Nguépelbbé, volontaire de solidarité internationale, au Vietnam
Arrivée en décembre 2018 à Hanoï pour une mission de deux ans, Nguépelbbé nous raconte son parcours et fait le point sur ses premiers mois de volontariat, en tant que volontaire de solidarité internationale auprès de l’association Batik International. Elle coordonne l’antenne de l’association à Hanoï et le projet Phu Nu qui vise à améliorer les conditions de vie et de travail des travailleuses.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Nguépelbbé Tokinon, j’ai 26 ans, et je suis ingénieure en agro-développement de formation. Le volet agronomique n’est pas en lien avec ce que je fais actuellement mais mes précédentes expériences m’ont permis d’acquérir de nombreuses compétences transversales dans la gestion de projet.
Quel est ton parcours ?
J’ai d’abord été chargée de projet responsabilité sociétale des entreprises pour une multinationale d’agro-business et j’habitais à Abidjan. Sur le fond c’était intéressant, il fallait réfléchir aux besoins des agriculteurs puis monter des programmes dans beaucoup de domaines différents (santé, vie communautaire, amélioration rendement et qualité des matières premières, etc.) en lien avec des coopératives. Mais j’ai réalisé au bout d’un moment que je ne me reconnaissais plus dans ce que je faisais. Au départ, je souhaitais changer les choses de l’intérieur et faire évoluer les mentalités, pour que le développement durable et les populations soient plus pris en compte dans nos activités mais j’ai réalisé que je n’étais peut-être pas en capacité de le faire en étant dans ce type d’environnement.
Pour quelle(s) raison(s) ce projet d’engagement ? Comment as-tu commencé à travailler pour BATIK International ?
En juillet 2018, j’ai démissionné de cet emploi en partie à cause de ce problème de sens, mais aussi parce que nous voulions quitter l’Afrique avec mon partenaire et découvrir d’autres horizons. Installée à Hô-Chi-Minh-Ville depuis quelques semaines à peine, je cherchais un travail qui me plaise, au sein d’une équipe réduite et qui puisse répondre à mes attentes en termes de valeurs. J’ai vu l’offre VSI de BATIK International et j’ai candidaté, poussé par une amie qui m’encourageait puisque mon profil correspondait, et j’ai finalement été recrutée.
Pourquoi le Vietnam ? Comment s’est passée ton intégration ?
Mon partenaire m’avait beaucoup parlé de l’Asie et des années durant lesquelles il y avait vécu, et nous sommes donc partis ensemble au Vietnam, à Hô-Chi-Minh-Ville, à la fin de l’année 2018. Le Vietnam, avec sa croissance rapide, sa culture et son histoire, m’intriguait beaucoup et j’étais curieuse d’appréhender les problématiques liées aux questions de solidarité et de développement. Il faut aussi dire que c’est un pays encore peu cher et attractif quand on souhaite y vivre sur ses économies. Sur l’intégration, j’avais lu dans différents endroits (sur des groupes Facebook notamment) que les Vietnamiens étaient plutôt distants et froids avec les étrangers mais cet a priori s’est révélé tout à fait faux. L’arrivée à Hanoï n’a pas été difficile : il y a beaucoup d’infrastructures de bonne qualité, la ville est bien située pour découvrir le Vietnam et la région, la nourriture est délicieuse et on trouve de tout ! C’est un pays fascinant et je me suis bien adaptée.
Est-ce que Hanoï et le Vietnam correspondent à l’image que tu t’en faisais avant d’y être ?
Je ne pensais pas que les Vietnamiennes et Vietnamiens étaient aussi souvent dehors, dans les cafés, à se promener, faire du sport, etc. Sinon, d’une manière générale, je m’attendais plus ou moins à cela. Sauf au niveau de l’intensité de la pollution de l’air à Hanoï ! Malgré cela, Hanoï renforce mon côté citadin : j’apprécie cette ville, ses cafés, ses restaurants.
Quels sont les aspects préférés de ta mission ?
Travailler en équipe. Sur le papier je suis la coordinatrice et même si c’est à moi de prendre la décision finale, je préfère largement travailler en coopération avec mon équipe qui par ailleurs est formidable. On apprend beaucoup les unes des autres.
Quelles sont les compétences, savoir-faire et savoir-être que tu développes au cours de ta mission ?
Avant je travaillais en majeure partie en anglais et je n’avais pas de rédaction à faire en français. Aujourd’hui, je rédige certains rapports en français et j’aime m’y replonger dedans. Je développe aussi mes compétences sur les questions liées au genre et en particulier leurs conséquences, que je ne connaissais finalement que par mes propres recherches et mon ancien travail mais que je n’avais jamais étudiées et surtout mises en application de façon pertinente. Grâce à cette mission, je me rends compte que je creuse et que je vais au fond de cette problématique qui m’intéresse. Il y a aussi l’aspect coordination et dialogue entre différents acteurs (femmes-autorités-associations) et j’aime ce côté politique. J’ai déjà beaucoup appris, mais il me reste encore certains aspects à mieux connaître.
Une petite anecdote pour la route ?
Là où je vis il y a un arbre magnifique dans mon jardin mais il perd souvent des feuilles. Mes voisins font une fixette là-dessus et se sont plaints à notre propriétaire pour qu’on balaie les feuilles tous les jours. Parfois on ne le faisait pas vraiment alors le proprio l’a fait lui-même à 6h00 du matin ! Une fois, j’ai tout de même passé le balaie et la voisine est venue en souriant me dire : « good girl ». Les joyeuses relations quotidiennes de voisinage.
Un message pour les candidats français au volontariat au Vietnam ?
Attention aux procédures administratives !! J Renseignez-vous bien sur le Vietnam : c’est une chose de visiter le pays, c’en est une autre d’y vivre et d’y travailler. Renseignez-vous sur le fonctionnement politique, l’histoire et surtout sur les aspects culturels. Dans toute situation, restez calmes, apprenez et observez. Il faut aussi en tout temps rester curieux et ne jamais se reposer sur ses acquis et ses a priori.