Un togolais sur le départ pour une mission en Service Civique à Lyon
Wobuibé Kodjo ZEMELO, appelé aussi Apollinaire, a pris le départ pour Lyon le 21 octobre 2021, où il va effectuer une mission de 8 mois en Service Civique. L’Espace Volontariat l’a rencontré la veille de son départ pour recueillir son témoignage.
Qui es-tu ?
Peux-tu te présenter en quelques mots et nous raconter ton parcours ?
Je suis ZEMELO Wobuibé Kodjo (appelé aussi Apollinaire), j’ai 23 ans, j‘ai commencé mon engagement associatif au sein de l’ONG UJPOD en 2013, au départ pendant les vacances scolaires. C‘est à partir de là que j’ai trouvé cela très intéressant de m’engager, je me suis vu très utile en encadrant les enfants qui venaient pour bénéficier des diverses activités et surtout la façon dont ils pouvaient venir vers moi, c‘était très sympa. J’ai commencé par y aller aussi les samedis, pour les réunions hebdomadaires, et s’il y avait autre chose à faire qui me tenait à cœur. En 2017, après mes examens, j’ai rejoint l’ONG UJPOD comme membre actif.
En temps, j‘ai occupé à l’ONG UJPOD, le poste d’animateur puis de responsable éducation, j’ai également occupé le poste de chargé de communication.
Comment as-tu connu le volontariat ?
Mon amour pour le volontariat a commencé vraiment avec ma grand-mère, parce qu’à l’époque, de tous les enfants, ma grand-mère, c’est moi qu’elle appelait pour lui rendre service, si je n’étais pas là, elle attendait mon retour. On discutait beaucoup et elle passait son temps à me dire : «Apollinaire, il ne faut pas travailler pour l’argent, il faut d’abord avoir un amour pour le travail […]. La façon dont tu viens vers moi, tu es toujours disponible, si bien que tu pourrais être à l’aise ailleurs. » Et c’est petit à petit comme cela qu’elle m’a inculqué cette valeur de volontariat.
Le volontariat, c’était aussi quand j’étais en classe de seconde au lycée d’Hedzanawoe, j’ai initié le « Club 25 », c’était un dispositif de la croix rouge qui était implanté dans les écoles, surtout les lycées, pour s’occuper de l’environnement, j’ai occupé plus tard le poste de chargé à l’environnement pour le lycée.
Pourquoi avoir choisi de t’engager comme volontaire ?
Quel que soit le type du volontariat, on gagne toujours, pas financièrement, mais par l’expérience et la connaissance.
Ta mission
En quoi consiste ta mission ?
Ma mission se déroulera à Lyon, mes structures d’accueil seront d’une part le SCD (Service de Coopération et de Développement), et d’autre part Solidarité Afrique.
Le SCD est chargé de recruter tous les volontaires, de nous former et de nous réunir, je précise d’ailleurs que nous serons 25 volontaires sur la mission, douze volontaires viendront de différents pays : le Pérou, l’Équateur, Haïti, le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, le Maroc, la Tunisie, etc. Un jour par semaine, nous allons travailler ensemble autour des Objectifs de Développement Durable (ODD), les autres jours de la semaine, nous allons nous serons avec nos structures d’accueil respectives, moi, je serai avec Solidarité Afrique, j’animerai la ressourcerie, la friperie et les autres activités envers les jeunes autour de l’éducation et de solidarité internationale.
C’est une mission très riche, parce qu’il y aura beaucoup de cultures et de personnes différentes, c’est un lieu de connaissance et de vivre ensemble. Aujourd’hui, je ne pourrais pas de mes propres moyens voyager dans tous ces pays, mais à travers tous ces volontaires de pays différents, je vais beaucoup découvrir, cela me motive beaucoup. Aussi, aujourd’hui, dans le monde, on parle des ODD, donc il est important de se retrouver sur le plan national et international.
Comment as-tu trouvé ta mission ?
En fait, l’Agence National du Volontariat au Togo (ANVT), en dehors de la mobilisation des Volontaires Nationaux, a mis en place un dispositif de Volontariat International de Réciprocité, qui permet à des togolais·es de partir en mission de volontariat à l’étranger. J’ai donc répondu à un appel à candidature de l’ANVT en partenariat avec France Volontaires pour cette mission en Service Civique. On a été très nombreux, il y a eu une sélection sur dossier, il a fallu passer par des entretiens avec l’ANVT, France Volontaires, la SCD et Solidarité Afrique.
Quelles sont tes attentes ?
Mes attentes professionnelles, aujourd’hui, c’est de travailler sur les ODD. Le fait de se retrouver, de travailler ensemble et aussi de comprendre qu’en fait il n’y a pas de différence entre nous, que ce soit la nationalité, le continent,… est très important pour moi. Il faut vraiment y aller et être ambassadeur de sa culture et de son pays.
Mes attentes personnelles sont d’une part de faire connaître l’ANVT et France Volontaires, mais aussi de vivre la réalité française.
Quelles sont tes craintes ?
