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18 août. 21
France
Congo

Triphène, volontaire congolaise à Saint-Etienne dans le cadre de la Saison Africa2020

Je ne cesse d’apprendre chaque jour.

Triphène a 22 ans et vient du Congo-Brazzaville. Cette jeune comédienne réalise une mission de service civique auprès de la Cité du Design de Saint-Etienne et fait partie des onze volontaires africains venus s’engager en service civique en France dans le cadre de la Saison Africa2020. Après six mois passés en France, Triphène nous parle de son expérience. Découvrez son témoignage vidéo !

Témoignage vidéo :

Ta présentation

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Triphene Tamba, j’ai 22ans. Je suis Congolaise de Brazzaville. Etudiante en économie du développement à l’université Marien Ngouabi, en parallèle je suis comédienne. Être une femme comédienne n’est peut-être pas bien vu au Congo Brazzaville, mais pour moi c’est une bonne chose, le théâtre en particulier me rend autonome.

Ta mission

Où es-tu entrain de réaliser ta mission de volontariat ?

Je suis en France dans le cadre de la Saison Africa2020, je suis volontaire en service civique au sein de la cité du design et de l’école supérieure d’art et design de Saint-Etienne, une ville créative de design de l’Unesco depuis 2010.

Peux-tu nous raconter une journée type à la Cité du Design ?

 En fait, je n’ai pas de journée type, car tous les jours j’apprends sans être sur place.

Devant une feuille blanche (ou plutôt l’écran de mon ordinateur), je reste assise longtemps face à cette question : mon action au quotidien en quelques mots… Quelques mots seulement pour décrire une journée « type », mais la journée type n’existe pas ici, à la Cité du design. Un jour je reste plongée dans les rapports de Saint-Étienne ville créative Unesco de design, l’autre jour j’enchaine des visios avec les designers africains et les collaborateurs français, un autre encore, je colle, avec les étudiants en design, les parties d’une maquette à l’échelle 1/5 d’un pavillon qui fera en vrai 5 mètres de haut ( et ce n’est pas une mince affaire !), ou discute des objets qui seront exposés « chez les anglaises », dans l’exposition At Home de la Biennale Internationale Design Saint-Étienne 2021. Ou est-il mieux de décrire la journée d’hier que j’ai passé à déplacer les objets faits par les étudiants (et moi !) pour les prendre en photo pour le catalogue de la Biennale… ?

Bref, la journée type n’existe pas ici, il existe seulement tout un monde du design que je découvre par le « faire » tous les jours.

C’est quoi être volontaire internationale ?

Le fait de venir à l’international, pour partager et à apprendre des autres pour moi c’est ce qui résume cela, au sein de ma structure d’accueil qui est la cité du design je leur apporter ma culture Congolaise et Brazzavilloise et eux aussi, ils font de même sans aucune contrainte,

C’est aussi le fait de collaborer avec des organismes internationaux en nouant des liens solides centrés sur le vivre-ensemble en ayant de la tolérance et autres,

Pour quelles raisons as-tu décidé de t’engager ?

Je me suis engagée par amour, car j’aime servir les autres et travailler en équipe.

Après 6 mois en France, quel bilan fais-tu de ton expérience ?  Qu’as-tu appris ?

Je ne cesse d’apprendre chaque jour. Je découvre le monde du design que je ne connaissais pas avant mon volontariat en service civique, sur le réseau des villes créatives Unesco africaines où Brazzaville a fait son entrée depuis 2013 dans le domaine de la musique, je découvre aussi la notion du panafricanisme grâce au sommet de septembre de la Saison Africa2020. J’apprends de plusieurs manières sur la gestion de projet, par exemple j’ai fait une formation sur la gestion des projets solidaires et durables avec les membres de la Ligue de l’enseignement, et aussi lors de notre déplacement à Marseille avec les 10 autres volontaires pendant lequel nous avons fait un atelier sur le montage de projet avec une ancienne volontaire qui était en Egypte pour sa mission. Cette ancienne volontaire nous a appris plusieurs techniques mais ce qui m’a beaucoup marqué, c’est la différence entre le savoir-faire et le savoir être, mais aussi l’utilité des verbes d’action. J’ai aussi appris sur la façon de faire un pitch convaincant ; j’étais membre du jury jeunes lors du Festival Pastille où on a eu à débattre sur les différents films sélectionnés ce mercredi 9 juin 2021, lors de ce festival j’ai beaucoup appris sur les différents thèmes de la vie grâce aux thématiques abordées (violences sexuelles dans le sport, cybathlon, graine de champions…).  Je suis aussi maintenant une vraie professionnelle des Zoom, Teams, Outlook et cie. L’apprentissage et le partage sont au centre de mon volontariat en service civique.

Quels liens gardes-tu avec ta structure d’envoi, l’association Gare au Pieds nus à Brazzaville ?

Une collaboration véritable basée sur la solidarité et le travail d’équipe.

