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28 mai. 24
Guinée

Hugues, une retraite au service de la solidarité

Il y a un moment dont je ne me lasse pas : la descente des élèves du bus scolaire tous les matins: il y a toujours un élève plus âgé ou plus fort pour les aider.

Hugues est en volontariat de solidarité internationale, envoyé par la Délégation catholique pour la coopération (DCC). Cet ancien ingénieur informatique a pris un virage inattendu après une carrière bien remplie. Marié, père de trois enfants et récemment retraité, il s’est engagé depuis octobre 2023 comme conseiller technique au centre Konkouré à Mamou, en Guinée, un centre de formation professionnelle pour jeunes en situation de handicap.

Qu’est-ce qui t’a poussé à t’engager auprès du centre Konkouré ?
Après plusieurs engagements bénévoles qui ne changeaient pas fondamentalement mon mode de vie, j’ai ressenti le besoin de m’investir davantage sur le terrain. Un voyage à Madagascar a été le déclic. Le contraste avec le luxe superficiel de Paris m’ont profondément bouleversé. J’ai compris que mes engagements devaient passer par une véritable rupture et une action concrète sur le terrain.

Quelles sont les missions ?
Elles sont variées : assister la directrice du centre dans sa prise de poste, revoir les modalités de gouvernance et de fonctionnement, organiser des événements majeurs comme la remise des diplômes et les jeux paralympiques et réfléchir à des stratégies pour l’avenir du centre, notamment en recherchant de nouveaux bailleurs et en développant la notoriété du centre.

Quels sont les défis que tu as rencontrés ?
Les défis sont nombreux. Il faut naviguer entre des procédures rigides, un certain fatalisme, et le décalage entre les discours ambitieux et les réalisations concrètes. Comprendre et respecter les codes locaux sans imposer ses propres solutions est également un défi de taille.

Comment vis-tu l’adaptation à ton nouvel environnement ?
Je suis impressionné par la beauté et la classe des tenues colorées des femmes, par la débrouillardise et le « no limit » des hommes pour charger leurs motos ou les taxis et en même temps horrifié devant la poussière et la pollution. Je suis aussi stupéfait devant la lourdeur des procédures. Emu par la gentillesse des hommes, des femmes et des enfants, je suis en même temps révolté par le sort et les traitements réservés aux femmes. Tous nos codes de fonctionnement et de jugement explosent, en fait.

Quel impact espères tu avoir au sein du centre ?
J’espère apporter une absence d’auto-censure, une capacité à oser et à innover sans se donner de limites. Je veux encourager une prise de conscience et une remise en question des pratiques établies, tout en respectant les spécificités locales.

Un moment fort que tu souhaites partager ?
Il y a un moment dont je ne me lasse pas : la descente des élèves du bus scolaire tous les matins.  Les fauteuils roulants sont parfaitement alignés, comme au départ des 24h du Mans dans l’ancien temps. C’est impressionnant. Il y a les élèves qui peuvent descendre tout seul du bus, ceux qu’il faut porter. Et il y a toujours un élève plus âgé ou plus fort pour les aider. Et puis, tout le monde s’égaye. Vers les salles de formation, cahin-caha, clopin-clopant certes, mais toujours heureux d’être là. On sent une vraie fraternité entre eux.

Comment résumerais tu ton expérience au Centre Konkouré ?
Mon expérience au Centre illustre la transition d’une carrière professionnelle intense vers un engagement humanitaire profond.
J’effectue un parcours riche en émotions, ponctué de défis et de révoltes, mais aussi de moments de grande humanité et de cohérence personnelle.