Vicky, volontaire engagée contre les violences basées sur le genre
"Le principal projet sur lequel j’ai travaillé se nomme « Brisons le silence ». Il a pour but de parler des sujets tabous et faire tomber cette barrière."
Souhaitant trouver une mission dans son domaine d’étude mais à l’étranger, Vicky a trouvé un volontariat en Service Civique à Bouaflé, au centre de la Côte d’Ivoire. Envoyée par La Guilde, elle a appuyé pendant 6 mois les équipes locales au sein de l’association Unis pour sauver des vies (USV).
- Peux-tu te présenter en quelques mots ? Quel est ton parcours ?
J’ai 24 ans. J’ai fait un bac STMG spécialité ressources humaines. Après mon bac, j’ai fait une formation pour devenir travailleur social pendant 3 ans. J’avais l’impression que ma formation n’était pas complète, je voulais aller plus loin. J’ai donc voulu partir en Master mais il fallait que je refasse une licence 3 parce que mon ancien diplômé n’était pas équivalent au niveau universitaire. Ensuite je me suis inscrite à un master en développement et intermédiation sociale à Montpellier. Dans le cadre de mon master, j’ai organisé avec d’autres étudiantes un séminaire de sensibilisation sur les violences au sein du couple. C’est un projet qui m’a passionnée et j’ai voulu chercher une mission de service civique en lien avec cette thématique.
- Pour quelle(s) raison(s) ce projet d’engagement ?
Je souhaitais partir de chez moi et sortir de ma zone de travail habituelle pour découvrir une nouvelle culture et une autre façon de travailler. J’avais aussi envie de couper avec ma fin d’étude. Je travaillais déjà dans le social, dans le domaine du handicap. J’avais envie de trouver une mission en lien avec mon domaine d’action mais en me spécialisant dans une nouvelle thématique.
- Peux-tu nous présenter ta structure d’accueil et tes différentes missions ?
J’ai effectué ma mission au sein de l’ONG Unis pour sauver des vies qui travaille sur la sensibilisation à la santé sexuelle et reproductive et les violences basées sur le genre. Elle intervient auprès de différents publics pour informer et prévenir sur différents thèmes liés à la santé sexuelle : grossesses précoces, VIH, IST, hygiène menstruelle, planification familiale, etc.
USV travaille sur deux projets respectivement financés par l’Ambassade de France et l’association française Solidarité Sida. Le principal projet sur lequel j’ai travaillé se nomme « Brisons le silence ». Il a pour but de parler des sujets tabous et faire tomber cette barrière pour discuter de thèmes avec des enjeux particulièrement importants.
Dans le cadre de ce projet, USV intervient dans trois collèges ruraux dans les villes de Gobazra, Koudougou et Koupela au sein du district de Bouaflé. Au cours de séances de sensibilisation, les thèmes du droit à la santé sexuelle et reproductive ainsi que les violences basées sur le genre sont abordées. Ce projet a permis de former des intervenants, des éducateurs, des élèves, des sage-femmes et des parents sur ces questions.
L’objectif de ce projet est de pouvoir mettre en discussion des sujets tabous de la société mais également de former à l’éducation pairs et transmettre des connaissances afin que le message continue d’être diffusé au-delà de la fin du projet. Dans ce cadre, je co-supervisais aux côtés de ma tutrice des séances de sensibilisation dans les collèges. Nous étions en charge d’évaluer l’action de sensibilisation réalisée par l’éducateur préalablement formé. Concrètement, nous utilisions un des fiches d’évaluation pour répertorier les thèmes abordés, la durée de l’intervention, les techniques d’animation, les points forts, les points faibles et les points à améliorer.
- Quelles ont été tes premières impressions à ton arrivée ?
À mon arrivée j’étais très euphorique à l’idée d’être ici et de commencer une nouvelle mission. Puis, j’ai eu rapidement le mal du pays. Je pense que le manque des proches a beaucoup influencé. J’ai eu un temps d’adaptation mais j’ai intégré une famille ivoirienne très accueillante et bienveillante. Cela a facilité mon intégration. J’ai pu directement être plongée dans la culture ivoirienne en découvrant les traditions, les codes sociaux, la cuisine, etc.
- Est-ce que tu as connu des difficultés ?
J’ai pu rencontrer quelques difficultés sur la temporalité de travail différente de la France.
- Quel est le meilleur moment que tu retiens dans ta mission ?
Les meilleurs moments que je retiens de ma mission sont les moments de rencontre et de partages. Que ce soit avec ma famille ivoirienne avec des repas tous ensemble, des fêtes, des rires. Mais aussi la rencontre avec les volontaires, qui partagent le même projet, c’est-à-dire réaliser une mission de volontariat.
- Et l’accomplissement dont tu es la plus fière durant ta mission ?
La chose dont je suis la plus fière est d’avoir vécu pendant 6 mois dans un pays que je connaissais pas, loin de mes habitudes de vie et de ma zone de confort. J’ai beaucoup appris sur moi-même pendant cette période.
- Quel bilan retires-tu de cette mission ?
Professionnellement, j’ai apprécié travailler dans le domaine social/santé et envisage de chercher un poste dans ce domaine. J’ai apprécié découvrir le milieu de la sensibilisation et me rendre compte de l’importance de celle-ci sur le pouvoir d’agir des populations.
Personnellement, j’ai apprécié de me plonger dans une autre culture, de découvrir de nouveaux modes de vies, de nouvelles personnes. J’ai appris à vivre seule loin de ma zone de confort habituelle. J’ai aussi appris à relativiser. Les ivoiriens sont des personnes très sereines qui ont pu m’apprendre à toujours voir les choses en positif.
- Quels sont tes projets après cette expérience ?
J’envisage de chercher du travail dans mon domaine, c’est-à-dire en lien avec mes études. Mais pour l’instant en rentrant j’aimerais faire une petite pause d’un mois ou deux !
- Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui veut faire du volontariat à l’international ?
Les conseils que je pourrais donner seraient dans un premier temps de bien se renseigner sur le pays de mission, de venir sans a priori, de s’ouvrir à la nouvelle culture en essayant de ne pas comparer avec sa culture d’origine, d’être favorable aux rencontres et aux partages d’expériences que ce soit avec des locaux ou des volontaires. Mais aussi de venir dans une optique d’échange. Vous allez donner autant que recevoir, et c’est une belle forme de partage.