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12 nov. 25
France
Togo

Guillaume, volontaire français dans l’eau et l’assainissement au Togo

J’étais en charge de la mise en œuvre du projet « Internationalisation de l’économie sociale et solidaire

Guillaume Arhant, 32 ans, effectue depuis un an une mission de volontariat international au Togo. Envoyé par Experts-Solidaires en collaboration avec le Gescod et accueilli par la structure togolaise PADIE, il intervient dans le cadre du projet d’amélioration de la gestion de l’eau et de l’assainissement dans les petits centres de la Région Maritime ainsi que sur le projet d’adduction d’eau de Kpalimé. En tant que volontaire hydraulicien, il apporte un appui technique aux partenaires locaux afin d’améliorer durablement l’accès à l’eau potable dans plusieurs cantons semi-urbains et de renforcer la gestion des infrastructures hydrauliques.

Au pied de la cascade de Yikpa, à la frontière ghanéenne

 

Peux-tu te présenter en quelques mots et nous raconter ton parcours ?

Diplômé d’une école d’ingénieurs en hydraulique à Grenoble, j’ai commencé à travailler à Paris dans un bureau d’études. J’étais affecté principalement à des projets liés à la gestion des eaux usées et pluviales en milieu urbain : diagnostics de réseaux d’assainissement, estimations des rejets d’eaux usées en milieu naturel, études visant à limiter la pollution en Seine (dans le cadre des objectifs de baignade pour les Jeux olympiques 2024)… Le monde du bureau d’études est très intéressant et formateur, mais aussi exigeant. Il faut constamment produire, les études s’enchaînent et on perd parfois de vue la finalité de ce qu’on réalise. Après plus de trois ans à Paris, j’ai eu envie de faire autre chose.

Je suis parti à Lyon travailler pour une société qui distribue des logiciels de modélisation hydraulique en France (utilisés pour modéliser des réseaux d’assainissement, des rivières…). Grâce à mon poste, j’étais en relation avec de nombreux acteurs de l’eau en France : j’apportais un support technique pour l’utilisation des logiciels et je donnais également des formations. J’aimais beaucoup ce côté social.

Après cela, je suis allé à l’INSA Lyon pour gérer la halle d’expérimentations d’un laboratoire en mécanique des fluides. Un métier plus manuel : je préparais des protocoles expérimentaux, j’instrumentais des bancs d’essai… J’appréciais de ne pas passer toutes mes journées derrière un ordinateur.

Et finalement, je suis arrivé au Togo pour effectuer un VSI avec Experts-Solidaires.

Pourquoi avoir choisi de t’engager comme volontaire ?

L’envie de voyager et d’être utile. La quête de sens dans ce que je fais est importante pour moi, et je pense que c’est pour cela que j’ai eu plusieurs expériences professionnelles : je suis toujours en train de chercher (et je pense que ça ne s’arrêtera jamais). Mais il n’y a pas besoin de partir à l’autre bout du monde pour être utile, et c’est pour cela que je cite également cette envie de voir ailleurs. J’ai eu la chance de visiter beaucoup de pays, mais en prenant conscience des enjeux climatiques, j’ai commencé à changer mes habitudes. J’essaie désormais d’éviter de partir loin juste pour deux semaines, par exemple. Le volontariat permet de s’investir sur une mission de longue durée et d’avoir un impact que j’espère réellement positif.

Peux-tu nous décrire ta mission et les actions effectuées ?

Je travaille sur deux projets.

  1. Le premier vise à expérimenter la délégation de service public pour la gestion des services d’eau dans des cantons de la région Maritime situés en zone semi-urbaine. Des délégataires privés ont été recrutés pour gérer le réseau d’eau potable de ces cantons et nous devons les appuyer. En parallèle, des actions sont menées pour renforcer l’accès à l’eau dans ces cantons : réhabilitation d’ouvrages, extensions du réseau, sectorisation…
  2. Mon deuxième projet est situé à Kpalimé. La ville connaît d’importantes pénuries d’eau, notamment à cause d’un réseau vieillissant qui ne répond plus aux besoins d’une population grandissante. L’objectif du projet est d’améliorer partiellement la situation en fournissant une alimentation en eau alternative pour les villages situés entre la source et Kpalimé (ces villages étant actuellement connectés sur la conduite d’adduction de Kpalimé, cela limite l’eau disponible pour la ville). Nous menons également des actions de sensibilisation pour protéger la source, menacée par certaines pratiques agricoles (usage de pesticides et de désherbants).

