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30 août. 22
Congo

Hippolyte, chargé de suivi d’un projet d’énergie renouvelable au Congo-Brazzaville

Après un service civique à Pointe-Noire, Hippolyte est revenu au Congo dans le cadre d’un Volontariat de Solidarité internationale auprès de l’association Potamaï. Retour sur ses 12 mois de mission à piloter le projet Unité de Services Essentiels sur l’île Mbamou, au large de Brazzaville.

Qui es-tu ?

Je m’appelle Hippolyte, je suis en Volontariat de Solidarité Internationale (VSI) avec France Volontaires pour l’association Potamaï depuis septembre 2021 et pour 1 mission de 1 an, qui prend fin ce mois d’août 2022.

Que fait l’association Potamaï sur l’île Mbamou ?

Depuis 2015, des études ont été menées pour répertorier les besoins et les préoccupations des populations vivant sur l’île Mbamou. Cette étude a révélé des besoins en accès à l’énergie et en conservation de la nourriture. Le projet a mis en place une hydrolienne flottante sur le fleuve Congo qui alimente en électricité une Unité de Services Essentiels (USE) accessibles aux habitants de l’île à un prix abordable.

L’USE est un bâtiment que nous avons construit, dans lequel il y a des activités qui sont proposées à la population locale, des services et des produits essentiels à leur vie : eau potable (forage, pompage, filtration et traitement par UV de l’eau), accès à l’énergie, transformation alimentaire (confiture, pain…), transformation de nourriture pour bétail, espace informatique, machine à coudre, entre autres.

Pour l’instant, le travail se fait en collaboration avec les habitants des villages de Loubassa, Sinoa et Oyapi qui sont les premiers utilisateurs de cette USE. Le projet vise par la suite à étendre les bénéficiaires à tous les habitants de l’île, soit près de 20 000 personnes.

Potamaï est en partenariat avec une association locale, qui s’appelle Aide à l’enfance dont l’activité est de former et insérer des jeunes et moins jeunes en difficultés. Nous travaillons en étroite collaboration avec eux pour notamment dispenser des formations. Par exemple,  en ce qui concerne le pain, c’est un boulanger qui exerce à Brazzaville qui est venu former les habitants de l’île. Pour l’informatique, c’est un informaticien professionnel qui vient former les locaux 3 jours par semaine. La formation couture est elle aussi dispensée par un couturier professionnel de Brazzaville.

Sur le long terme, le projet a pour but, à travers l’autonomie en énergie renouvelable, de développer des opportunités économiques pour la population de l’île Mbamou et de les former afin d’améliorer leur employabilité. A court terme, nous visons des objectifs sanitaires, notamment un accès à l’eau potable et une disponibilité constante de nourriture.

En quoi consiste ta mission au sein de Potamaï ?

Je suis chargé suivi projet. Ma mission est de contrôler l’avancement du projet et de mettre en place les différents outils de gestion et de suivi des activités avec pour but de rendre l’équipe de l’USE autonome dans la gestion de la production/consommation électrique et dans l’organisation de la production, commercialisation des biens et services que nous proposons.

Pourquoi un volontariat ? Pourquoi le domaine de l’environnement ?

J’ai étudié les sciences politiques et les relations internationales avec une spécialisation sur le développement international. J’ai parallèlement toujours eu une appétence pour tout ce qui a un attrait à la sécurité alimentaire. A la fin de mes études, je voulais m’engager sur des missions qui me paraissaient utiles, qui permettent le bien-être de tous et de la planète.

De 2019 à 2020, j’ai eu l’opportunité de faire un Service Civique Internationale au Congo-Brazzaville où je travaillais pour une association congolaise Endangered Species International Congo (ESI Congo) qui mène des actions de protection de la biodiversité et des grands singes dans la forêt du Mayombe. Après ce service civique, ma volonté était de repartir à l’étranger sur un projet de développement en lien avec la sécurité alimentaire. Il y avait cette opportunité de VSI, je connaissais déjà le terrain et je pense que ça a probablement fait la différence face aux autres candidats.

C’est comment de vivre sur une île au milieu du fleuve Congo ?

Originaire d’une ville relativement petite en France et vivant aux abords de la forêt, j’ai toujours apprécié vivre dans la nature. Évoluer dans un environnement rural reculé était un des critères de choix de ma mission. Ainsi, je me suis tout à fait senti dans mon élément en vivant sur cette île à l’écart de tout.

En effet, le site de l’USE est situé entre deux villages, au beau milieu de savane/marécages. Vivre dans le calme de la nature et fréquenter les populations des villages m’a permis d’apprendre autant sur ma personne que sur les peuples qui m’entourent. Cet environnement est pour moi idyllique, si on omet la concentration inimaginable de moustiques qui rendent les soirées quelque peu compliquées. Enfin, le site de l’USE n’est qu’à une trentaine de minutes de pirogue du centre-ville de Brazzaville ce qui m’a permis de conserver une certaine vie sociale avec mes amis vivant à Brazzaville que j’ai pu retrouver les week-ends.

Qu’est-ce que ce volontariat t’a apporté ?

Intéressé par les activités et procédés destinés à atteindre une forme d’autosuffisance, j’ai acquis de nombreuses connaissances sur la manière de générer et de gérer de l’électricité, de potabiliser de l’eau, de produire et transformer de la nourriture. Je me sens dans mon élément parce que, à terme, j’aimerais me tourner vers des projets d’auto-suffisance et ce sont des notions que j’aimerais maitriser.

J’étais déjà familier avec le Congo, donc je ne dirai pas que j’ai fait des découvertes extraordinaires cette fois-ci (lors de mon premier volontariat en 2019, oui) mais j’ai appris à avoir les pieds sur terre. J’ai passé beaucoup de temps sur cette île avec des conditions d’hébergements assez rudimentaires et cela m’a permis de relativiser sur nos modes de vie occidentaux.

Le souvenir congolais que tu aimerais mettre dans ta valise de retour ?

J’aime la nature, son calme et sa puissance, de ce fait, j’ai été fasciné par les orages équatoriaux. Si on pouvait mettre Paris en bouteille, alors je mettrais un orage dans ma valise.

Quel projet pour la suite ?

J’aimerais bien continuer sur des missions de 1 ou 2 ans pour les prochaines années et découvrir, pourquoi pas, d’autres continents. À terme, j’aimerais intégrer ou construire un tiers-lieux qui prône l’être humain et la nature.

1 conseil aux futurs volontaires ?

Ouvrez-vous à la vie, aux autres et à vous-même. Faites de votre mieux pour promouvoir un monde plus juste et durable, mais gardez à l’esprit que vous ne changerez pas le monde ! Petit colibri, fais ta part, mais ne te démoralise pas si le feu continue à consumer la forêt malgré tes efforts.

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