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04 août. 25
France
Togo

Héloïse, volontaire française avec l’ONG STADD à Lomé

J’étais en charge de la mise en œuvre du projet « Internationalisation de l’économie sociale et solidaire

Héloïse Le Meur, française de 24 ans, fait le point après dix mois de service civique au Togo. Envoyée par l’association Xylm auprès de l’ONG STADD, qui contribue à l’amélioration de l’accès à l’eau potable dans les zones rurales et auprès des communautés vulnérables et défavorisées. Héloïse opère en tant que chargée de mission en appui aux partenaires togolais des projets écologiques et solidaires.

 

Peux-tu te présenter en quelques mots et nous raconter ton parcours ?

Diplômée du Master « Gouvernance des territoires urbains » de Sciences Po Lille en juillet 2024, je me suis toujours investie, au cours de ma scolarité, dans des engagements bénévoles ou associatifs autour de l’accès aux droits des personnes étrangères, du droit à un logement digne pour toutes et tous, ou encore de la démocratisation de l’accès aux grandes écoles. J’avais d’ailleurs réalisé un stage de 4 mois dans l’ONG SAVE Fondation à Cape Town en Afrique du Sud, qui soutenait les écoles du bidonville de Dunoon. J’ai toujours eu à cœur de travailler dans le champ social, au service de missions qui ont du sens pour moi.

À la réserve d’éléphants de Djamdè à Kara

 

Pourquoi avoir choisi de t’engager en tant que volontaire ?

Après cinq années d’études, j’ai souhaité m’investir dans un service civique, en France ou à l’étranger puisque je considère que c’est une chance précieuse offerte aux jeunes en France. Je recherchais une mission à la fois en lien avec mes compétences, formatrice, et qui puisse nourrir la suite de mon parcours professionnel. Les échanges que j’ai pu avoir avec l’association Xylm* et l’ONG STADD lors du recrutement m’ont convaincue… et je n’ai pas été déçue ! Enfin, après avoir voyagé pour le tourisme dans plusieurs régions du monde, je ressentais le besoin de donner plus de sens à mes déplacements : m’ancrer davantage, construire un quotidien, et apporter ma contribution, à ma mesure, au pays qui m’accueillait. J’étais aussi très curieuse de découvrir un pays d’Afrique de l’Ouest comme le Togo à travers une mission longue de 10 mois.

*Xylm est une association française ayant accueilli l’un des 2 premiers VSI envoyés en France, Kpatcha, Togolais en mission pour 1 an à Rennes en tant que chargé d’appui à la gestion des déchets.

Peux-tu nous décrire ta mission et les actions effectuées ?

Cette mission a été particulièrement formatrice et enrichissante. J’étais en charge de la mise en œuvre du projet « Internationalisation de l’économie sociale et solidaire », favorisant des coopérations équilibrées entre 16 acteurs de l’ESS bretons et togolais autour d’enjeux partagés.

J’ai notamment animé plusieurs groupes de travail en ligne autour de thématiques communes (insertion, économie circulaire, économie informelle, politiques publiques, innovations ESS), qui ont débouché sur deux voyages d’étude : l’un en France (février 2025) et l’autre au Togo (mai 2025), pour renforcer les échanges, développer des partenariats concrets et co-construire des réponses innovantes aux défis territoriaux.

Par ailleurs, j’ai été impliquée dans la gestion de projets liés à l’accès à l’eau potable ou à ceux liés aux déchets dans le cadre du partenariat entre Xylm et STADD. J’y ai développé des compétences variées : rédaction de réponses à appels à projets, rapports d’activité et d’évaluation, suivi budgétaire, organisation de visites de terrain, etc.

Visite de STADD avec les partenaires français du projet ESS

 

Quel est ton meilleur souvenir ?

Sans hésitation : l’organisation de la première édition du festival Jungle Beats à la ferme Biala, dans les montagnes de Kpalimé, avec mon groupe d’ami·es du Togo, membres de l’association Eke Deka et autres volontaires. C’était une expérience humaine inoubliable : partir d’une idée autour d’une bière, la concrétiser grâce à l’investissement de chacun·e et au soutien de France Volontaires… et en faire un projet dont je suis très fière, qui connaîtra d’autres éditions !

