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15 mar. 22
Mauritanie

Justine et Nina, volontaires en service civique à l’École française de Nouakchott

Le 9 mars, France Volontaires, est allée à la rencontre le temps d'une matinée, des deux volontaires service civique actuellement en mission au lycée français de Nouakchott. L'occasion de comprendre un peu plus l'étendue de leurs missions et la manière dont elles les abordent au quotidien. L'équipe de France Volontaires a ainsi assisté à deux séances de tutorat en parallèle de chacune des volontaires (une en individuel et une avec un binôme), 1h d’accompagnement des maternelle pendant un cours d’anglais avec Justine et enfin 1h d'appui en français en demi-classe à des CE1 avec Nina. Entretiens.

Pouvez-vous vous présenter et décrire brièvement votre mission ?

Justine : Je m’appelle Justine, j’ai 24 ans, et je suis originaire de la région Centre. À l’issue de mes études d’histoire j’ai souhaité partir à l’étranger donc j’ai candidaté pour effectuer un service civique en Mauritanie, et j’ai été acceptée ! Il s’agit d’un contrat de 10 mois, au sein du lycée français Théodore-Monod à Nouakchott. Nous sommes deux volontaires en services civique, notre mission est d’aider les élèves qui ont des difficultés en leur donnant des cours, en reprenant leurs exercices, en revoyant la méthodologie etc. pour les faire progresser. On intervient de la maternelle jusqu’au lycée, les modalités varient en fonction des attentes et des besoins des professeurs (on peut rester au sein de la classe pour un ou plusieurs élèves, faire des cours particuliers…).

Nina : Je me présente, je m’appelle Nina Puslecki, j’ai 22 ans et je viens de France. Je suis arrivée en Mauritanie début septembre 2021 pour un service civique au lycée français Théodore-Monod à Nouakchott pour 10 mois. Avant de partir, j’ai validé une première année de master de chimie à Paris-Saclay. Ma mission au sein du lycée consiste à aider les élèves en difficulté grâce à des heures de soutien dans la semaine que l’on appelle tutorat. J’ai des élèves allant de la grande section de maternelle à la terminale, car j’interviens aussi dans des classes de primaire afin de faire du soutien pour un seul élève ou bien pour aider un/une instituteur/rice lors d’ateliers.

Etes-vous en lien avec les profs des différentes matières pour déterminer les besoins des élèves et les exercices à leur soumettre ? Vous accompagne-t-il dans la création du support de cours ?

Justine : En général ce sont les professeurs qui viennent nous voir pour nous demander s’il est possible de prendre tel ou tel élève en tutorat car il a des difficultés. Ils nous expliquent rapidement quelles sont ses lacunes et ensuite on est autonome, c’est à nous de créer le support de cours. Pour autant, ils sont toujours à l’écoute pour nous aider et nous conseiller en cas de besoin. En ce qui concerne les élèves de primaire et maternelle, le fonctionnement est différent : le professeur prépare le travail que l’on doit faire avec l’élève, il ne nous reste plus qu’à l’appliquer.

Nina : Comme je l’ai dit précédemment, nous sommes en lien avec les professeurs pour parler des élèves que nous avons afin qu’ils nous aident à mieux cerner les difficultés mais ils ne nous donnent pas de support. Il faut aussi comprendre que les heures de tutorat ne sont pas des cours et nous ne sommes pas là pour alourdir les élèves. Lors de ces heures de soutien, je revois avec les élèves leurs cours si ils n’ont pas compris, je leur fais faire des exercices différents de ce qu’ils voient en cours ou bien je leur fais des rappels sur des leçons qu’ils auraient dû apprendre les années précédentes.

Quelles sont selon vous les plus grandes différences entre la Mauritanie et la France et en quoi influence-t-elles la manière dont vous devez aborder les tâches quotidiennes ?

Justine : À mes yeux, la différence principale réside dans le fait que la France est un pays laïc tandis que la Mauritanie est une République islamique. La religion est très présente et rythme la vie de la population (la prière du vendredi, l’appel à la prière plusieurs fois par jour), elle imprègne tous les aspects de la vie quotidienne (l’interdiction de consommer de l’alcool, le port de la melahfa par exemple). C’est une chose à laquelle je n’étais pas habituée mais en soi cela n’a pas eu d’impact sur la vie quotidienne, j’essaie simplement de faire attention à la manière dont je m’habille lorsque je sors.
Une autre différence entre la France et la Mauritanie est qu’ici il y a peu de lieux pour se divertir (monuments culturels, parcs, bars, cinémas, bowlings…) donc les idées de sorties sont limitées.
Enfin le, le dernier élément que j’ai en tête concerne le climat. Lui a un impact sur la manière dont j’aborde la vie quotidienne car dans la mesure du possible j’évite de sortir en milieu de journée, lorsque les températures sont les plus élevées.

Nina : Comme nous sommes dans un lycée français, les règles françaises s’appliquent. En revanche, le lycée est assez différent des lycées en France où j’ai pu faire ma scolarité. Tout d’abord, le lycée étant une partie de l’ambassade, il est sécurisé par des portes blindées, des tourniquets et des barbelés, chose que je n’avais jamais vu en France. Enfin, la plus grosse difficulté est d’aider les élèves non francophones. En effet, certains élèves viennent d’arriver dans le lycée français mais ne parlent pas encore bien le français. Ainsi on se retrouve obligé de faire des cours de FLE. Et parfois, les élèves parlent entre eux en Hassanya devant nous alors cela devient compliqué de les comprendre.
Comme je n’ai pas vu tous les lycées de France, peut-être vous retrouverez certains caractères de ce lycée en France aussi.

