Henri, volontaire pour un chantier en Equateur
Direction l’Équateur pour l’équipe de compagnons Scouts venus de Grandvilliers et de La Croix-Saint-Ouen. En juillet 2019, Jeanne, Laure, Etienne et Henri sont partis pour réaliser un chantier de solidarité internationale au sein de l’association Ahuana. Pendant un mois, l’équipe des « Compins » a partagé son quotidien avec deux communautés de la Moya et Rumicruz et a participé à la construction d'une cafétéria pour pouvoir accueillir des touristes. Une première expérience interculturelle très riche ! Henri revient sur cette mission, de la préparation du voyage, le déroulement du chantier et le retour.
Comment s’est passé la préparation de votre projet ?
La préparation du projet chez les scouts de France dure deux ans mais nous préparons réellement le projet la deuxième année. Pendant la première année, nous nous répartissons les rôles dans l’équipe, apprenons à mieux nous connaître et à affronter des problèmes. Nous avons donc effectué notre expériment de première année dans le Cap-Corse à Nonza où nous avons aidé les habitants du village à reconstruire les marches menant à la mer selon la façon corse.
La préparation du projet en Équateur a été vraiment difficile pour nous, car le projet demande un gros investissement en plus de nos études. On s’est rendu à un week-end de formation compagnon en novembre pour nous apprendre à bien réagir dans le pays et nous aider à boucler notre budget. Nous avons eu du mal à trouver notre association-partenaire… Au début, nous avions pour objectif de nous rendre au Brésil (aucune réponse des asso), puis au Pérou (l’asso trouvée nous demandait de l’argent avant même qu’on la connaisse réellement), et au Nicaragua (le pays était en zone orange après les manifs d’avril 2018 contre la réforme retraite du gouvernement). On a finalement trouvé l’asso Ahuana en Équateur début février.
Nous avons beaucoup travaillé toute l’année pour rassembler la somme de 10 500 € nécessaire à notre expériment, sachant que nous nous sommes engagés à reverser 1000 € à l’asso pour l’aider à acheter du matériel pour la cafétéria. Nous avons donc enchaîné les services de mariage, les ventes de chocolats, sapins et gâteaux, les gardes d’enfants, jardinage etc.
Quelles ont été vos premières impressions en arrivant en Équateur ?
J’ai beaucoup aimé mon arrivée en Équateur, je n’avais jamais vu une ville aussi agitée : les gens criaient partout, des vendeurs partout, etc. Pourtant, j’avais l’impression que les Équatoriens étaient froids d’extérieur : ils ne parlaient pas trop entre eux dans la rue, et dans le métro-bus, ils ne nous aidaient vraiment pas à sortir et à récupérer nos affaires qu’on avait perdus en descendant, ils rigolaient.
Quelles ont été vos activités quotidiennes au sein d’Ahuana ?
Notre action sur place était d’aider à la réalisation du projet de l’association intitulé « héritage puruwa » qui consiste à endiguer l’exode rural de la jeunesse en proposant, notamment aux femmes, une alternative professionnelle aux travaux des champs qui freinent leur émancipation. L’association souhaite promouvoir l’attrait touristique de la région située au pied du Chimborazo, le plus grand volcan des Andes équatoriennes et ainsi favoriser le développement économique du village.
Notre objectif était de commencer le chantier de la cafétéria qui s’inscrit dans ce projet. Sur le chantier, nous étions avec des maçons pour nous encadrer et nous répartir les tâches. Des habitants étaient aussi présents pour nous aider. Nous y avons travaillé du lundi au vendredi (environ de 9 h – 12 h, 14 h – 17 h). Nous avons déblayé l’intérieur de l’ancienne garderie (briques, etc.) puis nous avons fait les fondations (terrasses extérieurs, entrée, fondation de la cuisine et des toilettes).
Que retirez-vous de cette expérience en Équateur (points positifs, négatifs, envies…) ?
Sans rien cacher, c’était très dur pour toute l’équipe les deux premières semaines en Équateur car on se sentait très seul. Les Équatoriens étaient super sympas avec nous mais ils étaient vraiment timides, c’est pour cela que le soir, sur le chantier ou dans les familles (le midi, on mangeait dans une famille différente à chaque fois), on se retrouvait souvent ensemble, les Équatoriens ne nous parlaient pas plus que cela car ils étaient vraiment timides mais ils voulaient que tout se passe bien pour nous. Le soir on était seul, le midi on mangeait seul (bien que dans la famille, les gens ne mangeaient pas avec nous, on trouvait ça un peu bizarre mais on nous a dit que contrairement à la France, le repas n’est pas convivial en Équateur, il est là seulement pour prendre des forces), le maçon du chantier n’osait pas nous dire ce qu’il fallait faire … Cela nous a appris à comprendre une nouvelle culture moins démonstrative que la culture française (où on dit tout de suite ce qu’il va ou pas) et on a appris à vivre sans se soucier du lendemain et à vivre le moment à fond. C’est une culture moins stressante que la nôtre.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes souhaitant réaliser un projet de solidarité internationale ?
Mon conseil est de mieux discuter avec l’asso sur la culture locale et ne pas regarder uniquement les lieux touristiques et l’image extérieure que l’on a en France afin de mieux comprendre cette nouvelle culture et ne pas idéaliser un pays par avance.
Comment allez-vous partager votre expérience en France et qu’allez-vous faire à votre retour ?
Nous allons faire une rétrospective à la rentrée où on va inviter tous les gens qui nous ont aidés et soutenus pour ce projet : amis, famille, scouts mais aussi les maires des communes qui nous ont subventionnés.