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06 avr. 22
Madagascar

La culture comme levier de développement : une mission de Cassie, volontaire de solidarité internationale à Madagascar

Après un parcours universitaire en ingénierie culturelle, Cassie s’est engagée en Volontariat de Solidarité Internationale à l’Alliance française de Diego-Suarez, en 2018. Une mission qui donne du sens à sa fonction de directrice adjointe, chargée de la culture et de la communication pour œuvrer à la démocratisation des pratiques culturelles, à Madagascar.

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Cassie, j’ai 29 ans, et je suis originaire de l’île de La Réunion. Je me suis envolée pour Paris dès mes 17 ans pour faire une licence d’histoire de l’art, et un master en ingénierie culturelle. En 2019, après un retour à La Réunion, j’ai souhaité m’engager à l’étranger avec France volontaires pour une mission de Volontariat de Solidarité Internationale (VSI) à l’Alliance française de Diego-Suarez à Madagascar en tant que directrice adjointe, chargée de la culture et de la communication. Voilà maintenant 2 ans et demi que je remplis cette fonction.

Quelle sont les spécificités de l’Alliance de Diego Suarez ?

L’Alliance française de Diego est une des alliances les plus dynamiques de Madagascar, et à mon avis l’une des plus belles (physiquement et humainement). Isolée de part un accès difficile par la route et cher par avion, Diego est une ville qui se veut autonome et qui attire malgré tout les touristes et artistes de par son charme indéniable.

Qu’est-ce qui te motive dans ta mission de directrice adjointe et responsable culturel au sein de l’Alliance ?

Je n’aurai pu rêver mieux comme première expérience professionnelle. De par ma formation, ce poste correspond tout à fait à mes compétences et mes aspirations professionnelles. Mettre en place des évènements principalement culturels, soutenir des artistes et la création, promouvoir la francophonie tout cela en organisant des festivals, concerts ou encore des résidences d’artistes locaux ou étrangers est absolument passionnant ! Nous faisons également de la médiation culturelle et mettons en place des ateliers artistiques à destination des jeunes. Nous avons choisi d’adopter une politique culturelle gratuite afin de rendre les arts et la culture accessible à tous. La culture, parent pauvre de toutes les diplomaties, est pour moi un droit et il est de notre devoir à tous de faciliter et démocratiser son accès.

Comment contribues-tu au développement de l’accès à la culture pour chacun dans la ville de Diego Suarez ?

C’est un combat de tous les jours, que ce soit dans cette ville ou une autre, mais la difficulté d’accès physique ainsi que le manque de moyen en fait un véritable combat de chaque instant. Mais je pense que ces batailles, mon équipe et moi, nous les gagnons un peu plus chaque jour. En tant qu’Alliance nous devons représenter la culture française et malagasy, dans un contexte sanitaire qui nous est très peu favorable. Mais nous avons réussi, et cela, avec brio je pense. Puisqu’en 2 ans et demi de Covid, nous avons réussi à maintenir nos plus gros évènements, notamment l’un des plus gros festivals de Street-art de Madagascar (Stritarty) et continuons de soutenir nos artistes en organisant concerts, projections, expositions, etc. Nous avons même pu mettre en place l’évènement Nuit des idées dès 2020, une première dans une alliance à Madagascar !

En 2 ans de mission, quels sont les changements que tu as pu observer ?

C’est une question très difficile. Le contexte du Covid a complétement bouleversé nos habitudes, lançant la population dans un train-train quotidien fatal pour les commerces et donc aussi pour les fonds propres de l’Alliance et son fonctionnement. Le mode survie a été lancé rapidement et c’est ce que nous vivons depuis maintenant 2 ans. Cela nous demande donc plus d’énergie pour mobiliser artistes comme public dans une ambiance générale un peu morose. L’activité semble avoir repris mais tourne tout de même au ralenti par rapport aux années précédentes. Ce fut une période particulière (bien qu’elle soit loin d’être terminée…). La ville a tenu, n’a pas subi un confinement très fort, et l’Alliance a su y faire face.

Quels sont les événements/rencontres qui t’ont marquée ?

Chaque évènement, chaque rencontre a été pour moi bouleversante. Chaque découverte, discussion a forgé cette expérience et m’a forgé en tant que personne. L’équipe de l’Alliance m’a permis de sentir que j’étais intégrée et légitime à ce poste et dans ce pays. Les artistes m’ont permis de saisir des problématiques pouvant être propres à Madagascar ou non et donc de percevoir des solutions. Le public m’a permis de cerner les intérêts de chacun et donc l’importance de la culture dans une société. Les moments forts de l’Alliance tel que les festivals Stritarty, la résidence artistique Regards Croisés ainsi que les tournées nationales ont été des moments importants professionnellement mais n’auraient pu avoir lieu sans les rencontres de chaque jour.

Quelles sont les découvertes que tu as faites grâce à ce volontariat ? 

J’ai pu découvrir une « nouvelle » culture. Mais avant tout je dirai que je me suis découverte moi-même, mes limites, mes forces. Partir à l’étranger est une chose, mais ne pas pouvoir circuler librement dans un pays et devoir soutenir la population dans des moments de pandémies loin de ses proches c’est autre chose. Vivre dans une culture où souvent je me sens si proche et parfois si éloignée m’a fait comprendre qu’on est citoyen du monde avant d’être citoyen d’un pays.

Un message pour les jeunes qui souhaiteraient s’engager ?

Sautez sur cette opportunité, ne la laissez surtout pas passer ! Être volontaire et partir, « saut’ la mer » comme on dit à La Réunion est une des plus belles choses qui puisse vous arriver. La rencontre, la découverte des autres et de soi, sortir de sa zone de confort… C’est une expérience à vivre profondément, qui m’a personnellement bouleversée (alors qu’elle n’est pas encore terminée) et ce, à vie ! Ces expériences se font de plus en plus rares dans le monde du travail, faire une mission de ce type avec des responsabilités, dans des pays aussi incroyables et proches de nous, cela ne se refuse pas !