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13 mai. 20
France
Tunisie

Koussay, volontaire tunisien en service civique en France

Koussay est en mission de service civique auprès du Conseil départemental de l’Aude afin de sensibiliser les jeunes aux objectifs de développement durable. Ce Tunisien de 24 ans nous partage son expérience, sa découverte de la France et son fort désir d’engagement.

Qui es-tu ?

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Koussay. Je suis un jeune tunisien, j’habite à Sousse (une très belle ville côtière) et j’aurai très bientôt mes 24 ans. J’ai fait mes études supérieures en philosophie à l’université de Tunis et je suis intéressé par les questions sociales, humanitaires et de solidarité. J’ai accumulé des expériences différentes qu’elles soient bénévoles, associatives et mêmes politiques…

Passionné également par le voyage, j’ai fait un tour dans plusieurs pays africains surtout, et je suis très avide des discussions et débats approfondis avec des personnes et personnages cultivés, je suis et je resterai pour toujours assoiffé au savoir, à la découverte et à l’apprentissage.

Pour quelles raisons ce projet d’engagement en service civique ?

L’idée de participer a une mission d’éducation civique dans un pays différent du mien, dans une nouvelle culture très originale. J’ai vécu une même expérience dans certains pays africains (en Mauritanie et au Maroc) et c’était très agréable pour moi. Cette fois-ci, dans un pays européen comme la France, je ne peux qu’être doublement comblé d’un grand enthousiasme et d’une grande motivation. C’est très important de me sentir dans un nouveau monde, de travailler et de coopérer avec des gens venus de plusieurs pays et venus de milieux sociaux, économiques et culturels différents, mais unis tous autour d’une bonne cause, autour d’une même mission humanitaire, du volontariat, d’altruisme. C’est très humain et humaniste de s’effacer un peu, d’oublier un peu son égoïsme et d’agir pour les autres.

Quels objets as-tu apportés avec toi dans tes valises et pourquoi ?

Quand j’ai pris l’avion pour venir en France, j’ai pensé à  la culture et l’humain différent que j’ai imaginé dans mon esprit et que je vais devoir côtoyer et découvrir pendant mon séjour en France. Physiquement ce que j’ai apporté avec moi, la « harissa »  et la « bsissa » qui sont des plats traditionnels tunisien en plus de ceci quelques vêtements traditionnels. Et émotionnellement, j’ai apporté avec moi mes pensées les plus folles, mes rêves et ma culture.

L’interculturalité

Quelles ont été tes premières impressions à ton arrivée en France ?

Je me rappelle de la première fois où j’ai senti que je suis dans un monde différent de celui que j’ai toujours connu : c’était le deuxième jour de mon arrivée en France. J’étais le soir au capitole à Toulouse, avec un début de pluie légère et la cour rouge remplie de belles lumières homogènes et le silence et la joie couvrent le lieu. Il y avait des personnes qui dansaient et d’autres qui lisaient. À cet endroit et à ce moment là, la culture française a commencé à se dévoilé discrètement devant mes yeux. Et moi qui étais là seulement depuis un jour, je ne pouvais qu’admirer ces instants. À ce moment précis, j’ai eu la conscience et la volonté d’apprendre plus et de connaître sur cette France dont tout le monde parle.

Quelles sont les différences qui t’ont le plus marqué entre la France et ton pays ?

Depuis mon arrivée, j’ai remarqué qu’il y a des ressemblances, des différences et variétés (mélanges) dans beaucoup de choses et de détails. Ce mélange m’a interpellé dans chacune de mes visites dans les différentes villes. La France possède sa personnalité culturelle et sociale qui lui sont propres. La littérature française est très riche de ses écrivains et de ses romans, ainsi que l’art musical est très varié. Mais encore, le style de vie est optimiste et positif.  Dans chaque coin, l’histoire de la France est présente à travers ses monuments, ses sculptures et ses tableaux, ainsi que le protocole français est omniprésent et présenté de façon très fine et élégante.

Malgré tout cela, il ya quelques points que je trouve négatifs selon mon point de vue. Dans mon pays natal, la Tunisie, nous sommes plus proches les uns des autres comparant à ici. J’ai découvert qu’en France,  les personnes regardent toujours devant eux et jamais autour d’eux dans la rue, ceci était le cas au moins jusqu’à avant le début de la pandémie du Covid 19.

Il y a donc des différences culturelles et sociales entre mon pays et ici. Cette différence nous mène à une réflexion, qui est de nous améliorer en mieux voire de changer. Et tout ceci pour converger à un monde meilleur.

La mission

Quelles sont tes missions au quotidien ?

