Sibylle et Jean-Baptiste, volontaires de solidarité internationale au vicariat de Mongo
Sibylle et Jean-Baptiste ont quitté le Tchad le 20 décembre après plus d’un an passé à Mongo, dans le centre du pays. Ils nous font part de leurs impressions et de leurs projets.
Qu’avez-vous fait avant vos missions de volontariat ?
Jean-Baptiste : j’ai réalisé un service civique volontaire, j’ai été animateur d’ateliers audiovisuels au sein d’un internat d’excellence, puis cadreur/monteur de clips institutionnels et enfin directeur de centres d’animation.
Sybille : j’ai été juriste dans une administration puis chef de projet en infrastructures publiques.
Pourquoi avoir choisi de faire un volontariat ?
C’est un projet qui s’est construit à deux, lors de notre année de préparation de mariage en 2017. Nous avons fait le choix de tout quitter, travail, famille et amis, pendant un ou deux ans afin de vivre un projet ensemble. Nous voulions découvrir une autre culture, une autre langue et d’autres personnes avant de fonder une famille. C’est une année de service en rupture avec ce que nous faisions avant pour sortir de notre zone de confort.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur vos missions ?
Notre projet de volontariat étant basé sur le service et la volonté de ne pas partir avec un statut d’expatriés, nous avons choisi la Délégation catholique pour la coopération pour concrétiser ce choix.
Notre structure d’accueil est un diocèse en devenir qui se situe à Mongo. Deux services nous ont accueilli : l’économat et l’inspection diocésaine des écoles catholiques associées.
Quelles étaient vos conditions de vie ?
Elles étaient liées à ce que nous souhaitions vivre : la sobriété. Nous avions une chambre dans un bâtiment au sein d’une concession, en colocation avec d’autres volontaires. Il y avait parfois de l’eau courante, parfois de l’électricité jusqu’à notre coucher, mais pas toujours. Le cadre était calme et agréable : la brousse à cinq minutes à pied et des voisins (une famille tchadienne) remarquablement accueillants !
Quels sont vos meilleurs souvenirs ?
Il y a eu beaucoup de moments agréables, mais les rencontres font partie de nos meilleurs souvenirs. Cela peut prendre beaucoup de temps ou parfois aller très vite ; en un sourire ou après une longue discussion, on écoute l’autre et on comprend petit à petit sa culture. Bien souvent, c’est sur une natte à même le sol avec quelques mots que nous avons eu nos meilleurs souvenirs.
Quelles ont été vos plus grandes difficultés ?
Jean-Baptiste : Les doutes engendrés par un environnement qui nous est inconnu. Le regard des autres, la compréhension de la culture ou le temps que cela demande… tout cela peut choquer et fait grandir. La maladie marque particulièrement car le moral baisse en lien avec la fatigue et beaucoup de questions remontent à la surface. Le temps que demande la rencontre n’est pas le même qu’en Europe, il peut s’avérer lourd.
Qu’avez-vous appris et transmis ?
Jean-Baptiste : J’ai essayé de me défaire de la notion de temps et de ralentir mon rythme de vie, d’ouvrir les yeux et de m’émerveiller de ce qui m’entourait, de comprendre comment les gens vivaient et d’accepter leur manière de vivre. J’ai essayé de transmettre mes compétences personnelles en les diffusant dans ma manière de vivre. Et concernant mes compétences professionnelles, j’ai essayé de former mes collègues en informatique, en communication ou en méthodologie mais j’avais aussi beaucoup à apprendre sur leur manière de faire.
Sybille : le Tchad m’a appris la patience. Je ne parle pas tant des temps d’attente, que j’avais déjà expérimentés en Inde notamment, et qui ne m’ont pas paru si terribles. Mais plutôt de la patience dans les évolutions, les relations, et principalement, dans le management où j’ai dû prendre beaucoup sur moi. J’ai essayé de transmettre des logiques d’organisation et de prévision, qui me semblent utiles dans le milieu financier et n’étaient pas ou peu mises en œuvre dans la structure. Je pars en espérant que cela perdure, ce pour quoi je compte sur mon collègue qui a bien accroché avec ces méthodes.
Qu’allez-vous retenir du Tchad ?
Jean-Baptiste : Je retiendrai de cette expérience le souvenir d’un pays qui souffre beaucoup mais qui dans la plus grande sobriété essaie d’avancer. Beaucoup de visages resteront gravés dans ma mémoire et quelques formules en arabe évidemment.
Sybille : un peu pareil ! (mais un peu plus d’arabe ^^)
Qu’allez-vous ramener ?
Jean-Baptiste : des graines et quelques cadeaux en tissu réalisés par un tailleur talentueux de Mongo pour la famille et les amis. J’espère pouvoir ramener du soleil, du sable et de la poussière. Et surtout une manière de vivre plus cohérente avec ce à quoi je crois.
Sybille : du pagne et du sésame sous toutes ses formes ! Et puis de belles photos et probablement de la nostalgie.
Quels sont vos projets pour la suite ?
Nous allons passer les fêtes de Noël en famille, profiter de l’hiver, retrouver nos amis. Plus concrètement, nous allons nous installer à Lyon. Nous cherchons du travail qui mettra en valeur l’expérience vécue ici.
Le portrait chinois de Jean-Baptiste – Si le Tchad était…
- Un personnage célèbre : Amadou Hampaté Ba
- Un animal : un margouillat
- Un objet : une jarre
- Un plat : une boule de mile rouge
- Une couleur : orange sable
- Une chanson : Jusqu’à la gare, de Daphné
- Un livre : Bakhita, de Véronique Olmi
- Un sport : la marche à pied
- Un mois de l’année : juin
- Un métier : réparateur de vélo ou de moto