« Le volontariat m’a permis de partir sur une mission en continuité avec mon parcours professionnel », Clémence, en VSI à l’Institut Français de Côte d’Ivoire
Clémence est volontaire France Volontaires en charge de la communication et des partenariats pour l’Institut Français de Côte d’Ivoire : entre découverte de la culture ivoirienne, projets accomplis et perspectives futures, elle nous livre sa vision du volontariat.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Clémence, j’ai voulu faire un volontariat en Afrique francophone parce qu’à Paris je travaillais pour une plateforme qui s’appelle Blacks to the future : c’est une plateforme web sur l’afro-futurisme où l’idée est de mettre en valeur toutes les initiatives créatives, artistiques, écologiques en lien avec l’Afrique, de donner une image positive de l’Afrique. Du coup ça m’a donné envie de partir et j’ai pris contact avec France Volontaires. Le but était de rester dans mon secteur : à la base je travaille plutôt dans l’art contemporain, dans la danse et le théâtre. France Volontaires m’a proposé la mission à l’Institut Français d’Abidjan et j’ai accepté, je suis ici depuis octobre 2015.
Peux-tu présenter ta structure d’accueil ?
L’Institut Français de Côte d’Ivoire, à la base est un outil de coopération culturelle rattaché à l’Ambassade : le but est de valoriser la culture et la langue française, les artistes et les œuvres artistiques en lien avec la France, la francophonie, de donner des cours de français… On a le service Campus France qui fait l’intermédiaire entre les étudiants ivoiriens qui veulent étudier en France et les établissements français.
Mais l’Institut Français a aussi des missions de valorisation de la culture locale, de soutien à la création, à la diffusion, d’aide à la production. On cherche à favoriser les échanges, les rencontres, les formations de professionnels du secteur culturel et on fait de la sensibilisation auprès du public. On organise et on accueille plus de 150 événements par an. C’est vraiment pluridisciplinaire, le but est de donner un vaste éventail de la culture locale, francophone et française.
Pourquoi as-tu eu envie de faire un volontariat ?
Le but était de partir tout en faisant une mission qui soit en cohérence avec ce que j’avais fait auparavant. Je voulais qu’il y ait une continuité dans mon parcours professionnel. Donc effectivement le secteur des Instituts Français, des Alliances Françaises est un réseau qui m’intéressait mais je n’osais même pas y rêver. La mission de responsable communication à l’Institut Français de Côte d’Ivoire, était une création de poste, du coup ça m’a permis de partir de zéro et de vraiment tout mettre en place : pour moi c’était clairement en cohérence avec ce que j’avais fait avant.
Qu’est-ce qui t’as surpris en arrivant en Côte d’Ivoire ?
La richesse de la culture locale et le nombre de personnes qui veulent monter des projets ! C’est toujours incroyable, il y a une volonté de s’investir alors que pour monter des projets culturels ici le contexte n’est pas forcément idéal. Déjà en France ce n’est pas facile bien qu’il existe des systèmes de subvention, mais ici, heureusement qu’il y a des gens qui en veulent !
Qu’as-tu appris, que retiens-tu de ton expérience de volontariat ?
J’ai beaucoup appris sur moi, sur mes capacités professionnelles. J’ai énormément appris évidemment sur la Côte d’Ivoire, sur la façon dont les gens fonctionnent ici, sur la façon dont ils voient l’avenir, sur le dynamisme et l’optimisme qu’ils peuvent avoir.
Est-ce qu’il y a des choses qui ont été plus dures pour toi ?
Oui, forcément. Déjà au début je ne comprenais rien aux transports, j’essayais de prendre les taxis partagés mais je ne comprenais pas comment ça fonctionnait donc j’ai mis quelques temps avant de l’assimiler. Sinon des difficultés au niveau professionnel parce que les choses se font peut-être de façon un peu moins rigoureuse que ce à quoi on nous a habitué en France. En France au final on est très procéduriers, très administratifs, très carrés donc il faut apprendre la souplesse et s’adapter face aux imprévus.
Tu as voulu prolonger ton contrat, pourquoi ?
Parce qu’il y a encore beaucoup à faire : moi je m’occupe de la communication et des partenariats, en deux ans j’ai monté beaucoup de choses, mais il reste encore plusieurs chantiers qui nécessitent plus de temps. Pour l’instant j’ai créé un certain nombre d’outils de communication, à savoir le site internet, le programme bimestriel, les réseaux sociaux, les affiches… J’ai monté un certain nombre de partenariats, soit médias ou avec d’autres structures culturelles ou institutionnelles. Mais là il y a un chantier que je n’ai pas encore eu le temps de développer qui est le lien avec les entreprises, tout ce qui est sponsoring/mécénat. On commence à le faire sur certains événements, où on associe une entreprise qui nous aide au niveau des coûts ou pour la communication, à dynamiser un peu l’événement. En échange ça leur donne de la visibilité, tout ce qu’un Institut Français en tant qu’institution reconnue, légitime peut leur apporter. Maintenant je pense qu’il faudrait pérenniser tout ça et avoir des partenaires qui s’engageraient sur une plus longue durée et qui nous soutiendraient. Les choses se mettent en place petit à petit mais il reste encore beaucoup à faire. Il faut aussi assurer ma succession : on a déjà commencé à en parler avec le directeur de l’Institut.
Qu’est-ce que France Volontaires t’a apporté ou peut apporter aux volontaires ?
Pour moi c’est plutôt un soutien en termes administratifs, en cas de besoin, après peut-être que les volontaires à l’intérieur du pays voient les choses différemment mais pour moi c’est plus du soutien là-dessus et pas forcément de la mise en réseau comme ça peut être le cas pour d’autres parce que de fait je suis un peu la seule à travailler dans le secteur culturel institutionnel.
Quel conseil tu donnerais à quelqu’un qui veut faire un volontariat ?
De bien préparer son projet, de ne pas partir pour partir. Que ce ne soit pas juste une envie d’épanouissement personnel mais que ce soit vraiment quelque chose de professionnel. Pour moi il y a encore peut-être trop de gens qui voient le volontariat comme une parenthèse dans la vie professionnelle alors que ça s’intègre parfaitement en fonction de la vision qu’on peut avoir, de ce qu’on a fait avant, de ce qu’on veut faire après. Ca s’intègre parfaitement dans un projet professionnel, les volontaires sont des gens avec de vraies compétences qui apportent une vraie expertise.
Quelles sont les perspectives après ta mission ?
Alors, le but après c’est soit de continuer dans le réseau des Alliances Françaises/Instituts Français en tant qu’attachée culturelle ou directrice pour des structures plus petites que l’Institut Français d’Abidjan, soit retourner en France pour travailler dans l’art contemporain parce que ça reste quand même mon secteur privilégié. Il y a de plus en plus de fondations d’entreprise qui s’investissent dans l’art contemporain, c’est ce qui m’intéresserait.
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