L’expérience du volontariat de réciprocité racontée par Sreypich
En 2018, trois jeunes Cambodgiens ont eu l’opportunité de partir en France par le biais du programme de réciprocité. Nous vous présentons aujourd’hui l’expérience vécue par Sreypich, récemment rentrée au Cambodge.
Dans un monde en pleine mutation où le vivre ensemble est un défi pour toutes les sociétés, le développement de la réciprocité des engagements est une nécessité. En effet, depuis plus de 50 ans, les jeunes français ont la possibilité d’exercer leur solidarité aux côtés des populations des pays partenaires dans le cadre de missions de volontariat, sans que les jeunes de ces pays n’aient la même opportunité en France. C’est devenu possible, depuis 2010, avec la loi sur le Service Civique qui permet à tous les pays qui accueillent des volontaires français d’envoyer des jeunes en France en retour.
Ce programme de réciprocité est une priorité pour France Volontaires, car elle permet de nourrir des relations plus équilibrées, des liens de coopération et de solidarité entre les pays plus solides et harmonieux.
En 2018, trois jeunes Cambodgiens ont eu l’opportunité de partir en France par le biais de ce programme. Nous vous présentons aujourd’hui l’expérience vécue par Sreypich, récemment rentrée au Cambodge.
PRESENTATION
- Bonjour Sreypich, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Sreypich, j’ai 25 ans. J’ai fini mes études à l’Université royale d’agriculture, où j’ai suivi une formation en agronomie. Je suis née dans la province de Banteay Mean Chey, à la frontière avec la Thaïlande. Mes parents y sont pisciculteurs. Beaucoup de membres de ma famille sont agriculteurs, comme ma grande sœur !
- Tu as effectué ta mission de réciprocité dans une Maison Familiale Rurale de Charente-Maritime. Peux-tu nous en dire plus sur ta structure d’accueil ?
Le mouvement des Maisons Familiales Rurales date de 88 ans ! En France, on en compte 430, ainsi que des Fédérations départementales et l’Union des MFR, basée à Paris. En Charente-Maritime, il y a huit associations et une fédération.
En se basant sur le principe d’alternance, les MFR proposent des formations professionnelles dans différents domaines, notamment l’agriculture. Celles-ci sont adressées aux jeunes de différents niveaux, de la quatrième jusqu’aux formations supérieures. Les écoles sont partenaires avec le Ministère de l’Agriculture.
- Pour quelles raisons as-tu décidé de faire cette mission en France ?
Avant de partir, j’étais déjà bénévole pour MFR depuis près de deux ans : une de mes enseignantes nous avait proposé ce travail bénévole, en cherchant quelqu’un qui parlait un peu français. En effet, il y a 3 Maisons Familiales Rurales au Cambodge, et elles sont partenaires avec les 8 associations de Charente-Maritime. Mon expérience de bénévolat m’a donc permis d’apprendre à les connaître. Petit à petit, j’ai voulu approfondir mes connaissances sur leur système éducatif. La mission de réciprocité me permettait de faire cela, tout en développant mes compétences personnelles et en découvrant la culture française.
Sreypich et les élèves de la MFR
LA MISSION
- Quelle a été ta mission au sein de la MFR ?
J’avais surtout un rôle d’observation, afin de mieux comprendre le fonctionnement, l’organisation et le système des Maisons Familiales Rurales. Une nouvelle MFR doit voir le jour au Cambodge : grâce à mon expérience en France, nous allons pouvoir appliquer le même modèle. De plus, j’ai pu développer un réseau, ce qui facilitera les échanges à venir entre la France et le Cambodge.
J’ai aussi travaillé avec les jeunes afin de partager ma culture avec eux, je leur ai présenté mon pays. On a même fait de la cuisine khmère ensemble !
- Qu’est-ce que cette mission t’a apporté ?
Je suis très contente parce que j’ai pu développer mes compétences et gagner en confiance en moi dans un contexte professionnel.
Aujourd’hui, je sais mieux anticiper et m’organiser, ce qui est très important dans les questions administratives et le management. J’ai aussi beaucoup appris en ce qui concerne la communication et l’animation de réseau, ce qui va me servir au Cambodge !
Et la langue ! Avant je ne pouvais pas parler comme ça, j’étais très timide et ma prononciation n’était pas assez bonne. C’était fatigant au début, mais on progresse vite !
L’INTERCULTURALITE
- Quelles ont été tes premières impressions en France ?
J’ai beaucoup aimé mon environnement. Il y avait beaucoup de fleurs ! Dans le domaine de l’agriculture, j’étais impressionnée par la taille des champs, et c’était différent de ce que j’avais l’habitude de voir, avec les champs de tournesols ou de blé…
L’autoroute m’a également marquée à mon arrivée ! Nous n’en avons pas ici…
- Quelles sont les différences qui t’ont le plus marquées entre la France et le Cambodge ?
La température là-bas… ça caille, ça caille, ça caille ! [Rires] Mais j’aime bien la neige !
Puis la nourriture… Il faut goûter le vin et tout ça… C’était la première fois pour moi ! J’étais à côté de Bordeaux donc forcément il y en a beaucoup, et c’est impossible de ne pas goûter. Et le fromage aussi… Mais oh non ! Je n’aime pas du tout ça !
Sreypich pendant la coupe du monde
ET APRES ?
- Est-ce que tes attentes ont-été satisfaites ?
C’était parfois un peu difficile d’être aussi éloignée de ma famille… Mais je suis vraiment satisfaite de ma mission et je suis fière de moi ! J’aurais peut-être juste aimé poser plus de questions… Mais je suis un peu timide, donc ce sera pour la prochaine fois !
Lors de mon départ, tout le monde pleurait… C’était triste de se séparer après 7 mois à travailler ensemble et même à vivre ensemble ! En effet, j’étais en famille d’accueil chez la directrice de la fédération du département, et nous nous entendions très bien.
- Des projets ?
Pendant ma mission en France, ma directrice au Cambodge, celle qui m’avait proposé le bénévolat pour MFR, m’a contactée pour me proposer de travailler avec elle à mon retour… Et j’ai déjà commencé ! Tout se passe bien ! Nous travaillons sur le thème du développement rural avec les agriculteurs de Kampong Thom. Nous cherchons aussi à développer la plantation de riz flottant avec le bureau de Phnom Penh.
- Si tu devais promouvoir le volontariat en quelques mots…
J’ai vraiment envie de partager mon expérience avec les autres jeunes ici : j’ai même déjà préparé un diaporama pour présenter ce que j’ai fait ! Le volontariat apporte énormément d’un point de vue personnel. C’est important pour développer son indépendance et sa responsabilité.
Il y a beaucoup de possibilités pour partir, que ce soit avec le service civique ou encore Erasmus +… Il faut essayer !
- Un mot de la fin ?
Merci beaucoup à vous, merci à France Volontaires ! C’était une grande chance pour moi et c’est vraiment important pour les jeunes au Cambodge. J’espère que France Volontaires va continuer à porter ce programme. Cette année nous étions 3, peut-être l’année prochaine les volontaires khmers seront 5, puis 10, et de plus en plus !