Je n’ai pas vraiment de craintes, mais plutôt une petite réflexion, déjà on me dit qu’il y a seulement 1°C qui m’attend, c’est donc plus par rapport au climat, que je me pose la question de comment cela va se passer, d’ailleurs j’ai acheté six manteaux avant de partir.
Sinon ce qui me stresse un petit peu, c’est le fait de devoir passer son ticket avant de rentrer dans le bus, le métro, etc. parce que ici au Togo tu sors dans la rue quand tu veux, tu prends le taxi, comme tu veux alors que là ça va être plus fixe.
Ton départ
Tu te prépares comment au départ ?
Il faut dire que ça fait quand même un an que j’ai postulé pour cette mission, normalement je devais partir en novembre 2020, mais la COVID-19 est arrivée entre temps. Je me prépare donc à ce voyage depuis un an.
Et tu as fait quoi en attendant ton départ qui a été repoussé par la crise ?
C’est vrai qu’en novembre, au début, j’ai eu un petit coup de déception, j‘espérais la nouvelle du départ tous les jours, je croisais les doigts, je désespérais un peu, je savais qu’un jour ça allait arriver, mais je ne savais pas quand. J’ai continué à travailler à l’ONG UJPOD, mais entretemps, il n’y avait plus d’activité. Grâce à l’expérience que j’avais eue lors des activités à UJPOD, dans la construction de bâtiments, la maçonnerie, la gestion de chantier et la coordination de travaux de maçonnerie, je suis allé travailler un peu dans la construction.
Et dès que la crise sanitaire l’a permis, j’ai repris mon engagement à l’ONG UJPOD. Par la suite, j’ai été sélectionné pour aller animer le dispositif d’accueil des volontaires de France Volontaires à l’aéroport de Lomé.
Tu as mis quoi de particulier dans ta valise ?
Particulièrement, dans ma valise, j’ai prévu des porte-clés en bois avec la forme du Togo, que je donnerai à tous/toutes les volontaires, ils pourront comme cela rapporter le Togo dans leur pays.
Aussi, j’ai pris de la farine de maïs et des cacahuètes, car nous avons prévu dans le programme d’organiser des soirées interculturelles avec les autres volontaires, donc je vais préparer la pâte et la sauce Arachide. Je vais moi aussi découvrir d’autres cultures pendant 8 mois.
Et tu te sens comment la veille du départ ?
Ça va très bien, j’ai tous les papiers qu’il me faut et ma valise est prête. Je ne stresse pas, parce que je suis plutôt curieux de voir comment ça va se passer, j’étais déjà près après ma candidature, donc maintenant, c’est juste un petit temps de réflexion sur ma capacité d’adaptation.
Pour finir
Quels conseils donnerais-tu à de futur•es volontaires qui souhaiteraient s’engager dans une mission de volontariat ?
Aujourd’hui, je donne toujours mon exemple, quand j’avais commencé en 2013, les jeunes de mon âge me trouvaient bizarre, paresseux, parce que je ne voulais pas travailler pour avoir de l’argent comme eux. Moi, je dis, l’argent oui, c‘est bien, mais n’oublions pas aussi le volontariat, cherchons à être utile, aujourd’hui il y a beaucoup de jeunes qui ne veulent pas oser, ils se disent le volontariat au Togo, c‘est impossible, parce qu‘ils seront mal payés. Ce n’est pas le salaire qui compte, c’est l’engagement et l’expérience qui compte. Donc cherchons à aller acquérir des compétences.
Aujourd’hui, j’ai de la chance, je vais partir en France, je ferai 8 mois là-bas, mon billet d’avion ce n’est pas moi qui le paie, mon hébergement non plus, je vais aussi recevoir une indemnité mensuelle. Donc il ne faut pas regretter son choix, son engagement volontaire, j’invite sérieusement la jeunesse à se lancer, parce qu’aujourd’hui, le volontariat prend de l’ampleur. Il faut que la jeunesse choisisse de s’engager, qu’elle trouve un moyen pour donner de soi, elle en sera gagnante.
Quelles sont, selon toi, les trois qualités essentielles pour devenir volontaire ?
Il y a pour moi, une qualité qui ouvre la porte aux autres qualités, c’est de se faire confiance, quand tu te fais confiance, tu peux facilement trouver toutes les qualités, si tu te fais confiance, tu peux supporter l’autre, si tu te fais confiance, tu peux aborder l’autre, si tu te fais confiance, tu peux faire autre chose, donc pour moi, c’est la première compétence à avoir, la confiance en soi !
Sinon il faut être ouvert, être disponible et avoir la capacité à s’adapter à chaque situation.
Une dernière chose à nous partager ?
J’aimerais simplement remercier tous les acteurs de la jeunesse et du volontariat, et personnellement France Volontaires et l’ANVT, en plus des structures d’accueil et des partenaires, parce que ce n’est pas du tout facile, d’œuvrer dans le volontariat, et d’organiser des projets comme le mien, c’est vraiment une belle initiative à saluer.