Lexie et Kim nous font part de leur expérience d’échange interculturel
France Volontaires Philippines a organisé une session zoom pour recueillir le témoignage des volontaires de réciprocité de l’année 2019/2020. Les volontaires étaient très heureux de partager et de comparer leurs expériences singulières en mission de service civique dans une école primaire en France dans le but de sensibiliser les élèves à la pluralité des cultures et les accompagner dans un projet éducatif innovant en anglais.
English version below
Lexie et Kim sont deux bénéficiaires du programme. Elles nous font part de cette expérience unique et des défis qu’elles ont dû relever pendant la pandémie en France. Voici leurs histoires :
Qu’est-ce qui vous a donné envie de participer au programme service civique en France ?
Kim: J’ai récemment terminé mes études universitaires en français. Ce programme de réciprocité est une occasion pour moi d’améliorer ma langue française et aussi de plonger dans la culture française/européenne en général.
Lexie : J’ai toujours rêvé d’aller en France. Je voulais voir Paris, apprendre à connaître la culture française par ma propre expérience, et je voulais transmettre la culture des Philippines également. Je veux que les gens des pays développés sachent que les gens des pays comme les Philippines ne sont pas tous pauvres, que nous sommes riches d’esprit parce que nous savons comment être heureux malgré les défis, et que nous sommes tout à fait capables de partager nos compétences et nos valeurs à l’échelle internationale.
Quelles étaient les principales inquiétudes que vous aviez sur la France ou les Français ?
Kim : J’ai toujours pensé que tous ou la plupart des Français connaissent bien leur propre culture. Je me suis un peu imposée de connaître et d’adopter la culture française. Je me suis énormément renseignée sur l’histoire et la littérature. Parfois, j’oubliais d’apprécier ces choses parce que j’étais tellement occupée à les apprendre systématiquement.
Lexie : Au début, je pensais que les français étaient snobs et froids parce qu’ils ne sourient pas beaucoup. Mais cela a changé lorsque j’ai parlé avec mon collègue que j’ai rencontré là-bas. Il m’a dit : « Nous avons les mains froides et le cœur chaud » Cela m’a fait réaliser qu’il faut du temps et de l’expérience pour vraiment développer un avis sur les gens, c’est pourquoi je pense que c’est une bonne occasion pour les futurs volontaires d’apprendre à connaître les gens au-delà des stéréotypes.
Quelle a été votre première impression à votre arrivée en France ?
Kim : J’ai déjà été en France, principalement dans les grandes villes. Par conséquent, il n’y a pas eu un choc culturel conséquent quand je suis arrivée pour le programme. Par ailleurs, j’ai trouvé que Valence était une petite ville très décontractée.
Lexie : C’était l’hiver quand je suis arrivée, donc il faisait plutôt froid et sombre, mais je me sentais si heureuse d’être finalement arrivée dans mon pays de rêve.
Quels étaient les stéréotypes que les Français avaient sur les Philippines et les Philippins? Et comment avez-vous réagi à cela?
Kim : Dans mon école, peu de gens/d’élèves connaissent les Philippines. On me confondait avec le professeur de chinois, puisque l’école a des cours de langue chinoise. On ne me reconnaissait pas en tant que volontaire de langue anglaise. Éventuellement, ce qui est important pour moi, c’est que les étudiants ont pris le temps de connaître les Philippines et la culture lorsque j’ai fait quelques présentations.
Lexie : Ce qui revenait le plus souvent est le cliché sur la pauvreté et que les femmes asiatiques n’épousent que des hommes blancs pour de l’argent. Je comprends d’où vient ce genre de perception étant donné l’influence des médias et les histoires racontées par d’autres personnes. Cela me tenait à cœur d’expliquer que ce qu’ils voient dans les médias n’est pas toute la réalité des Philippines. Il y a de bons et de mauvais côtés comme dans tout autre pays, et c’est pourquoi je pense qu’il est important de faire des recherches et de maintenir une perception équilibrée des choses.
Quels aspects de votre culture philippine vous ont aidé à surmonter les difficultés et les défis que vous avez rencontrés?
