Marie-Ange, volontaire ivoirienne en service civique à Paris dans le cadre de la Saison Africa2020
Marie-Ange, jeune ivoirienne vivant au Sénégal, réalise une mission de service civique auprès du Forum des Images à Paris, au sein de l'équipe du festival New Images. Elle fait partie des onze volontaires africains venus réaliser une mission de service civique en France dans le cadre de la Saison Africa2020. Elle nous parle de son expérience en vidéo et à l'écrit.
Témoignage vidéo
Présentation
Peux-tu te présenter et présenter ton parcours ?
Je suis Marie-Ange Frédérique Zié-Diali, j’ai 24 ans. Je suis ivoirienne et je vis au Sénégal.
Bien que je sois étudiante en management des ONG et gestion des projets, je suis aussi passionnée de cinéma. Après l’obtention de mon diplôme d’actrice professionnelle à l’Institut Cinélux de Dakar, j’ai suivi plusieurs ateliers en écriture de scénarios et en réalisation tels que le Kino Téranga, les Talents du Dakar Court Festival avec Moussa Sène Absa organisé à l’Institut français, l’atelier 7 jours pour un 1 Film édition Sénégal.
Ta mission
Peux-tu présenter ta structure d’envoi ?
Le Festival Films Femmes Afrique est une biennale organisée par l’association éponyme qui a pour but de redynamiser et de faire vivre le cinéma africain. Cette belle initiative est soutenue depuis sa première édition, en 2003, par de grandes institutions telles que le Ministère de la Culture et de la Communication du Sénégal, l’Ambassade de France au Sénégal, l’Institut français du Sénégal.
Sa 4ème édition a eu lieu en 2020, sur le thème « Femme en Résistance », afin de contribuer à la lutte pour l’égalité des droits entre hommes et femmes au Sénégal. Pendant une semaine, le festival a projeté gratuitement une cinquantaine de films dans plus de 20 salles à Dakar et en banlieue et dans 8 autres régions du Sénégal. A cela s’ajoutent des masters class, des talks, des conférences et des tables rondes.
J’ai collaboré avec le festival lors de cette dernière édition, en partenariat avec l’atelier d’écriture 7 Jours Pour Un Film auquel je participais. Le projet était de réaliser un film en sept jours qui serait présenté lors du festival.
Avec les autres lauréates et une équipe compétente chaperonnée par les précieux conseils du réalisateur Moussa Touré, nous avons réalisé le court métrage “La Dernière Danse”. J’étais scripte et assistante décoratrice. C’est un film d’une simplicité touchante qui relate de façon tragique l’histoire d’amour entre Noor – maladive et confrontée à trois propositions qui lieront définitivement son destin – et Oumar – son bienveillant meilleur ami.
Peux-tu nous parler de ta structure d’accueil ?
J’effectue ma mission au Forum des images et plus précisément au sein de l’équipe du festival New Images.
Le Forum des Images est une association créée en 1988. C’est un espace de plus de 4000 m2 entièrement dédié au cinéma : c’est la mémoire audiovisuelle de Paris.
Le Forum des Images promeut le cinéma sous toutes ses formes : fictions, documentaires, animation, longs et courts métrages, réalité virtuelle…
Ses dynamiques sont axées sur trois actions complémentaires :
- la programmation d’œuvres tout au long de l’année, enrichie par des rencontres, débats, ateliers, Master class, cours de cinéma, rendez-vous, ou encore des festivals tels que le New Images Festival.
- l’éducation aux images avec l’école TUMO pour les 12-18 ans.
- la médiation culturelle.
Quels sont les projets de ta structure d’accueil dans le cadre de la Saison Africa2020 ?
Dans le cadre de la Saison Africa 2020, les activités du Forum des Images se dérouleront sur 2 volets :
- Au sein du festival New Images (un festival de création immersive qui inclut les réalités virtuelles, augmentées et mixtes, et les jeux vidéo), il y a un focus Africa composé de talks, de rencontres, d’expositions et d’installation d’œuvres immersives africaines. Le but est de montrer l’écosystème XR africain et de favoriser des co-productions et des échanges entre les pays d’Afrique et la France.
