichissante, à condition d’être prêt à écouter les autres, de se remettre en question et de prendre du recul sur nos connaissances, nos valeurs, nos opinions, notamment sur ce que l’on représente en tant que personne issue d’un pays aisé ayant historiquement des relations assez chargées avec les pays dans lesquels on a la possibilité de partir en volontariat.