Avec mes deux collègues burkinabé et française, on travaille sur le projet de « Tandems Solidaires » et notre mission se déroule au conseil départemental de l’Aude. C’est un projet mis en place par le conseil départemental de l’Aude en collaboration avec le réseau régional multi-acteurs Occitanie Coopération. Il s’agit de mettre en lien les établissements scolaires (école-lycée-universités) avec les associations de solidarité internationale de notre département pour animer des séances sur les objectifs de développement et pour pousser les jeunes à agir pour un monde plus solidaire.

La mission, c’est entre notre bureau et le terrain. Au bureau, on fait la coordination entre les associations et les établissements scolaires et on fait les dossiers budgétaires et administratifs. Et après on se déplace dans les établissements pour faire une animation avec les associations, on parle aussi des exemples et des expériences vécus dans nos pays.

Quelles sont les compétences que tu as développées avec cette mission ?

À travers cette mission, mon langage en français a progressé. J’ai également évolué a travers les erreurs que j’ai commises et de celles commises en partie pour moi- même, soit au cours du travail volontaire au sein d’un groupe diversifié culturellement ou bien à travers le réseau virtuel et numérique, évident pour certains mais pour moi trop complexe.

En commençant cette mission, je n’avais jamais imaginé qu’elle m’apporterait autant ! Mes compétences, mes « soft skills », se sont vraiment développées, et ma passion a augmenté en me découvrant et en découvrant mes talents cachés.

Quelles sont les difficultés que tu as rencontrées (techniques, humaines, intellectuelles etc.) ?

Cette pandémie et ce confinement durant plus d’un mois et demi, seul, m’a vraiment épuisé et m’a rendu un peu fatigué. Une grande déception m’a également envahi car une partie intéressante de la mission a été annulée.

En tant que volontaire en service civique, quelles sont selon toi les trois qualités essentielles pour devenir volontaire ?

Pour bien accomplir sa mission, le volontaire doit posséder certaines qualités…D’abord, il doit faire preuve de bonne volonté et avoir la motivation d’apprendre, et surtout de bien écouter avant de répondre aux attentes qu’on a envers lui. Ensuite, il doit entretenir une bonne relation avec les autres, et démontrer un sentiment d’empathie, de dévouement et de solidarité pour pouvoir venir en aide aux personnes qui en ont besoin. Enfin, il doit reconnaître ses limites et ses incompétences, et il ne doit jamais hésiter à demander de l’aide ou des conseils de ceux qui ont plus d’expérience dans ce domaine.

Si tu devais promouvoir le volontariat solidaire en une phrase ?

Le volontariat est la meilleure solution que l’humanité adopte et suit de manière commune pour qu’il y ait un monde meilleur.

La réciprocité

Que penses-tu retenir de ton expérience de retour dans ton pays ?

On reçoit certainement des coups durs quand on est seul et loin de chez soi, mais une expérience pareille nous apprend également tellement de choses. Sur nous même : j’ai appris à être plus autonome, plus intègre et responsable et surtout plus ouvert d’esprit. Sur les autres: cette aventure m’a permis de découvrir un nouveau monde, une nouvelle culture, un nouveau système éducatif, de nouvelles personnes. J’ai appris que partir à l’étranger nous transforme vraiment.

Qu’est-ce qui aura changé dans ta vie ?

Cette expérience a aiguisé ma modestie et mon appétit pour apprendre davantage sur les autres. J’ai beaucoup appris et j’ai commencé à savoir plus que jamais qu’une personne, peu importe ses connaissances, ne savait absolument rien, et que la différence et la diversité sont une vrai richesse. J’ai eu l’occasion de côtoyer des gens venus de partout dans le monde et cela m’a rendu plus affamé de découverte, et m’a ouvert les portes sur de nouvelles langues, cultures, identités. Et c’est ce que je compterai faire et poursuivre dès mon retour au pays.

Comment penses-tu valoriser ton expérience ?

Les savoir-faire et le savoir être acquis au cours de mon expérience seront certainement mis en valeur. C’est une expérience enrichissante pour moi et pour ma société. Je continuerai à travailler sur le sujet et aller vers un avenir meilleur dans ce domaine de la solidarité mondiale et dans les domaines de la culture, de la connaissance et du savoir.

Quels sont tes projets après ce volontariat ?

J’ai décidé de m’engager à l’été 2021 dans une autre aventure culturelle avec une équipe d’intellectuels, de philosophes, de militants jeunes, entre les villes méditerranéennes, pour un projet éducatif, culturel, et touristique auquel je me prépare et dans lequel j’investirai tout ce que j’ai appris.

Un conseil aux futurs volontaires ?

N’arrêtez jamais d’apprendre et de rêver d’un monde meilleur.

 

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