Kim : Je pense que les philippins gardent une attitude positive même quand nous rencontrons des problèmes et c’est quelque chose de tout à fait nouveau pour les gens autour de moi. Quand je me suis retrouvée coincée en France pendant le confinement, beaucoup s’inquiétaient pour moi parce qu’ils pensaient que c’était une expérience terrible. Mais je pense qu’il y a bien pire que d’être coincée en France.
Lexie : Je pense que c’est le côté optimiste de notre culture qui m’a aidée à survivre et à développer des connaissances et des amitiés en France. Quand j’étais là-bas, je disais souvent que la vie est déjà dure, alors nous devrions toujours essayer d’être heureux. Je n’aime pas être triste ; je restais concentrée sur le fait de me sentir reconnaissante d’être déjà en France pour vivre des choses merveilleuses et rencontrer des gens formidables.
Pouvez-vous nous dire comment la pandémie a affecté votre mission et votre expérience en France? Et comment France Volontaires vous a-t-elle aidé à cet égard?
Kim : Nous avons dû arrêter les cours pendant près de trois mois en raison du confinement, ce qui a grandement affecté ma mission. Et puis à la reprise quand les restrictions ont diminué, il n’y avait que quelques élèves qui allaient à l’école. C’était assez difficile de donner les cours car il y avait beaucoup de règles à suivre pour la sécurité de tout le monde. France Volontaires nous a aidés. Mes tuteurs me tenaient toujours au fait de l’évolution des évènements et prenaient régulièrement de mes nouvelles pour s’assurer que j’allais bien. Et FV a également étendu nos indemnités et cela a beaucoup aidé financièrement.
Lexie : Nanette Repalpa, la Représentante nationale de France Volontaires aux Philippines et mes collègues volontaires sont devenus mon système de soutien quand j’y étais. J’étais heureuse parce que mes collègues français m’apportaient leur soutien aussi, alors j’ai réussi à rester positive. Le confinement en France était l’occasion pour moi d’apprendre davantage le français et développer des activités pour l’école afin que je puisse aussi être utile. Je suis également très reconnaissante envers le directeur de l’école et mon tuteur, M. Martial Couillaud, ainsi qu’envers Mme Mireille Besseyre, la directrice des écoles catholiques de Besançon, qui m’a beaucoup aidée pendant la période de confinement. Pendant la période de confinement, Mireille, son mari, et moi avons marché ensemble à l’extérieur de l’école pendant une heure pour pratiquer mon français. J’ai beaucoup de chance d’avoir rencontré ces gens merveilleux dans ma vie.
Avez-vous pu visiter des lieux et de nouvelles villes en France ou en Europe lors de votre mission ?
Kim : Bien sûr ! J’ai beaucoup voyagé et j’ai profité de mon temps libre. En France, mes endroits préférés sont Annecy, Marseille, Toulouse, Carcassonne et Collioure. J’ai également pu visiter d’autres pays comme l’Italie, l’Espagne et le Portugal pendant mon séjour en Europe.
Lexie : Oui, mon tuteur m’a fait visiter Bordeaux, sa ville natale. Je suis aussi allée à Lyon, Marseille, Paris, Annecy, Briançon et Dijon grâce à mes proches, amis et collègues éloignés. J’ai beaucoup de chance d’avoir pu faire le tour de l’Europe avant et après le confinement.
Selon vous, quelle est la leçon la plus importante que vous avez apprise au cours de votre expérience de volontaire en France?
Kim : Dire « oui ». J’ai toujours été hésitante et inquiète sur beaucoup de choses, même maintenant. Mais dire oui au programme m’a donné une expérience inoubliable en France. Cela m’a aussi aidée à devenir une meilleure personne de tellement d’aspects, je suis devenue plus indépendant. Surtout, cela m’a appris que je pouvais demander de l’aide aux gens quand j’en ai besoin, et qu’ils seront heureux de m’aider.
Lexie : Toujours rester ouverte, positive et reconnaissante. Aussi avoir un bon sens de l’humour et juste rire des choses!
Quels ont été les moments les plus inspirants et les plus mémorables de votre expérience de volontariat?