Insta : @jungle.beats_festival

Notre formidable équipe de bénévoles de la Jungle Beats

Avec l’équipe de France Volontaires, ainsi que des bénévoles du Togo et du Ghana

Ta plus grande difficulté ?

Ma plus grande difficulté est de savoir comment « revenir » de cette expérience. Elle m’a énormément marquée, tant humainement que professionnellement, et elle a ouvert de nombreuses perspectives. J’ai noué un véritable attachement au pays et aux personnes rencontrées, ce qui rend difficile l’idée de « reprendre ma vie d’avant » comme si ces dix mois n’avaient été qu’une parenthèse. Mais ces questionnements sont plutôt signes que mon volontariat s’est très bien passé !

Qu’as-tu appris et transmis durant ton expérience ?

J’ai beaucoup appris de l’immersion au sein d’une ONG locale comme STADD, bien implantée au Togo et reconnue pour son expertise sur les enjeux de gestion des déchets et d’accès à l’eau. Être la seule volontaire française m’a permis de découvrir une autre manière de travailler, tout en trouvant pleinement ma place dans l’équipe.

Mon travail quotidien avec Rachid, mon binôme togolais en service civique en France chez Xylm dans le cadre du dispositif de réciprocité, a été une belle illustration de ce que peut être un échange réellement interculturel et équilibré.

Je suis convaincue que ma mission a contribué à renforcer la coopération entre Xylm et STADD, en consolidant un partenariat basé sur la confiance, l’horizontalité et la réciprocité.

À Aného lors de la visite de mon ami Axel au Togo

 

Comment ta mission a-t-elle influencé ta vision du volontariat ?

Cette expérience m’a confortée dans mon orientation et mon engagement. J’ai particulièrement aimé travailler dans une équipe interculturelle, avec des profils très différents, et c’est quelque chose que je vais rechercher par la suite.

Elle m’a également donné l’envie de garder un lien durable avec le Togo et plus largement avec l’Afrique de l’Ouest. J’ai d’ailleurs rejoint le conseil d’administration de Xylm en juin 2025 pour continuer à suivre les projets sur lesquels j’ai travaillé, et m’engager dans la durée.

Quels sont tes projets pour la suite ?

Plusieurs pistes s’ouvrent à moi : postuler à un VSI ou un VIA au Togo, débuter une thèse en CIFRE sur les enjeux d’accès au logement à Lomé, ou encore travailler en France sur ces mêmes enjeux.

 

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui envisage de faire du volontariat international en France, au Togo ou ailleurs ?

Je lui dirais de ne pas trop se poser de questions, de faire confiance à son instinct et de se lancer ! Il est impossible d’imaginer à l’avance tout ce que l’on va vivre ou apprendre dans un contexte si différent. C’est justement ce qui rend l’expérience si précieuse !

Avec mon meilleur ami togolais Mathieu, coorganisateur de la Jungle Beats

 

Structure d’accueil : STADD

STADD (Science et Technologie Africaines pour un Développement Durable) est une ONG togolaise créée en 2012 promouvant le génie humain et écologique au service d’un développement circulaire et durable. Active à Lomé avec une équipe de 7 salariés, l’ONG mène 4 projets majeurs :

  • Collecte et gestion des déchets : six centres de tri achètent, stockent et valorisent les déchets collectés auprès des particuliers.
  • Éducation à l’environnement : des élèves de cinq établissements bénéficient d’un programme d’initiation à l’écocitoyenneté.
  • Assainissement : des poubelles sont installées sur la plage de Lomé pour encourager les gestes écoresponsables.
  • Entrepreneuriat : plus de 700 jeunes, majoritairement issus du campus universitaire, ont été formés à l’entrepreneuriat social depuis 2015.

STADD étend ses actions depuis 2019 à la ville de Mango (région des Savanes).