Nabilah, 4 ans d’engagement au Congo
Volontaire de Solidarité Internationale de la Guilde auprès de l’Institut Européen de Coopération et de Développement (IECD), Nabilah fait le bilan de ses 4 ans et demi d’engagement au Congo-Brazzaville où elle a occupé plusieurs postes au sein des programmes de l’IECD.
Peux-tu te présenter en quelques mots ? Quel est ton parcours ?
Je m’appelle Nabilah Ibrahim, j’ai 30 ans et je réside à Pointe-Noire (République du Congo) depuis plus de 4 ans. Je suis diplômée d’un Master en relations internationales à Sciences Po Paris et d’un Master spécialisé en santé publique de l’école Pasteur-CNAM. Après quelques années de gestion de projet sur le terrain, je travaille actuellement sur la capitalisation des programmes de l’Institut européen et de coopération et de développement (IECD).
Pour quelle(s) raison(s) ce projet d’engagement ?
Tout a commencé après ma troisième année à l’étranger, que j’ai passée en Inde. J’y effectuais à l’époque un stage en journalisme, et je me suis rendue compte que je n’étais pas faite pour ce métier. Rien n’arrive par hasard ! J’ai réalisé après coup que la plupart des sujets qui m’intéressaient et des personnes que j’interviewais étaient liés… à la lutte contre la pauvreté et aux principaux enjeux de développement du pays. Je me sentais toujours frustrée, après avoir terminé de rédiger un article ou monté un reportage vidéo, de ne pas pouvoir faire « plus », m’engager davantage. J’ai donc décidé d’en faire mon métier, tout en restant lucide sur ma propre notion de l’« engagement » : je n’ai jamais souhaité faire de la charité, de l’assistanat ou sauver le monde comme l’on peut parfois caricaturer les travailleurs de l’humanitaire ou du développement. Il s’agit plutôt d’apporter mes compétences là où elles sont nécessaires, de former et faire monter en compétences mes équipes, et « apporter ma pierre à l’édifice » pour la bonne mise en œuvre d’un projet. C’est l’impact que nous constatons sur le terrain, au contact direct des personnes avec qui et pour qui nous travaillons, qui nous permet d’affirmer que nous contribuons – à notre échelle – au développement d’un pays.
Quelle est ta mission en tant que volontaire ?
J’ai occupé plusieurs postes depuis mon arrivée à l’IECD Congo. J’ai lancé un Projet de dépistage néonatal de la drépanocytose dans des maternités partenaires à Pointe-Noire, j’ai ensuite travaillé sur la capitalisation du Programme d’appui aux structures de santé de l’IECD, puis j’ai géré durant 2 ans la structure de formation « Congo Entreprises Développement », qui appuie les petits entrepreneurs dans les trois villes du pays (Pointe-Noire, Brazzaville et Dolisie). Depuis le mois d’avril 2020, j’occupe un poste transversal de coordination de la capitalisation de l’IECD, à distance. L’objectif de cette mission est de faire le point sur l’ensemble, des savoir-faire et savoir-être développés dans le cadre des projets et programmes de l’IECD ; ce, afin de mettre à disposition des chefs de projet et des coordinateurs de vraies boîtes à outils qui valoriseraient les meilleures pratiques pour la mise en œuvre de leurs projets et programmes.
Qu’est-ce que t’a apporté ta mission sur le plan personnel et professionnel ?
Les différentes missions qui m’ont été confiées au Congo m’ont énormément appris, que ce soit au niveau personnel ou professionnel. J’ai pu acquérir, de manière progressive, un certain nombre de responsabilités, et développer ma capacité à travailler en autonomie. J’ai effectué de nombreux déplacements au sein du pays, qui m’ont aidée à mieux le connaître ainsi que sa population. Le fait d’avoir géré trois centres de formation – la plupart du temps à distance – m’a permis de développer des compétences en management et en gestion d’équipe. J’ai appris à mieux m’organiser dans mes tâches, à contrôler mes émotions et à améliorer mon sens de la diplomatie.
Comment as-tu adapté tes missions de volontariats en cette période de crise sanitaire ?
J’ai pris un poste de coordination à distance à partir de début avril 2020 (soit au démarrage de la période de confinement au Congo), je devais quoi qu’il en soit me mettre au télétravail. Comme il s’agit d’une mission transversale et détachée des opérations, j’ai eu la chance de ne pas subir de plein fouet les conséquences de la crise sanitaire et du confinement décrété au niveau national.
La crise sanitaire change-t-elle ta vision de l’engagement ?
Bien au contraire : cette crise sanitaire nous démontre, une fois de plus, à quel point, il est indispensable d’investir dans les secteurs sociaux, en particulier l’éducation et la santé, et d’y allouer les ressources humaines et les budgets nécessaires. Cela est valable à la fois pour les pays occidentaux, et encore plus dans les pays en développement, dont les systèmes de santé sont fortement dépendants de financements extérieurs. Nous, les volontaires de solidarité internationale, participons à la mise en œuvre de ces projets sur le terrain ; notre engagement est donc primordial au quotidien. Nous mettons toute notre énergie et nos compétences au service de nos projets, et nous devons désormais savoir faire preuve de flexibilité et d’une grande capacité d’adaptation étant donné les contextes fluctuants.
Quels sont tes projets post-volontariat ?
Je vais continuer de travailler pour l’IECD après mon départ du Congo, cette fois en tant que salariée, sur la mission de capitalisation des programmes.
Que vas-tu retenir du Congo ?
Je vais être très triste de quitter le Congo ! En 4 ans et demi, j’ai pu découvrir une population accueillante et bienveillante et un territoire aux paysages grandioses, où l’on peut vite se retrouver seul au monde. Je vais emporter avec moi le souvenir des rues animées et peuplées de « cuisses de poulet » et de « Benoît XVI » roulant à toute vitesse, des ngandas tonitruants et des concerts endiablés. Sans parler des nombreuses amitiés qui ont été nouées sur place.
Le Congo, c’est aussi un contexte de travail assez difficile, surtout lorsque vous travaillez dans le développement humain ou dans le développement du secteur privé. Il faut faire face à un contexte institutionnel complexe, et une crise socio-économique qui s’est aggravée avec la pandémie de Covid-19. Les acteurs de développement, les entreprises du secteur privé et les représentants de l’Etat congolais doivent à présent travailler de manière beaucoup plus rapprochée et dans la transparence, afin de trouver des solutions durables pour relever le pays de cette crise sans précédent.
Un conseil aux futurs volontaires ?
Profitez au maximum de cette belle expérience qu’est le volontariat ! Vous rencontrerez sûrement des situations difficiles, dans des conditions de travail parfois éprouvantes, mais vous n’en ressortirez que grandis. Vous pourrez être fier(ère) d’avoir pu gérer et trouver des solutions à vos problèmes. Nous sommes tous passés par là ! Travailler au service des projets sur le terrain est une aventure humaine et professionnelle extrêmement enrichissante et valorisante, où vous pouvez constater l’impact direct de vos actions chez les bénéficiaires de vos projets.
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L’Institut Européen de Coopération et de Développement
Pour plus de renseignements, contactez l’Espace Volontariats Congo : par mail [email protected]