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17 mai. 21

Lévi 22 ans, volontaire camerounaise à Metz dans le cadre de la Saison Africa2020

Simona Lévi, volontaire camerounaise en service civique en France dans le cadre de la Saison Africa2020 nous raconte son expérience.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Mon nom est Simona Lévi Betsogo Etongo. Je suis une jeune étudiante de 22 ans, née en mars 1999 à Akak 1, au Cameroun. Je suis titulaire d’un Baccalauréat d’enseignement général et d’une Licence en Arts Plastiques et Histoire de l’art à l’Université de Yaoundé 1. Actuellement, je suis inscrite en Master 2 en Histoire de l’art option Patrimoine et Muséologie. Je suis passionnée par tout ce qui tourne autour de l’art : la musique, le cinéma, les expositions d’arts visuels, la mode et le design.

Comment as-tu connu le principe de réciprocité et la possibilité d’effectuer une mission de service civique en France ? 

C’est un grand plaisir pour moi d’effectuer une mission de service civique, même si avant cette mission je ne savais pas ce que c’était. J’avais eu l’information concernant la Saison, par le biais d’un médiateur de la structure Doual’art et je n’ai pas hésité à postuler. Tout ce processus a été mis en place grâce à la collaboration entre l’équipe d’organisation de la Saison Africa2020, la structure Doual’art au Cameroun qui est un espace de valorisation de l’Art Contemporain, la plate-forme France Volontaires qui, à travers le principe de réciprocité nous a permis à moi et à dix autres volontaires venant de différents pays d’Afrique de participer à cette aventure. Enfin ma structure d’accueil, l’Espace Bernard-Marie Koltès à Metz avec l’accompagnement de nombreux autres partenaires internationaux.

Qu’est ce qui t’a motivé à t’engager en service civique ?

Les raisons qui m’ont motivées à faire ce service civique sont liées aux objectifs de cette Saison. Le volet panafricanisme, solidarité internationale et engagement solidaire qui consiste à œuvrer pour le bien commun ou se rendre utile pour une cause déterminée. Etant donné que je souhaite faire carrière dans le domaine de l’Art et de la Culture, je me suis dit que c’était une occasion pour moi d’être sur le terrain, de m’imprégner des mécanismes de fonctionnement de ce milieu et de mieux préparer mon avenir professionnel. En plus de cela, la Saison Africa2020 reflète à travers les différents projets sélectionnés, les contextes dans lesquels les choses se déroulent en Afrique aujourd’hui et ce dans tous les domaines de la vie. Je prends toujours plaisir à découvrir et redécouvrir tout le potentiel de notre continent et de ses interactions avec les autres cultures, à travers la diversité et la richesse des programmes.

Peux-tu nous parler de l’association dans laquelle tu effectues ton volontariat ?

L’espace Bernard- Marie Koltès, Théâtre du Saulcy est un carrefour citoyen situé au cœur de l’université de Lorraine à Metz. Il est porteur de valeurs d’éducation citoyenne et acteur de l’émancipation individuelle et collective à travers la culture. Il a également pour vocation la rencontre entre les publics et les artistes autour des écritures contemporaines et donne à découvrir des formes artistiques différentes plaçant le texte au cœur d’une programmation engagée.

C’est aussi un lieu de diffusion qui accompagne la vie artistique et culturelle locale, régionale et même nationale à travers une programmation à la fois professionnelle et amateure renforcée par de multiples partenariats avec les acteurs culturels de la région (Grand-Est). La saison en cours est axée sur trois thématiques principales. Il s’agit de : « corps, société, étranger », traitées dans les différents spectacles et événements et accessibles à tout type de public.

En quoi consistent tes missions au sein de cette association ?

L’objectif de ce service civique est de s’engager pour un monde en commun à travers le volontariat.

Ma mission principale dans le cadre de la Saison Africa2020 est la médiation culturelle en direction des publics étudiants. Il est question au sein de ma structure, de préparer, animer, diffuser les différentes manifestations et événements. Étant donné que le public est absent pour l’instant, je participe à certains projets alternatifs et aux activités mis en place par l’espace.

Qu’espères-tu acquérir, tant professionnellement que personnellement, pendant ta mission ?

Depuis le début de ma mission, j’ai appris de nombreuses choses qui me seront certainement utiles au-delà du cadre professionnel. Le sens de l’organisation, de la planification et de la programmation ; la discipline, le sérieux, la rigueur dans le travail. Il y a également le travail en équipe qui est très important dans tous les domaines mais plus spécifiquement dans le nôtre, le respect de l’autre et l’intégrité aussi.