Ton expérience en France

Comment as-tu vécu ton arrivée en France ? 6 mois après, est-ce que ta vision de la France a changé ?

Je peux dire super bien !

J’ai été confinée dans ma chambre pendant 14 jours à mon arrivée car testée positive au coronavirus… Cela m’a permis de prendre conscience de l’existence du Covid-19 dont je doutais de l’existence avant mon arrivée en France et heureusement, j’étais la seule à l’avoir dans toute l’équipe.

L’accueil de l’équipe de France Volontaires et de ma structure d’accueil ont été formidables !

Oui, car ce que je pensais de la France et de ses habitants est le contraire de ce que je vis, tous les Français que je rencontre sont très serviables et aimables, au sein de la Cité du Design, tout le monde m’aide en tout, sans pensées de racisme et autres qui puissent me faire du mal.

Une anecdote à nous raconter sur ta découverte de la France ?

Le travail d’équipe a une grande efficacité quand tu es humble et que tu vis sans hypocrisie autour de toi. Par exemple, notre rencontre avec les autres volontaires de la Saison Africa2020 début janvier lors de notre arrivée en France, on était très contents de se voir et de travailler ensemble sans méfiance. C’est aussi vrai au sein de ma structure d’accueil où les étudiants et les membres des relations internationales de la Cité du Design m’apprennent beaucoup de chose et me font découvrir ce qu’ils font réellement comme activités au cours de chaque année scolaire et de chaque Biennale internationale de Saint-Etienne.

Aller à la découverte de la France m’a permis d’explorer mon Congo Brazzaville et l’Afrique en général. En étant avec les autres volontaires en service civique, notre séjour à Marseille m’a transporté au ciel car nous avons fait des balades de découvertes et de formations très bénéfiques et instructives, aller à la plage du Prophète et voir comment on s’amusait comme des enfants m’a rendu très heureuse en me rendant compte de l’importance du vivre-ensemble tout en respectant ses valeurs en équipe.

L’art et la culture sont des véritables instructeurs, cela s’explique par l’organisation de la Saison Africa2020, grâce à cette saison j’ai rencontré plusieurs artistes congolais de Brazzaville en particulier ceux des Ateliers Sahm qui est un centre d’art contemporain à Marseille, et la comédie où ils partagent leurs expériences avec les autres acteurs sur l’exposition ‘’Réinventer le monde…à l’aube des traversées’’ du 13 mai au 23 juillet 2021, en allant visiter leurs expositions avec d’autres volontaires je me suis sentie comblée en voyant tous ces jeunes talentueux de mon pays.

Qu’avais-tu mis dans ta valise de typiquement congolais, avant le départ ? 

Ce qui me manque c’est la scène artistique, car mon corps a soif de l’art qui est son remède face aux épreuves de la vie.

J’ai apporté des chenilles pour montrer aux autres le fer que procurent les chenilles dans l’organisme quand tu es faible et que tu veux avoir de l’énergie ou des forces et aussi la kola pour symboliser notre unité dans le cadre de nos missions et aussi de toutes les personnes qui ont fait que nous arrivons en France dans le cadre de la Saison Africa2020.

Et après le volontariat ?

Quels sont tes projets après ce volontariat ? Qu’envisages-tu pour la suite ?

Pour un premier temps, poursuivre mes études et finir avec ma Licence en économie du développement, reprendre avec mes activités artistiques au sein de Gare aux pieds nus, si possible postuler pour faire un volontariat de solidarité internationale pour servir d’avantage les autres.

Monter un projet sur la réinsertion des jeunes filles mères et aussi réaliser mon projet concernant les valeurs du vivre-ensemble pour sensibiliser et former les jeunes en particulier ceux qu’on appelle « bébés noirs » au Congo Brazzaville pour qu’ils aient une activité au lieu de semer l’insécurité au sein de la population et leur donner le goût de la littérature.

Un conseil pour les futurs volontaires ?

Être volontaire c’est être serviable, et ouverte d’esprit, j’encourage tous les jeunes de se lancer dans cette aventure qui est une grande découverte et très bénéfique sans hésitation, ni d’intérêt personnel.,

Vous allez vivre une expérience inoubliable de vos vies. Seul conseil, il faut avoir une seule idée dans la tête, c’est de réaliser une mission d’intérêt général, être attentif partout même quand on n’a rien à faire, l’observation est une source triomphale et de liberté intellectuelle, le volontariat vous permettra aussi de voir votre pays d’une autre manière et d’aller à la rencontre d’un autre public en découvrant sa culture et autres.

 

En savoir plus :

Le programme de volontariat de la Saison Africa2020 :

Dans le cadre de la Saison Africa2020 et grâce à une coopération inédite entre France Volontaires, l’Institut français, l’Agence française de développement (AFD) et l’Agence du service civique, onze jeunes venus de différents pays d’Afrique réalisent une mission de service civique auprès d’établissements culturels, acteurs de la Saison Africa2020, aux quatre coins de la France.