J’apporte un soutien technique au partenaire local sur les problématiques hydrauliques. Cela peut se traduire par des calculs estimatifs, un peu de modélisation, la validation de rapports et de devis, ainsi que des visites de terrain pour contrôler l’avancement des travaux.

En haut d’un château d’eau avec Michel, mon binôme hydraulicien

 

Peux-tu nous raconter ton meilleur souvenir ?

Alors, ce n’était pas au Togo mais au Bénin. J’étais en vacances avec une amie et nous venions de quitter Kara. À la frontière, nous avons rencontré trois motards du Burkina Faso qui se rendaient à Cotonou. Nous avons sympathisé pendant que nous effectuions les procédures frontalières et ils nous ont proposé de nous conduire jusqu’à Dassa, notre prochaine destination, à presque 300 km au sud.

Une averse nous surprend en fin de journée et nous arrivons à Dassa complètement trempés. Nous n’avions pas réservé d’hôtel, alors nous avons débarqué dans le premier que nous avons trouvé, sur le bord de la route. Je crois que nous étions les seuls clients. On s’installe dans nos chambres pour se changer et, quand on ressort, la pluie avait cessé, les nuages s’étaient un peu dispersés pour dévoiler un magnifique coucher de soleil. Une journée incroyable. Je nous revois le matin à Kara, à négocier avec les taxis-brousse pour qu’ils nous emmènent jusqu’à la frontière. On ne pensait pas aller aussi loin dans la journée.

Nous avons gardé contact avec les motards et les avons recroisés à Kpalimé, une semaine plus tard, à l’occasion d’un festival de motards.

Les motards Burkinabè à Djougou, après la traversée de la frontière Togo-Bénin

Ta plus grande difficulté ?

On ne peut pas tout maîtriser. C’est vrai partout, mais je l’ai particulièrement ressenti au Togo où, en tant que volontaire, je n’étais qu’un acteur parmi tant d’autres qui travaillaient souvent depuis plusieurs années sur les projets. Souvent, on veut avancer mais il faut attendre la validation ou la disponibilité d’un partenaire (ça peut être un collègue, un bureau d’études mais aussi un maire). Cela peut être frustrant, car sa volonté seule ne suffit pas. C’est une bonne leçon de patience.

Qu’as-tu appris et transmis durant ton expérience ?

J’ai beaucoup appris sur le Togo pour commencer. Et ce sont des connaissances que je n’aurais pas pu acquérir autrement, car sans ce volontariat je ne vois pas ce qui aurait pu me pousser à m’intéresser à ce pays (comme beaucoup d’autres pays auxquels je ne connais rien à part le nom).

J’ai pu parfaire mes connaissances en hydraulique, confronter la théorie à la pratique (je fais beaucoup de terrain, ce qui me permet de voir directement les ouvrages : château d’eau, forages…) et progresser sur des problématiques que je ne maîtrisais pas forcément, comme la protection de la ressource en eau (les métiers de l’eau sont nombreux et on est souvent spécialisé sur un sujet particulier).

Il y a également tous les aspects institutionnels des projets. La technique ne fait pas tout, il faut connaître tous les acteurs impliqués, de près ou de loin. On ne tient pas le même discours en fonction de son interlocuteur.

J’espère avoir transmis les bons messages sur l’importance de protéger la ressource en eau.

Séance de sensibilisation auprès des agriculteurs sur les hauteurs de Kpalimé

 

Comment ta mission a-t-elle influencé ta vision du volontariat ou du travail en général ?

Le volontariat est une opportunité incroyable. On en ressort forcément grandi. Mais il faut faire attention à bien choisir sa mission et ne pas partir juste pour partir. L’avantage et l’importance du VSI et du service civique résident dans l’encadrement qui vient avec : ils s’inscrivent dans des démarches et réflexions menées par les deux pays.

Lors d’une soirée à France Volontaires avec les collègues de l’ONG PADIE

 

Quels sont tes projets pour la suite ?

Prolonger mon VSI et faire une deuxième année au Togo. Ensuite, je rentrerai probablement en France pour continuer à travailler sur les problématiques liées à la gestion de l’eau, peut-être davantage dans le milieu associatif que dans un bureau d’études.

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui envisage de faire du volontariat international en France/au Togo ou dans un autre pays étranger ?

Faites confiance à votre instinct. On ne trouve pas une mission de volontariat international par hasard.

 

Structure d’accueil : PADIE

PADIE (Pionniers en Action pour le Développement Intégré à l’Environnement) une ONG togolaise de développement ayant pour but de contribuer à l’approfondissement de la recherche-action en environnement/développement pour améliorer les conditions d’existence des communautés à la base.