- L’évènement #Canopée pendant lequel des artistes africains sont invités, tels que les sénégalais Nix et Aida Sock.
Le covid impacte-t-il la programmation et les projets généraux de ta Structure d’Accueil ? Si oui de quelle sorte, et comment rebondit la structure ?
Le covid impacte directement la programmation du festival ; surtout en ce qui concerne les œuvres immersives qui nécessitent une présence physique et les concerts durant l’évènement #Canopée.
Pour y remédier, le festival a décidé de supprimer quelques programmes et de mieux se concentrer sur des applications qui permettent de participer à distance ; pour créer cette proximité au sein des participants.
Dans ce contexte, quelles sont tes missions au sein de ta structure d’accueil ?
J’ai fait de la veille sur la situation du covid en Afrique afin de mettre en place plus efficacement toutes les conditions nécessaires à l’arrivée des invités.
J’ai fait une recherche approfondie sur les artistes et les projets de contenus digitaux en Afrique, ce qui m’a permis de découvrir un beau palmarès d’artistes. Le plus impactant pour moi a été Brian Afande : c’est un pilier dans le monde de la création immersive en Afrique car il œuvre activement à son développement, en communauté et en collaboration avec beaucoup de femmes.
J’ai participé activement à la première sélection des projets de la résidence Taiwan XR France. Cela m’a permis de comprendre les points essentiels dans l’écriture d’un projet de film/d’œuvre et de découvrir des profils intéressants.
Enfin, j’ai renforcé la base de données de ma structure concernant les fonds de financements en Afrique ou africains, les réseaux de galeries d’art et de musées en Afrique, pour préparer de futurs partenariats.
Qu’est-ce que selon toi ta présence apporte à ta structure ?
J’appuie à la recherche et je renforce l’équipe sur des tâches importantes pour l’enrichissement de la base de données. Ma présence apporte aussi de l’interculturalité et du dynamisme.
Ce temps passé dans ta structure d’accueil te permet-il de mieux connaître certaines facettes du métier ?
Pour moi, le cinéma se résumait à des longs et courts métrages de fiction et d’animation. Découvrir la réalité virtuelle a réellement était un mind blowing. Cela m’a permis d’avoir une nouvelle vision de la narration (le storytelling) et de questionner dès lors la manière dont je veux concevoir mes projets.
Aussi, cela me permet de connaître les étapes et les rudiments dans l’organisation d’un festival. Ce sont des éléments que j’utiliserai dans mes projets futurs.
Quelles sont les compétences que tu acquiers en ce moment dans ta mission, et qui te semblent importantes pour tes projets futurs ou pour la vie en général ?
Grâce à ma mission, j’ai enrichi mes connaissances sur la XR et son niveau de développement en Afrique. De façon plus pratique, j’ai amélioré mes techniques de communication (logiciels, écriture de mails, bonne gestion des réseaux sociaux) et de recherche pour constituer un document de veille.
J’ai développé des capacités d’adaptation à mon nouvel environnement et ai gagné en indépendance et en organisation dans les tâches à accomplir.
Aussi, j’ai appris à me connaître, à analyser la manière dont j’interagis avec les autres.
Est-ce qu’à travers cette expérience de Service Civique dans le cadre d’Africa2020, tu apprends des choses nouvelles sur des contextes africains ?
Grâce à cette saison, je me suis penchée sur des questions concernant le panafricanisme, ce que je n’avais pas fait avant.
Les autres volontaires de la Saison Africa2020 m’ont appris de nouvelles ressources pour exprimer mon art (le slam avec Gwladice, la teinture avec Afua). Ils ont éveillé ma curiosité sur des débats d’ordre scientifiques et spirituels et ont changé le point de vue que j’avais du féminisme.
Connaissais-tu le volontariat avant cette mission de Service Civique ? Que signifie le volontariat pour toi ?
