Mouskéba, Service Civique engagée dans la culture en Côte d’Ivoire
Les bons comme les mauvais côtés de cette expérience m'ont aidé à me découvrir.
Mouskéba s’est engagée pendant 6 mois dans une association culturelle en Côte d’Ivoire. Envoyée en Service Civique par l’association AIME, Mouskéba revient sur son expérience et témoigne des côtés positifs et négatifs que peut rencontrer tout volontaire dans sa mission.
Mouskéba fait partie des 15 volontaires français mobilisés dans le cadre du programme Mobilité croisée entre la France (France Volontaires) et la Côte d’Ivoire (Ministère de la Promotion de la Jeunesse, de l’Insertion Professionnelle et du Service Civique).
- Peux-tu te présenter en quelques mots ? Quel est ton parcours ?
Moi c’est Mouskéba, j’ai 24 ans, j’ai fait une licence de droit puis un master en droit. À l’issue de mon master 2, j’ai décidé de faire une année sabbatique.
- Pour quelle raison ce projet d’engagement ?
Depuis que je suis au collège, je suis engagée dans des associations. Pour moi, faire un service civique c’était un projet dans ma tête, j’attendais juste le timing idéal.
- Peux-tu nous présenter ta structure d’accueil et tes différentes missions ?
J’ai été accueillie par l’association CRESAS « Cercle de Recherche et d’Échanges en Scénographie et Arts de la Scène », qui a été créée en 2010 et qui promeut la scénographie et les arts de la scène au sein de la plateforme culturelle internationale “Urbascènes” à M’Brago 2. C’est un centre culturel situé à environ 40 km d’Abidjan.
Concernant les activités, ma mission touchait différents axes, notamment la participation à l’animation du centre en accueillant les enfants du village à la bibliothèque, en proposant des activités socio-éducatives, des ateliers d’alphabétisation et des projections de films, en encadrant la fanfare de musique des jeunes du village, mais aussi en organisant tous les mois une soirée de contes au village avec un conteur professionnel.
On a été en contact direct avec les populations locales et les différents acteurs du village (acteurs “politiques” mais aussi acteurs économiques comme les commerçants du village) et des alentours, notamment la chefferie (chef du village, chef de terre, président des jeunes) ou encore les acteurs éducatifs (écoles de M’brago 1 et M’brago 2).
- Quelles ont été tes premières impressions à ton arrivée ?
J’ai été super contente et très excitée de commencer ma mission. Directement, j’ai été imprégnée de l’atmosphère, du rythme et du mood ivoirien. Je n’ai pas eu de soucis pour le mal du pays. Concernant l’intégration, j’ai toujours été bien accueillie partout où j’allais, très souvent on me prenait pour une ivoirienne du Nord alors je passais souvent incognito quand je me baladais seule dans les rues d’Abidjan.
- Est-ce que tu as connu des difficultés ?
Pendant ma mission, j’ai souvent été livrée à moi-même et ça n’a pas toujours été facile à vivre. J’essayais de relativiser en me disant que c’étaient des difficultés propres au fait que je sois seule, loin de mes proches et qu’aussi dure qu’elle soit, cette expérience me permettrait de me forger pour la suite. J’essayais de garder le contact avec mes proches le plus souvent possible dans les moments de solitude (quand le réseau le voulait), et j’essayais toujours de voir le bon côté des choses. J’ai tenu un carnet de bord où j’écrivais chaque jour ce qui se passait et comme j’aime beaucoup faire des vidéos, j’ai réalisé des vlogs où je filmais mon quotidien, les moments joyeux principalement. Il est vrai que j’ai caché pendant longtemps à tout le monde que je n’étais pas forcément épanouie.
J’ai, malheureusement, eu du mal à trouver ma place dans ma famille d’accueil, je pense pour plein de raison mais parfois quand je sentais que c’était trop pour moi je partais à Abidjan pour changer d’air, voir autre chose et me changer les idées aussi. Je pense que c’est ce qui m’a aidée tout au long de ma mission, car les weekends où je restais au village je m’ennuyais beaucoup vu que j’étais seule, j’étais souvent très mal du coup j’essayais de me trouver des choses à faire pour m’occuper.
Enfin, j’ai parfois eu le sentiment d’être inutile parce que les choses n’avançaient pas forcément dans ma mission, ou parfois lorsqu’on donnait des suggestions d’améliorations, ou certaines idées, ce n’était pas forcément pris en compte. C’était assez frustrant pour moi, surtout qu’il y avait des périodes où j’étais seule à la maison où j’étais hébergée, combiné aux périodes où il n’y avait pas d’affluence au centre, ou aux périodes où c’était vraiment la routine, on faisait des choses très basiques, pas du tout stimulantes. Ce n’était pas facile à vivre. Mais je tiens quand même à préciser que le fait d’être en binôme dans cette mission a été très bénéfique, surtout pour la vie au centre. Encore une fois, pour pallier aux difficultés, mon meilleur “remède” a été de partir du village chaque fois que j’en ressentais le besoin.
- Quel est le meilleur moment que tu retiens dans ta mission ?
Toutes les fois où je partais à l’aventure à travers le pays, c’était incroyable !
- Et l’accomplissement dont tu es la plus fière durant ta mission ?
La mise en place de façon pérenne d’une soirée conte au village, je pense que c’est le projet qui me rend fière. Après plus généralement, le fait de voir l’évolution des enfants qui viennent au centre, notamment en lecture.
- Quel bilan retires-tu de cette mission ?
Les bons comme les mauvais côtés de cette expérience m’ont aidée à me découvrir. Malgré les moments difficiles, je ne regrette absolument RIEN de cette expérience, je suis même super fière d’avoir fait ce service civique et si c’était à refaire je referais tout pareil. Je réalise à peine ce que je viens de vivre au cours de ces derniers mois. Je suis aussi très nostalgique de tout ce que j’ai vécu (en vrai même les moments difficiles ou les bagarres avec les cafards géants qui volent dans la salle de bain). Je pense que j’ai fait le choix de partir avant la fin de ma mission parce que j’étais arrivée au bout de moi-même. Je pense aussi que j’étais arrivée au bout de la flexibilité, de l’adaptation, du “je prends sur moi et je relativise” et qu’il valait mieux partir plutôt que de continuer à être mal.
- Quels sont tes projets après cette expérience ?
Pour la suite, j’ai commencé quelques entretiens pour commencer à travailler dans mon domaine en tant que juriste mais je pense que je vais faire des petits voyages, et qu’ensuite je vais commencer à travailler.
- Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui veut faire du volontariat à l’international ?
Voici mes quelques conseils à une personne qui veut faire du volontariat à l’international :
– Ne pas hésiter parce que c’est une expérience folle et qui se fait une fois dans sa vie (après on est trop vieux !) ;
– Être ouvert d’esprit ;
– Faire preuve de patience face aux différentes situations ;
– Exprimer ses éventuelles difficultés aux personnes présentes dans le cadre de la mission ;
– Ne pas avoir peur du changement.