Nathan, ancien volontaire de solidarité internationale en Côte d’Ivoire et auteur du livre Quelque chose de Côte d’Ivoire
Nathan, jeune volontaire du SCD a rédigé durant sa mission de Volontariat de Solidarité Internationale en 2015, en Côte d’Ivoire, ses impressions sur ce pays, son histoire, sa culture, son quotidien. De retour en France, il en a fait un livre pour parler de son expérience et pour offrir à tous un touchant guide sur la culture ivoirienne.
Son parcours
J’ai suivi un cursus universitaire classique Licence-Master. Après deux années de Licence à Dijon, ma ville natale, je me suis orienté vers une université proposant le Master qui m’intéressait, à savoir l’économie internationale et du développement à Grenoble.
J’ai été embauché rapidement à Genève dans l’ONG où j’avais fait mon stage de fin d’étude : CUTS-International, une ONG indienne spécialiste du commerce international dans laquelle j’étais en charge d’un projet de développement de partenariats publics-privés en Zambie, au Népal et au Burkina-Faso. La ville de Genève et mon travail ne me correspondaient pas vraiment alors j’ai décidé de changer et de tenter ma première expérience à l’étranger pour de vrai, sans les fioritures, les hôtels et les réceptions huppées.
Je me suis orienté vers le Service de Coopération au Développement (SCD), une structure française qui envoie des volontaires à l’étranger. Après quelques mois, une mission de Service Civique m’a été proposée en Côte d’Ivoire. J’étais en charge, pendant 6 mois, d’un projet de professionnalisation des associations et de développement du tissu associatif ivoirien. Je travaillais pour le Mouvement pour l’Éducation, la SAnté et le Développement (MESAD), une ONG locale ivoirienne spécialisée dans la promotion de la jeunesse et la protection de l’enfance.
À mon retour en France, j’étais toujours en lien avec M. Konan, le directeur de cette ONG et je lui avais fait part de ma volonté de travailler sur un projet de développement rural qui était en attente de financement au moment de mon départ. Quelques mois après, un financement a été trouvé et je suis reparti en Côte d’Ivoire, toujours avec le SCD et le MESAD, en Volontariat de Solidarité Internationale (VSI) pour un an cette fois, en tant qu’agroéconomiste, dans un projet de lutte contre le travail des enfants et de réduction de la pauvreté en milieu rural. Ma tâche principale était d’animer des séances de formations sur les pratiques agricoles durables, mais aussi de faciliter des relations de confiances entre producteurs et coopératives.
Décider de partir vivre à l’étranger n’est pas une décision qui m’a semblé être une évidence. C’était pourtant ma vocation mais j’avais des appréhensions. Vivre à l’étranger, on ne peut pas vraiment en avoir un avant goût. Alors cette mission c’était pour moi une manière de me confronter à cette appréhension, de répondre à la question “suis-je capable de vivre à l’étranger ?”. Côtoyer une culture étrangère, en l’occurrence ivoirienne, c’est aussi pour ça que je suis parti.
Pour la suite
Après un an en Côte d’Ivoire, j’avais besoin de rester un peu chez moi, de profiter de tout ce qui m’a manqué : ma famille, mes amis, mes repères culturels…. Une fois de plus, j’ai envie de repartir. Quand le temps le permettra, j’enfourcherais mon vélo depuis Dijon direction la Norvège. Le tour du monde en vélo, c’est un peu mon rêve depuis quelques années mais encore une fois : “comment savoir si j’en suis capable ?”. En essayant.
Son conseil aux futurs volontaires
Une des choses que j’avais en tête avant de partir, c’était “sortir de ma zone de confort”. Mais il ne suffit pas d’avoir son billet d’avion en poche pour “sortir de sa zone de confort”. Une fois arrivée, dans une culture très différente, on perd ses repères et on a le réflexe très naturel de s’accrocher à ce qui nous semble familier : autres volontaires, expatriés, quartiers occidentaux. Parfois vous n’aurez pas le choix. Parfois vous en aurez besoin et c’est normal. Mais n’oubliez pourquoi vous êtes là. Lâchez parfois vos repères et alors vous en trouverez des nouveaux.
Sa petite anecdote
C’était peut-être mon premier jour de boulot à Abidjan. On m’avait donné les infos pour aller au travail en taxi : « À côté de la pharmacie « Entente » à Treichville ». Je ne sais plus pourquoi mais le taxi m’avait posé un peu plus loin et j’avais raté la rue. Je demande alors à une femme dans la rue mon chemin en lui disant que je me suis perdu. Elle m’a répondu avec une véritable tendresse maternelle : « Non mon fils, tu ne seras jamais perdu à Abidjan, il suffit de demander ».
Quand on est perdu à des milliers de kilomètres du moindre ami ou parent, se faire rassurer par une inconnue qui vous appelle « mon fils », ça fait un petit effet. Aujourd’hui encore, c’est un épisode que je raconte avec émotion.
« Il suffit de demander », c’est aussi tellement vrai. La Côte d’Ivoire ne fonctionne pas de façon très intuitive pour un occidental mais elle est très facile d’accès si vous osez demander.
Pourquoi ce livre ?
En Côte d’Ivoire, j’écrivais assez irrégulièrement un bulletin d’information à mes proches dans lequel je racontais un peu ma vie en Côte d’Ivoire, mon quotidien, mes surprises, mes aventures… À mon premier retour, j’avais tenté d’écrire un premier texte « bilan » un peu plus conséquent mais sans réelle motivation ni sans vraiment savoir où j’allais et je l’ai vite abandonné, faute de motivation. À l’époque ça ne m’avait pas traversé l’esprit une seule fois d’en faire un livre.
C’est lors de mon second contrat que j’ai été mis en relation un peu par hasard avec Élise et les Éditions Nanika. Elle était à la recherche d’auteurs pour ses premiers livres et moi j’avais besoin d’un cadre pour écrire mon « bilan ». On s’est tout de suite bien entendu. J’ai accroché au concept Nanika et Élise à mes textes et à mes photos.
Quelque chose de Côte d’Ivoire répond à un besoin de ma part d’expliquer à mes proches ce que j’ai vécu car il m’est avéré assez difficile de synthétiser 18 mois de vie en Côte d’Ivoire à l’oral. Mais au-delà de ça, j’espère qu’il permettra au voyageur de se préparer au voyage pour pouvoir mieux apprécier la Côte d’Ivoire. Avant de partir pour la première fois, j’avais suivi une formation de préparation au départ avec le SCD. Cette formation m’avait préparé au départ, mais pas spécifiquement à la Côte d’Ivoire, car tous les participants partaient aux quatre coins du monde. Quelque chose de Côte d’Ivoire, c’est ce dont j’avais besoin mais il n’existait pas pour la simple et bonne raison que les Éditions Nanika n’étaient peut-être alors qu’un embryon porté par Élise et qu’il a été décidé que j’en serai l’auteur.
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