Aujourd’hui j’ai encore plus confiance en moi et puisque c’est la première fois que je vis seule, j’estime que je gagne en maturité. J’espère au final avoir la force, le courage, le moral et le mental pour gérer toutes les situations qui se présenteront à moi et être prête à relever les défis auxquels je serais confrontée.

En tant que volontaire en service civique, quelles sont selon toi les trois qualités essentielles pour devenir volontaire ?

Pour moi, pour devenir volontaire, il faut être :

–  Ouvert d’esprit

–  Sociable

–  Sérieux et à l’écoute

D’un point de vue personnel, comment as-tu vécu ton arrivée en France ?

Mon arrivée en France, je l’ai bien vécue. Entre l’accueil chaleureux de l’équipe de France Volontaires à Paris et celui de ma structure d’accueil à Metz, j’ai pu m’apercevoir de la bienveillance des gens, ce à quoi je ne m’attendais pas forcément. J’ai tout de suite réalisé à quel point les choses étaient différentes de là où je viens, car même si je le savais déjà, le vivre a été une chose autre : le fonctionnement et le rapport social, l’organisation de la vie (socio-culturelle, économique et politique) les conditions climatiques, etc…

Bien évidemment, ce n’est pas facile au tout début, car cela nécessite une réorganisation de ses habitudes, de son mode de vie ajoutée à ça la crise sanitaire et toutes les conséquences qui en découlent. J’ai par exemple très mal vécu l’hiver, mais sur certains autres points, cela a été moins difficile car nous avions été avisés à l’avance et aussi parce que j’étais prête à déployer les ressources nécessaires pour m’adapter.

J’ai surtout remarqué que la région dans laquelle je vis, en plus d’être une très belle destination touristique, réunit plusieurs cultures différentes, ce à quoi je ne m’attendais pas du tout.

Une anecdote sur ta découverte de la France ?

Depuis mon arrivée en France il y a quelques mois, j’ai vécu plusieurs choses incroyables mais l’une d’elles m’a fortement marquée. Je suis arrivée au mois de janvier, donc pendant l’hiver et je l’ai très mal vécu au départ parce que c’était la première fois que j’étais confrontée à de telles températures. Je me souviens être tombée malade la première semaine à cause du changement brusque d’environnement.

Je vis dans un foyer de jeunes où nous partageons une cuisine en commun. Un soir, après avoir fait à manger, j’ai accidentellement fermé ma clé dans le tiroir qui m’était réservé, ce qui veut dire que je ne pouvais plus avoir accès à ma chambre. J’étais donc obligée d’aller à la direction du foyer qui elle, est située un peu plus loin en bas de la rue.

Le problème ne se posait pas au niveau de la distance, puisqu’il faut à peine quelques minutes pour s’y rendre. Je n’étais pas habillée au chaud et j’ai dû descendre la rue sans être assez couverte et il faisait environ 2 degrés. Je suis arrivée à la direction toute tremblante et j’ai pu me procurer une autre clé. Une fois arrivée à la maison, je n’avais qu’une envie c’était d’entrer sous la couette tellement mes pieds étaient glacés.

Une chose certaine après tout ça, c’est que je ne suis pas grande fan de l’hiver.    

Qu’envisages-tu pour la suite ? / Que veux-tu faire après la fin de ta mission ?

Après mon volontariat, je souhaiterais terminer mes études, du moins jusqu’à l’obtention du Master 2. Je voudrais également continuer à participer aux différents évènements culturels et dans la mesure du possible, apporter ma petite contribution dans leur organisation et leur mise en œuvre. J’aimerais également monter mon propre événement : une rencontre, un talk ou une exposition par exemple, ou tout autre projet dans lequel je pourrais user de mes compétences et des connaissances que j’ai acquises.

J’ai eu une idée de projet qui consisterait à créer une plateforme pour valoriser le travail des artistes plasticiens du Cameroun mais aussi d’Afrique et d’ailleurs. Je voudrais également faire quelque chose dans l’humanitaire, comme organiser des ateliers dans des orphelinats.

Un conseil pour les futurs volontaires ?

Comme je l’ai dit, un volontaire doit être ouvert d’esprit, sociable et à l’écoute car c’est au cours des expériences comme celles-là qu’on apprend et qu’on se crée un réseau. Il faut être très attentif à tout se qui se passe autour de soi et ne jamais rien minimiser. Les personnes et les choses les plus simples peuvent nous conduire sur des chemins inespérés.

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