Quelles sont selon vous les qualités indispensables pour faire un service civique du même type ? Un conseil aux futurs volontaires ?

Justine : À mon sens il faut être curieux, et doté d’une bonne capacité d’adaptation car on arrive dans un pays très différent de la France, sans nos proches pour nous épauler en cas de besoin.
Je pense que pour profiter de cette expérience pleinement il ne faut pas hésiter à sortir, à aller vers les gens pour faire des rencontres. Comme les lieux de divertissement sont rares, cela inclut de prendre contact avec des structures comme France Volontaires, s’inscrire à une activité sportive, aller aux réceptions… Par ailleurs, je trouve intéressant de sortir de Nouakchott et de visiter d’autres parties du pays comme le banc d’Arguin, le parc du Diawling, Nouadhibou, l’Adrar….

Nina : Je ne pense pas qu’il y ait de qualité indispensable, mais il faut pouvoir s’adapter rapidement à un nouvel environnement ainsi que de pouvoir s’adapter aux élèves devant soit. Ensuite, comme nous travaillons avec des élèves, savoir garder son calme et être patient s’avère très utile.
Un conseil pour les futurs volontaires de ce service civique : ne pas hésiter à parler aux collègues (aussi bien les professeurs que le personnel administratif) pour demander de l’aide ou juste pour se faire des connaissances et discuter. Et ne pas avoir peur face aux élèves et surtout ne pas penser qu’on n’est pas capable de le faire.

Quel est votre meilleur souvenir de votre mission ? Et votre meilleur souvenir de la Mauritanie ?

Justine : Je n’ai pas de souvenir particulier en tête. Cela me fait plaisir lorsque les élèves me disent qu’ils ont eu une bonne note parce que ça montre qu’ils progressent et que ce que l’on fait ensemble leur sert. Concernant mon meilleur souvenir de Mauritanie, je pense que la semaine passée à marcher dans le désert reste ma plus belle expérience, le dépaysement était total.

Nina : La mission n’étant pas encore finie je ne peux pas encore dire mon meilleur souvenir. Et comme souvenir de la Mauritanie, je dirai le séjour dans le désert de l’Adrar en novembre.

Que direz-vous à quelqu’un qui hésite à se lancer dans ce type d’aventure ?

Justine : Il s’agit d’une très bonne expérience donc il faut oser sauter le pas. Un séjour à l’étranger est toujours enrichissant, c’est aussi l’occasion de découvrir une nouvelle culture, des paysages différents… L’avantage du service civique est que l’on n’est pas « lâché dans la nature », on part avec une organisation, tout est cadré. Cela a un côté rassurant, à la fois pour le volontaire mais aussi pour sa famille. De plus, en ce qui me concerne toutes les personnes rencontrées sur place ont été adorables et m’ont très bien accueillie, ce qui a grandement facilité mon installation et intégration.

Nina : Si quelqu’un hésite à se lancer, je lui dirai de ne pas perdre sa chance. J’ai aussi beaucoup hésité mais après avoir été sûre que je pouvais continuer mon master l’année suivante, j’ai sauté sur l’occasion et je n’ai pas eu peur de dire “oui” alors même que je n’avais pas encore prévenu ma famille.
Les année passées à être volontaire service civique, qui plus est à l’étranger, seront toujours extrêmement enrichissantes et bénéfiques. Je ne pense pas qu’il faille hésiter et je suis très contente d’avoir dit oui pour ce service civique. L’expérience est incroyable, les gens que l’on rencontre sont adorables, très intéressants et cela permet de réfléchir à ce que l’on veut faire de sa vie.

Quels sont vos projets post-volontariat ? Votre mission s’inscrit elle dans ces projets ?

Justine : Oui et non, je ne souhaite pas travailler dans l’Éducation nationale mais j’ai effectué un service civique pour des raisons professionnelles : souhaitant travailler dans les relations internationales dans le domaine de la défense, je savais que ce qu’il manquait à mon dossier était une expérience à l’étranger. La Mauritanie représentait un bon compromis car il s’agit d’un membre du G5 Sahel (donc qui lutte contre le terrorisme) mais en termes de sécurité la situation est bien plus calme ici qu’au Burkina ou au Mali.

Nina : En rentrant de ce service civique, je devrais continuer sur une deuxième année de master. En effet, j’ai déjà eu ma première année de master de chimie et il me manque une année pour obtenir mon diplôme de master. Cependant, je ne sais pas encore dans quel master je serai car j’en ai demandé plusieurs (en chimie-biologie ou chimie de l’environnement). Ce service civique ne s’inscrit donc pas du tout dans mon projet scolaire, mais me permet de rencontrer des personnes différentes exerçant des métiers que je ne connaissais pas et me permets donc de réfléchir à ma poursuite d’étude. C’est notamment lors de cette année que j’ai découvert un master dans l’environnement qui me plaît particulièrement et dans lequel je vais postuler pour l’année prochaine.