Oui, je connaissais le volontariat avant ma mission. Petite, j’avais même créer une association avec des amis pour aider les enfants de la rue au Sénégal.
Pour moi le volontariat c’est donner de son temps pour une cause à laquelle on croit. Cela permet d’apprendre, de découvrir un nouvel environnement, voyager.
Ton expérience en France
Et sinon, parle-nous de la ville dans laquelle tu habites.
J’habite à Paris. Au début, je redoutais la vie dans la capitale (beaucoup de bruit et de stress) . Cependant, je ne regrette pas : c’est une très belle ville. Et il parait qu’hors covid, elle l’est encore plus mais je la trouve déjà très animée, il y a plein d’endroits à visiter.
Ce que j’aime beaucoup c’est l’architecture (et le plan d’urbanisation que je trouve remarquable).
J’habite dans le 13e, dans le quartier chinois. C’est un quartier ‘’chic’’ mais les classes sociales sont très hétérogènes.
Comment s’est passée ton installation en France ? Quelles ont été tes premières impressions ? Qu’est-ce qui t’a surpris et auquel tu ne t’attendais pas ?
Mon installation en France s’est bien passée, je n’ai pas eu de mal à m’adapter.
Mes premières impressions étaient qu’il faisait froid, que le temps était gris et que la ville était belle.
Ce qui m’a surprise, c’est ma rapidité d’adaptation aux transports. J’étais persuadée de ne jamais pouvoir y arriver car cela semblait trop difficile pour moi. Cela a été le contraire ! Il suffit d’avoir une bonne application, l’adresse exacte du lieu d’arrivée et un peu de sens de l’orientation, pour arriver sain et sauf à destination.
En parallèle, dans le cadre de la saison Africa2020, je suis venue en France avec une vision : être socle de déconstruction auprès des Français sur le regard qu’ils peuvent porter sur ‘les africains’. Ce qui m’a surprise aussi, c’est que ce travail a plus été effectué sur des français d’origine africaine. Ils semblent avoir peur du regard des africains de souche et se sentent obligés de justifier qu’ils connaissent l’Afrique.
Qu’est-ce qui te plait dans ta vie en France, ou au contraire, qu’est-ce que tu trouves difficile, étrange, inattendu ?
La première chose que j’aime énormément c’est l’appartement. Je trouve qu’il y a une fabuleuse technique d’optimisation de l’espace avec le mobilier.
La seconde chose que j’aime beaucoup, c’est la technologie qui facilite les déplacements.
Ce que je trouve étrange, c’est le manque d’entraide entre les personnes parfois.
Qu’est-ce que tu as amené dans ta valise et qu’aujourd’hui tu es particulièrement heureux.se d’avoir avec toi ?
Ma guitare et un livre, Dors ma jolie de Marie Higgins Clark, offert par ma sœur. Ce livre a réveillé en moi la passion de la lecture. Depuis que j’ai terminé de le lire, je ne peux compter le nombre de livres que j’ai achetés !
L’après volontariat
Et enfin, est-ce que tu as une petite idée de ce que tu aimerais faire après ton volontariat ?
J’aimerais réinvestir les expériences acquises lors de la prochaine édition du Festival Films Femmes Afrique. Soit dans sa coordination générale, soit sur des aspects particuliers tels que la communication, le pilotage du jury jeune… Et aussi, décrocher des rôles d’actrices dans des courts et longs métrages
Je suis toujours en réflexion sur ce sujet mais j’aimerais :
- faire quelques années d’étude dans une filière culturelle
- continuer à découvrir les champs de la réalité virtuelle, en intégrant une association ou les activités de l’incubateur de l’Institut français,
- monter une société de production avec des amis.
En savoir plus
Le programme de volontariat de la Saison Africa2020 :
Dans le cadre de la Saison Africa2020 et grâce à une coopération inédite entre France Volontaires, l’Institut français, l’Agence française de développement (AFD) et l’Agence du service civique, onze jeunes venus de différents pays d’Afrique réalisent une mission de service civique auprès d’établissements culturels, acteurs de la Saison Africa2020, aux quatre coins de la France.