Kim : Le plus inspirant serait, et cela pourrait être insignifiant pour certaines personnes, mais c’était quand mes élèves de primaire en CM2 ont finalement reconnu la différence entre les -teen (comme 19, nineteen) et les -ty (comme 90, ninety ). Nous avons passé presque tout le programme à apprendre cela et quand ils l’ont finalement compris, c’était comme si des anges avaient commencé à chanter dans ma tête.
Le plus mémorable serait quand je suis allée à un voyage de ski avec ma famille d’accueil. J’ai fait une assez mauvaise chute quand on descendait les pentes et je pensais que j’allais mourir. Heureusement, tout ce que j’ai eu, c’est une cheville enflée. Mais c’était assez effrayant comme expérience.
Lexie : Beaucoup de moments, mais je chéris vraiment les moments passés avec les élèves et les professeurs du Groupe Scolaire Sainte Famille Sainte Ursule. Je les garderai toujours dans mon esprit et dans mon cœur.
Recommanderez-vous cette expérience à d’autres philippins ? Quels conseils pouvez-vous leur donner ?
Kim : Bien sûr. Je dis toujours à mes amis combien mon expérience était exceptionnelle pendant le programme, même si c’était pendant la pire période de la pandémie. Mon conseil serait de croquer l’expérience à pleines dents. Il y aurait des gens qui seront toujours là pour vous aider à chaque étape du processus, donc il n’y a littéralement rien à craindre.
Lexie : Profitez, soyez plus compréhensif et soyez ouvert !
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Engligh version
France Volontaires Philippines organized a gathering session on zoom with the reciprocity volunteers of the year 2019/2020. Despite the fact that we could not arrange a meeting in person due to the pandemic and its restrictions, the volunteers were very happy to share and compare their singular experiences as assistant english teachers under the Service Civique program in France.
Lexie and Kim who were part of the program, share with us this unique experience, and the challenges they encountered during the pandemic while in France. Here are their stories :
What made you participate in the Civic Service program in France?
Kim: I recently finished university where I majored in French language, so I thought that the volunteer exchange program is an opportunity for me to improve my French language skills, and also to immerse into the French/European culture in general
Lexie: It is my dream to go to France ever since. I wanted to see Paris, get to know the French culture by my own experience, and I want them to get to know the Philippines as well. I want people from developed countries to know that people from developing countries like the Philippines are not all poor, that we are rich in spirit because we know how to keep ourselves happy despite the challenges, and that we are capable of sharing our skills and values internationally.
What were the main inhibitions you had about France or French people ?
Kim: I always think that all or most of the French people are cultured and well-versed with their own culture. I kind of required myself to keep up and know a lot about the French culture as well – history and literature, mostly. So sometimes I forgot to enjoy these things because I was so busy learning them.
Lexie: At first, I thought they were snobbish and cold because they don’t smile a lot. But it changed when I talked with my colleague that I met there as he said, “we look cold but we feel warm inside.” It made me realize that it takes time and experience to really develop my perceptions about people and the world, that’s why I think this is a good opportunity for future volunteers to learn more and observe people beyond stereotypes.
What was your first impression when you arrived in France?
Kim: I’ve been in France, mostly in the big cities or town, for several times already so there is not much of a culture shock when I arrived for the program. But in Valence, I thought that it’s a very laidback and small town.
Lexie: It was winter when I arrived so it was pretty cold and gloomy back then but I felt so happy that I finally arrived in my dream country.
What were the stereotypes that the French had on the Philippines and the Filipinos? And how did you react to that?
Kim: In my school, not a lot of people/students know about the Philippines. I was even mistaken as a Chinese language teacher (since the school has Chinese language classes), and not English language volunteer. It’s fine with me, and what’s important is that the students took time to know about the Philippines and the culture when I made some presentations.
Lexie: That we are poor and that Asian women only marry white men for money. I understand where this kind of perception came from given the media influence and stories told by other people so I wanted to tell them that what they see in the media does not tell the whole story of the Philippines. There is the good and the bad like any other country, which is why I think it is important to do research and keep a balanced perception on things.
