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16 juil. 21
Cameroun

Malena, coordinatrice Technique du Projet WEEECAM à Yaoundé

 Peux-tu te présenter en quelques mots ? Quel es ton parcours ?

Je suis une franco-suédoise de 25 ans. J’ai passé les 5 premières années de ma vie en Afrique de l’Ouest (Sénégal, Guinée, Bénin), mon père travaillait pour une ONG. Je suis arrivée en France à l’âge de 5 ans, et ai ensuite eu un parcours scolaire assez linéaire. J’ai récemment été diplômée ingénieure, avec une spécialité en environnement. En parallèle de cela je pratique le violon en amateure et aime beaucoup la musique ! Ce VSI est ma première expérience professionnelle longue.

Pour quelle(s) raison(s) ce projet d’engagement ?

Je suis née à Dakar (Sénégal), et même si j’ai grandi en France, j’ai toujours gardé un attachement particulier au pays et sa culture, et ai toujours souhaité y retourner ! De part mes études et mes convictions personnelles, je cherchais un projet qui ait un impact social et environnemental positif. Mes recherches se sont vite orientées autour du contrat de VSI, et j’ai trouvé le projet WEEECAM qui m’a beaucoup plu, au Cameroun plutôt qu’au Sénégal, mais les objectifs me correspondaient parfaitement ! C’était parti pour 1 an de mission, qui se sont prolongés et cela fait presque 2 années que j’ai passées au Cameroun.

Quelle est ta mission en tant que volontaire ? 

Ma mission est d’assister le Chef de Projet à la réalisation du projet WEEECAM, dont le but est d’aider à la structuration d’une filière de traitement écologique des Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques (D3E) au Cameroun. Pour cela, nous avons un centre de traitement de déchets à petite échelle à Yaoundé, où nous traitons les D3E collectés auprès des ménages et des entreprises. Les déchets collectés sont soit :

Réparés et remis en état puis revendus si c’est possible, ou la plupart du temps, démantelés, pour donner des matériaux les mieux séparés possibles, qui constituent ce que nous appelons des « fractions », et pour lesquels nous recherchons des filières de valorisation ou d’élimination selon leur toxicité et leur potentiel de recyclage

Mes tâches au quotidien sont très variées, avec à la fois de l’opérationnel (mise en place d’un dispositif de collecte des D3E, suivi des activités de traitement des déchets d’équipements solaires, accompagnement ponctuel des équipes dans leurs tâches quotidiennes), de l’institutionnel (lobbying auprès des institutions gouvernementales et des collectivités territoriales pour que le sujet des D3E soit une priorité) et de l’administratif (travail sur les contrats de partenariats avec nos bailleurs, rédaction des rapports d’activités).

Qu’as-tu appris/transmis ?

J’ai l’impression d’apprendre beaucoup plus que je ne transmets aujourd’hui !

J’ai beaucoup appris sur le traitement même des déchets électroniques, les différentes catégories, leurs compositions, la toxicité des éléments qui les constituent, et le fort enjeu qu’ils représentent aujourd’hui, spécialement au Cameroun et dans d’autres pays Africains aux contextes similaires. Aujourd’hui, beaucoup d’infrastructures d’élimination de déchets toxiques manquent localement, et l’exportation reste encore la seule solution envisageable. Or, à long terme, lorsqu’on voit les problématiques que posent les déchets actuellement pour chaque pays individuellement, l’exportation sera de moins en moins possible. Il est donc nécessaire de structurer des systèmes de traitement de l’ensemble des types de déchets dans chaque pays.

Ce que je transmets aux équipes ici, ce sont majoritairement des modes de fonctionnement et d’organisation permettant d’améliorer notre efficacité. J’apporte aussi des connaissances techniques sur les catégories de déchets et les types de matériaux afin d’améliorer les compétences de nos équipes.

Une anecdote à nous raconter ?

Il y en a vraiment beaucoup, de très bonnes comme de mauvaises expériences d’ailleurs ! J’en partagerai une qui illustre les différences de langue qu’il peut y avoir entre le français parlé au Cameroun et le français parlé en France. J’étais en voiture avec un collègue de Solidarité Technologique, qui me demande « Est-ce que tu as déjà mangé au tournedos ? ». Ayant pris le « au » pour un « un », je réponds innocemment, que bien qu’étant végétarienne j’en ai déjà gouté par le passé, et c’est vrai que c’est une belle pièce de viande ! Lui me dit aussitôt, un peu surpris, que ce n’est pas un problème, ils servent le plus souvent des omelettes spaghetti ou des salades d’avocat … Après quelques minutes d’incompréhension, il s’avère que « tournedos » est en réalité le nom donné aux petits troquets en bords de route qu’on trouve un peu partout dans la ville, et dans lesquels les clients sont assis face à la personne qui cuisine, mais tournent le dos à la route, d’où leur nom !

Comment as-tu adapté ta mission de volontariat en cette période de crise sanitaire ? (Confinement, télétravail, mission spécifique…)

Application des mesures barrière sur le site. Notre activité étant opérationnelle, le télétravail était difficilement envisageable.

Quelles ont été tes premières impressions à ton arrivée (mal du pays ? intégration ?)

Pas vraiment de mal du pays, plutôt un dépaysement important, et une adaptation du mode de vie ! On s’habitue vite aux petites coupures d’eau et d’électricité qui agrémentent le quotidien. Moi qui aime me balader, au début cela a été un peu compliqué, car en tant que française à la couleur de peau blanche, on est un point visible dans la foule, et, de façon encore plus marquée dans les marchés, les vendeurs n’hésitent pas à t’appeler par certains qualificatifs « La Blanche », « Atangana », « Nassara ». C’est assez déstabilisant au début, mais à force de fréquenter les mêmes endroits, les gens s’habituent et te remarquent moins. Un autre point est la circulation dans la ville : j’ai une voiture dans le cadre de ma mission, il m’a fallu quelques semaines pour me fondre dans le trafic chaotique qui évolue plus sur la loi du plus fort que sur les règles du code de la route !

A part cela, jouant de la musique, j’utilise le violon comme instrument d’intégration (littéralement !) : je fais partie d’un groupe de musique et nous organisons régulièrement des concerts en fin de semaine. Pour moi, c’est le moyen de découvrir de nouveaux rythmes et sonorités, et d’ajouter une nouvelle sonorité aux morceaux joués habituellement.

Quelles ont été les plus grandes difficultés rencontrées ?

Au quotidien, la difficulté primaire a été la communication. J’ai vécu beaucoup de quiproquos puisque même si nous parlons la même langue, certains mots ou expressions ne sont parfois pas utilisés de la même manière, ce qui m’a amené à modifier un peu mon intonation et mes expressions au quotidien pour éviter les incompréhensions ! Comme on dit au Cameroun « Le Français est élastique ! ».

Pour toi, qu’est-ce que l’Espace Volontariats ?

Un espace d’aide aux volontaires pour toutes les démarches administratives, et de rencontre entre volontaires à l’arrivée. Avec le Covid, les activités ont été très ralenties, mais j’espère qu’à l’avenir ce sera encore l’occasion de rencontrer d’autres volontaires d’horizons différents !

Un conseil aux futurs volontaires ?

Pensez à sortir du cadre de votre mission de VSI pour découvrir d’autres aspects de la vie camerounaise ! Pour moi c’est par la musique, mais les secteurs artistique, culturel et sportif sont très vastes et permettent de découvrir le pays différemment.