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27 juin. 17

Mélanie, volontaire en service civique au sein de Léo Lagrange Côte d’Ivoire : « Le volontariat permet de s’ouvrir et de réfléchir sur ses propres coutumes »

Mélanie est la première volontaire en Service Civique accueillie par Léo Lagrange Côte d’Ivoire : entre différences culturelles et développement de projets avec sa structure d’accueil, elle témoigne pour nous de son expérience de volontariat.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Mélanie, je suis en Côte d’Ivoire depuis novembre 2016 et je m’occupe du centre éducatif de Léo Lagrange. Nous accueillons des enfants qui viennent de milieux défavorisés, souvent des ressortissants burkinabè ou maliens. Nous les recevons toute la semaine dans une sorte de petite école pour les préparer à l’entrée au CP1.

Peux-tu présenter un peu ton association partenaire ?

Léo Lagrange est une fédération : nous sommes affiliés à Léo Lagrange Paris, mais nous fonctionnons indépendamment. Nous agissons dans divers domaines : nous donnons des cours de sport, il y a le centre éducatif où je travaille, l’association des femmes… Il devrait bientôt y avoir aussi des cours d’anglais à prix très raisonnables pour que tout le monde puisse apprendre et des cours d’alphabétisation. Le point commun entre toutes ces actions c’est l’éducation populaire : apprendre par les pairs, essayer de rapprocher le maximum de personnes et promouvoir le vivre ensemble.

Pourquoi as-tu voulu faire un Service Civique ? Et pourquoi en Côte d’Ivoire ?

C’est un peu le Service Civique qui est venu à moi. J’étais volontaire à Léo Lagrange France, à Montpellier, je faisais partie d’un programme qui s’appelle “Démocratie et courage” où on va dans les collèges et lycées. On parle de tout ce qui est racisme, discrimination, pour essayer de comprendre d’où ça vient avec des méthodes d’éducation populaire. Ils proposaient aussi des offres de Service Civique. Si j’ai choisi la Côte d’Ivoire, c’est vraiment un hasard, c’était plutôt la mission qui m’a attirée. Je ne connaissais pas assez l’Afrique pour choisir en fonction du pays.

Qu’est-ce qui t’a le plus surpris en arrivant en Côte d’Ivoire ?

Le regard sur la blanche ! Ça me surprend encore parfois. Le fait que tu sois très stigmatisée ici : on va te dire « la blanche ! la blanche ! », quand tu sors on te regarde, tout le monde a besoin de te commenter, de te parler… C’est très particulier. Ce n’est pas dans mes coutumes : en France on n’appelle pas quelqu’un « le noir », ce serait étrange si c’était le cas. Ça m’a pas mal marquée à mon arrivée.

Ton plus beau moment jusqu’ici en Côte d’Ivoire ?

L’île de Tiagba : c’était vraiment ma première découverte, j’étais comme une enfant à Disney ! Il y avait plein de choses qui sont très différentes pour moi : la pirogue, pêcher le poisson, aller le manger… C’était très atypique.

Est-ce que tu as connu des difficultés ?

Parfois des difficultés de compréhension avec les coutumes : le fait qu’il ne faut pas être direct avec les gens plus âgés par exemple. J’ai plutôt l’habitude de dire vraiment ce que je pense quel que soit l’âge de la personne en face de moi. Il y a aussi le fait que parfois, comme je suis blanche on ne m’adresse pas la parole directement. C’est une forme de respect en fait, ou alors c’est eux qui ont honte de me parler parce que je suis blanche mais du coup je suis gênée par ça. Je trouve que ce n’est parfois pas évident pour moi de comprendre ça.

Selon toi, quel est l’impact du volontariat sur les projets que tu mènes ?

Je pense que ça donne un dynamisme. C’est une nouveauté ici, ils n’avaient pas encore accueilli de français. Le président, Dr Arsène Sibailly, a vraiment pris ça à cœur, il s’est dit que c’était le moment de bouger : il arrive tous les matins avec un nouveau projet, une nouvelle idée en tête, c’est chouette. Depuis que je suis là il essaie de faire bouger les choses.
Après j’essaie aussi de les aider sur la communication, j’ai créé un groupe Facebook, ils ne pensaient pas forcément à ça. Léo Lagrange n’est pas très connu ici, alors j’essaie de communiquer dessus.

Qu’est-ce que France Volontaires t’a apporté ou peut apporter aux volontaires ?

Les cours de dioula déjà ! France Volontaires peut aussi mettre en relation pour les appels d’offres, pour la mise en place de chantiers de jeune…
Ça permet aussi de garder le lien avec d’autres français. Moi qui voulais éviter d’être trop avec des européens pour vivre vraiment l’échange avec les gens d’ici, je trouve que c’est quand même bien d’avoir parfois un lien avec les français, ça peut manquer un peu de temps en temps. Ça permet de s’échanger les bonnes adresses : quand je suis avec des ivoiriens ils découvrent les endroits en même temps que moi, alors que pour les français, en tant que touristes on cherche les bons plans.
Après France Volontaires peut aussi aider au niveau de tout ce qui est administratif ou de la sécurité, pour l’inscription aux listes électorales ou pour relayer les informations de l’ambassade par exemple. C’est important de savoir vers qui on peut se tourner s’il y a un problème.

Quels conseils tu donnerais à quelqu’un qui veut faire du volontariat ?

Vraiment d’être ouvert sur tout, de réfléchir sur tes propres coutumes. Il faut quand même pas mal se remettre en question : sur le langage, sur la façon de manger… Tu ne peux pas arriver et dire que tu veux manger la même chose que chez toi. Le fonctionnement c’est pareil, souvent ici on remet beaucoup à demain, si tu veux tout tout de suite ce n’est pas possible, il faut savoir se remettre en question.

Des envies pour ta mission future ?

D’abord, nous venons de mettre en place les cours de sport, j’aimerais bien que ça continue.
Je voudrais aussi mettre l’association en relation avec des français qui vivent ici, pour que ceux qui font parfois des allers-retours depuis la France puissent ramener des jouets pour les offrir aux enfants d’ici, dans les écoles. Comme les frais de douane sont élevés, si chacun en met un peu dans sa valise à chaque fois qu’il vient ici, ça peut vraiment donner quelque chose. Il y a des lignes d’avion qui acceptent de te donner des bagages supplémentaires quand c’est pour une cause solidaire.
Je souhaite enfin que Léo Lagrange se développe, notamment sur les chantiers de jeunes. J’aimerais bien partir et me dire que je peux peut-être revenir en chantier avec Léo Lagrange, l’année prochaine ou dans 2 ans.

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