What aspects of your culture and personality as a Filipino helped you to overcome the difficulties and challenges you encountered?
Kim: I think Filipinos try to keep a positive attitude even when we encounter some problems and issues, and that is something quite new to the people around me. When I got stuck in France during the lockdown, a lot were worried about me because it must be a terrible thing. But I think there are far worse things than to get stuck in France.
Lexie: I think it’s the overly positive side of our culture that helped me survive and develop acquaintances and friendships in France. When I was there, I would often say that life is already hard, so we should always strive to be happy. I don’t like being sad as well; I just focused on feeling grateful that I was already in France to experience wonderful things and meet great people.
Can you tell us how the pandemic affected your mission and experience in France? And how did France Volontaires assist you in that?
Kim: We had to stop classes for almost three months because of the lockdown, so that greatly affected my mission because I went to school to conduct English classes with the students. And then when we got back when the restrictions eased, there were only a few students who went to school and it was quite difficult to conduct the classes since there were a lot of rules to follow for everyone’s safety. France Volontaires was helpful in making sure that we are taken care of. My tutors updated me and talked to me regularly to make sure I was doing fine. And FV also extended our allowances to that helped a lot financially.
Lexie: Nanette Repalpa, the National Representative of France Volontaires in The Philippines and my fellow volunteers became my support system when I was there. I was happy because my French colleagues also checked up on me from time to time so I managed to keep myself afloat. Feeling their care and support is enough for me to get through the days of isolation. The lockdown in France gave me more time to learn French and develop activities for the school so I can also be of help. I am also very grateful for the school director and my tutor, Mr. Martial Couillaud, as well as Ms. Mireille Besseyre, the Directress of Catholic Schools in Besancon because they helped me buy groceries during the lockdown. Mireille, her husband, and I also walked together outside the school for an hour to practice my French. I am very lucky to have met these wonderful people in my life.
Were you able to visit places and new cities in France or in Europe during your mission?
Kim: Of course! I travelled quite a lot and made the most out of my free time. In France, my most favourite towns/cities are Annecy, Marseille, Toulouse, Carcassonne and Collioure. I was also able to visit other countries like Italy, Spain and Portugal during my stay in Europe.
Lexie: Yes, my tutor showed me around Bordeaux, his hometown. I also went to Lyon, Marseille, Paris, Annecy, Briancon, and Dijon thanks to my distant relatives, friends, and colleagues. I am very fortunate that I was able to go around Europe before and after the lockdown.
What do you think is the most important lesson that you have learned during your experience as a volunteer in France?
Kim: To say “yes”. I’ve always been hesitant and worried on many things, even now, but saying yes to the program gave me an unforgettable experience in France. It also helped me become a better person in so many ways, I’ve grown more independent but at the same time my overall experience taught me that it is okay to ask for help from people when I need to, and that they will be glad to help me.
Lexie: To remain open, positive, and grateful. Also have a good sense of humor and just laugh things off!
What were the most inspiring and memorable moments in your volunteer experience?
Kim: Most inspiring would be (and this maybe a very little thing for others) but when my grade school students in CM2 finally recognized the different between the -teen numbers (like 19, nineteen) and the -ty numbers (like 90, ninety). We spent almost the entire class learning this and when they finally understood it, it was like angels started singing in my head.
Most memorable would be when I went on a ski trip with my foster family. I had a pretty bad fall when we were going down the slopes and I thought I was going to die (quite literally). Fortunately all I got was a swollen ankle. But it was pretty scary that time.
Lexie: A lot, but I really treasure the times I had with the students and the teachers in Groupe Scolaire Sainte Famille Sainte Ursule. I will always keep them in my mind and my heart.
Will you recommend this experience to other Filipinos? What advice can you give to them?
Kim: Of course. I always tell my friends how good my experience was during the program, even when I was there during the worst period of the pandemic. My simple advice would just be to go for it. There would be people who will always be there to help you in every step of the way so there is literally nothing to worry about.
Lexie: Enjoy, be more understanding, and be open!
Pour aller plus loin
En savoir plus sur le programme de réciprocité de France Volontaires aux Philippines